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The Little Prince

Il observa cette boîte qui représentait à présent tout pour lui et reposa sa puce à côté de celle-ci, séchant ses larmes à l'aide de sa manche. C'était fini pour aujourd'hui, il n'allait plus ressentir de la peine, de la peur et du regret. Il n'allait plus rien ressentir du tout.

Sa vie n'était composée que de ces trois émotions mais il s'estimait heureux. Il aimait les ressentir, les vivre même si elles lui procuraient beaucoup de douleur. Son estomac qui se soulevait, ses intestins qui se serraient, son cœur qui battait plus vite, son esprit confus et ces tremblements incessants, il ne connaissait rien de tout ça avant.

Il était né sans émotion.

Une simple coquille vide disait-on de lui. Incapable de ressentir quoi que ce soit. Sa mère l'avait soutenu toute son enfance, elle avait tenté de lui enseigner ce qu'était l'amour, le bonheur, la tristesse et tout ce qu'un être humain est censé avoir en lui chaque jour. Elle lui disait que le bonheur était le meilleur sentiment, que c'était celui qui guidait la vie, qui lui donnait de l'importance, un sens.

« T'avoir auprès de moi me rend heureuse. Tu vois ce sourire que j'affiche ? Il est dû à ton existence mon chaton. »

Seokjin ne comprenait pas à l'époque. Si la vie était guidée par cette émotion, cela voulait-il dire que la sienne n'avait pas d'importance ? Mais en grandissant il avait compris ce qu'elle voulait dire. Au-delà de son incapacité à ressentir, il avait une ouverture d'esprit incroyable et une imagination débordante. Il ne s'était plus jamais dit que sa vie n'avait pas de sens, bien au contraire, il savait qu'il devait lui en donner un. Alors à la mort de sa mère, même si les larmes étaient absentes, ainsi que la douleur, il s'était juré de la rendre fière. La fierté, c'était quand on avait un sentiment d'accomplissement le plus souvent. Se fixer un objectif et le réussir, c'était la définition la plus simple que sa mère lui avait donné. Elle disait le ressentir en voyant son fils affronter cet obstacle que la vie avait mis en travers de son chemin sans jamais se plaindre. Elle disait qu'à sa place, elle aurait sûrement maudit la terre entière et recherchée à ressentir. Lui non. Il acceptait sa condition. Ça ne l'empêchait pas de se renseigner, de faire ses propres recherches et d'imaginer une vie où il serait comme tout le monde.

Il aimait poser des questions. Tellement de questions que sa mère l'avait surnommé « Petit Prince ». Il n'avait pas compris jusqu'à ce qu'elle lui fasse lire cette œuvre et qu'il la transporte partout où il allait.

Parfois en fermant les yeux le soir et encore aujourd'hui alors qu'il avait vingt-six ans, il s'imaginait sur une petite planète, aux côtés d'une rose et d'un renard qui l'aiderait à retrouver des morceaux éparpillés de toutes ces émotions qu'ils lui manquaient. Une quête, un voyage de planète en planète lui permettant de faire de nouvelles rencontres et d'enfin pouvoir voir le monde tel qu'il était et non pas comme il le voyait à travers ses yeux vides.

« On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux. »

Sa mère était morte 8 ans plus tôt pour cause de maladie, lui laissant de bons souvenirs et ce livre en héritage. Même si les pages avaient jauni et que les coins s'étaient tordus, il était toujours dans l'une de ses poches. Et chaque fois qu'il le voulait, il le feuilletait.

Encore ce soir-là, le bouquin était posé sur sa table de chevet tandis que le visage de sa mère lui revenait en mémoire. Il n'avait plus besoin de lire les mots que contenait l'ouvrage, il les connaissait par cœur.

Ce livre lui offrait une alternative, un monde meilleur. Lorsqu'il était petit, il ne comprenait pas le sens de ce qui y était écrit. Jusqu'à ce qu'un jour, il lui saute aux yeux, lui laissant entrevoir une possibilité pour ne plus être une coquille vide. Il avait dû attendre des années pour que la solution lui parvienne, grâce aux nouvelles technologies et à son seul ami, Namjoon. Il ne savait pas vraiment ce qu'était un ami, ni s'il ressentait cela pour le jeune homme. Mais il aimait comparer Namjoon au renard du Petit Prince et Namjoon aimait qu'il le fasse.