Chapitre XLV

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Point de vue de Kleinth:

C'est la semaine de mon bac, aujourd'hui est mon premier jour. À cinq(5) semaines de grossesses ce n'est pas très évident pour moi. Je mange à peine par peur de renarder car j'en ai tout le temps de la nausée, je me sens toujours fatiguée et je ne peux retenir mon envie de dormir. C'est hyper dur. Natalie mon médecin me dit que ça va passer au bout de trois mois, je me demande comment est-ce que je vais pouvoir supporter ça. Je met mon uniforme qui ne me va plus comme avant à cause de ma perte de poids pis j'attache mes dreadlocks sous  mon visage pâle et je prends ma trousse et j'aille m'installer dans la voiture après avoir fait ma prière pour attendre les autres. Tout le monde a voulu y aller, à savoir Sarah, Yani et ses frères et sœurs. Depuis qu'ils ont su pour ma grossesse ils sont toujours dans mes bottes, je suis devenue leur principal centre d'attention. C'est des moments comme celui-ci que je constate à quel point ma mère me manque et que j'ai besoin d'elle. J'attends mon premier enfant et ma mère l'ignore, je me demande à qui ressemble mon petit frère, est-ce qu'on lui a parlé de moi... En ce qui concerne Yani, ses parents aussi ne savent rien pour ma grossesse quoiqu'il fait tout pour cacher la peine que ça lui inflige je remarque quand même que ça lui ronge à l'intérieur. Depuis ce qui s'est passé avec sa mère je n'ai jamais osé aborder une conversation à son sujet.

La semaine se termine enfin, Dieu merci... C'était la plus longue de toute ma vie. J'ai failli ne pas y aller le dernier jour mais Yani et les autres ont tout fait pour que j'aille. Les jours passent et je perçois de plus en plus des signes de dépression chez Yani. J'aurais dû m'en douter car même pour moi c'est hyper dur de vivre tout ça sans ma mère. Avant je ne pouvais pas compter sur ses frères et sa sœur maintenant que je peux je leurs ai parlé et ils m'ont expliqué que d'entre eux c'est lui qui a été le plus proche de leurs parents et ces derniers l'ont beaucoup gâté. Par peur de revivre ce qui s'était passé je leur ai demandé d'essayer de convaincre leur mère de nous accorder une seconde chance, s'il le faut ils pourraient même en parler de ma grossesse. Qui sait?! Ça pourrait la pousser à baisser sa garde.

-Le voici votre bébé mademoiselle Dumas. Me dit Natalie en posant son engin sur mon ventre après avoir étalé le gel. Ohw... Elle plisse le milieu de ses sourcils.
-Qu'est ce qu'il y a docteur?! Je demande inquiète.
-Ne vous inquiétez pas c'est juste que j'ai remarqué deux sacs au lieu d'un.
-C'est grave ça?! Qu'est-ce que ça veut dire?!
-Ça veut dire que tu pourrais avoir des jumeaux.
-Quoi?! Merde ce serait trop génial. Crie Malaïka.

Je regarde dans l'écran à côté et je perçois les deux petits sacs grosseur de mangue, je n'arrive pas à croire que c'est vraiment moi qui suis en train de vivre ça. Déjà j'avais du mal à croire que j'avais réellement un petit être en moi maintenant je dois me faire à l'idée que je pourrais en avoir deux. C'est à la fois formidable et troublant. Sarah et Malaïka jubilent alors que moi je fonds en larme.

Je pleure parce que depuis le début de ma grossesse je suis devenue hyper sensible, je pleure parce que ma mère me manque, Valy... Elle aurait dû être là et jubiler avec Sarah et Malaïka. Je pleure aussi et surtout pour Yani qui a raté la première échographie  de son premier enfant ou plutôt de ses premiers car il a été beaucoup trop déprimé pour m'accompagner ce matin. Tout ça me brise le cœur et je sens que je n'ai aucun moyen d'arrêter ça voilà pourquoi j'ai craqué. Je récupère les photos de mon petit bébé pis je pars après avoir entendu Natalie me donner rendez-vous pour le mois prochain. Malgré tout je suis quand même arrivé toute excitée au bercail à l'idée de monter les clichés à mon petit ami mais j'avais oublié qu'il n'était pas normal en ce moment, il est paumé...

Depuis le temps que j'ai connu Yani comme étant artiste haïtien et que j'ai fait de sa vie ma principale préoccupation jusqu'à aujourd'hui, c'est la première fois que j'ai à associé son nom à l'alcool. Comment dire?! Je l'ai trouvé ivre... Ivre pour la première fois de sa vie. Vêtu uniquement d'un jogging il trébuche en s'approchant de nous avec une bouteille de Napoléon en main.

-Yani qu'est-ce que t'as fait?! Depuis quand tu buvais de l'alcool?! Vocifère sa sœur.
-Laissez nous seuls. Dit-il sèchement.
-Pas question! Hurle Sarah.

Choquée par cette horrible image je reste figée avec la bouche entrouverte et cette maudite sensation dans le ventre.
-Faut vraiment qu'on parle dit leurs de s'en aller. Il pose son regard sur moi.
-Les filles faîtes ce qu'il vous a dit, s'il vous plaît. Je ne supporterai pas qu'il aille pire que ça.
-T'es vraiment sûre?
-Oui...

À peine qu'on ait entendu la voiture partir je reçois le pied de Yani dans le ventre... Je suffoque. Je ne ressens plus mon corps. Dans ma tête tout devient confus. En une fraction de seconde je vois mon monde s'écrouler. J'ai peur... J'ai froid... J'ai honte... J'ai mal... J'ai envie de mourir... Alors que je prends mon ventre entre mes mains en baissant la tête involontairement sous l'effet de la douleur, il me prend par les bras au niveau de mes biceps. Il enfonce ses doigts dans ces derniers tout en me secouant. J'ai mal je commence à crier, à le supplier de me lâcher mais lui il continue pour la plus belle en criant le nom de son paternel...

-Tais toi! Tout ça c'est de ta faute papa.

Mon Dieu, il me prend pour son père...

-Yani, arrête! C'est moi Kleinth. S'il-te-plaît lâche moi. Fais le pour ton enfant. Pense à lui. Dis-je pendant qu'il m'ait plaqué au mur.

D'un geste brusque il me laisse tomber sur le sol avant de se sauver dans notre chambre. Ne pouvant pas monter les escaliers j'aille me réfugier dans la salle de bain qui est juste à côté. J'ai toujours entendu dire que l'eau c'est la vie voilà pourquoi que j'ai eu l'idée de prendre un bain froid. Faut vraiment que j'arrive à sauver mes bébés, j'en mourais si je devais les perdre avant même de les avoir tenu dans mes bras. Mon Dieu...


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