Les flammes de la passion | 2

Chapitre 10 | Retour (2)

Finalement, le problème ne vient peut-être pas que moi. Lui aussi est étrange depuis son retour aux Etats-Unis. Il ne semble plus aussi amoureux de moi et cela avait déjà commencé deux mois auparavant, après son premier voyage d'affaires à Tokyo. Notre complicité avait peu à peu disparue et ses marques d'affection devenaient de plus en plus rares. Mais comme à ma mauvaise habitude, je n'arrive pas à me dire que cela peut venir de l'autre. J'ai toujours l'impression d'être la fautive, ce qui fait que je stresse, donc je me renferme et le problème ne fait que s'aggraver.

—Et toi, commence Lisandro à ma grande surprise, comment ça s'est passé à New-York durant mon absence ?

Que dire ? Si je suis totalement honnête avec lui, je lui raconterai tout. Je commencerai par lui dire pour ma rencontre très inattendue avec Thomas Ricci, qu'il n'a jamais apprécié. Je lui parlerai aussi de mes questionnements sur notre relation qui sont apparus lorsque Thomas est revenu dans ma vie. Peut-être qu'adopter ce plan nous permettra de surmonter cette petite crise, qui me semble toujours très unilatérale.

Cependant, je n'y arrive pas et le mensonge me semble plus être la solution la plus simple :

—Bien. Tu sais, la routine.

Lisandro ne m'écoute que d'une oreille, j'aurais pu tout lui déballer sur Thomas Ricci, il aurait sûrement eu la même réaction. Mon fiancé sort seulement un petit son d'acquiescement du fond de sa gorge, qu'il accompagne d'un léger hochement de tête.

Je soupire mon agacement et débarrasse mon petit-déjeuner. Lisandro n'est pas celui qui m'énerve le plus actuellement, ni Thomas. A vrai dire, la personne contre qui je suis le plus en colère, c'est moi-même. J'en ai vraiment assez d'être aussi indécise. Je pensais le lycée passé, je n'aurais plus jamais à faire à ces triangles amoureux, à ces histoires d'adolescents. J'ai vingt-huit ans, je ne suis plus censée m'occuper de cela, tout ce qui devrait m'importer, c'est ma carrière et ma vie de famille, point barre.

En revenant dans le salon, pas moins énervée, Lisandro m'adresse son second sourire depuis son retour. Cette simple action suffit à m'apaiser, un peu. Il me complimente :

—Tu es très jolie en tout cas. Cela ne changera jamais.

Il ouvre grand ses bras et m'accueille à l'intérieur. Notre étreinte me semble étrange, comme le baiser de ce matin. Par étrange, j'entends différent des autres fois. Je ne sens plus la petite étincelle amoureuse. Mon cœur ne s'affole plus comme avant. Enfin, comme quand je suis avec Thomas... Pourquoi me mentir encore à moi-même ? La passion qu'il y a entre Thomas et moi est bien plus puissante que l'amour que je porte à Lisandro. Cependant, j'ai un attachement fort envers Lisandro, je pense que c'est la raison pour laquelle je suis aussi tiraillée entre les deux. Je ne veux en blesser aucun, cependant c'est moi qui souffre en attendant et en silence.

Je me sépare doucement de Lisandro et lui souris sincèrement. Un petit rictus se dessine en retour sur son visage. Alors que je m'apprête à sortir de la pièce, afin de rejoindre mon dressing et m'habiller, Lisandro me retient par le bras et m'oblige à le regarder dans les yeux. Je garde bien mon masque, afin de ne laisser paraître aucune de mes craintes. Lisandro me demande doucement :

—D'ailleurs que voulais-tu me dire avant que je ne parte au Japon ?

Il s'en rappelle. J'avoue être agréablement surprise, mais en même temps dans le mauvais sens du terme. Je suis assez contente qu'il se souvienne que j'avais quelque chose à lui dire, cependant, je ne me suis pas préparée à le lui annoncer le retour de Thomas dans nos vies.

Je ne sais pas combien de temps je reste à fixer mon fiancé dans les yeux, en train de débattre intérieurement si je lui avoue tout ou non. Avant même de clore le débat avec moi-même, ma bouche prend les devants et déclare :

—Ah oui ! Non, je voulais seulement t'annoncer que le magazine avait eu l'exclusivité pour couvrir le défilé d'Alexander Wang à la Fashion Week de New-York.

Je lève les mains pour montrer mon enjouement, mais surtout pour masquer mon mensonge.

—C'est super, rétorque Lisandro qui ne connaît rien au monde de la mode.

Il dépose un baiser sur le haut de mon crâne et me laisse filer me changer.

Je m'empresse de disparaître de la pièce et m'enferme dans mon dressing où je fais face à mon reflet dans le grand miroir, juste en face de la porte de la pièce. Je me reconnais à peine. Je m'étais promis de ne plus jamais mentir, surtout en amour et pourtant, depuis que Thomas est revenu, je ne cesse de le faire.

Je suis une horrible personne. Je ne mérite même pas la bague qui habille mon annuaire gauche.

***

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📌Cassandra fait-elle bien de lui cacher la vérité ?

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