OS BTS

Dear My Friend

C'était il y a combien d'années ? J'ai perdu le compte. J'aurais aimé ne pas avoir cette amertume, ne pas te détester. J'aurais aimé n'avoir que des bons souvenirs de ce temps passé ensemble et ne pas t'en vouloir d'avoir tout foutu en l'air.

Un ami, un frère, c'est ce que tu étais. Nous n'étions que des gosses à l'époque, nous rêvions, nous entrions dans l'âge adulte avec de l'espoir. En réalité nous étions paumés, bien loin de comprendre la réalité.

Tu me manques, je ne peux pas le nier. La vie n'a pas le même sens maintenant. Tu me manques et je ne fais que penser au passé. J'en suis prisonnier, condamné à le ressasser, à me demander ce qui se serait passé si je t'avais retenu.

Je suis prisonnier. Quelle ironie quand on pense que tu l'es réellement.

Peut-être que je n'ai pas été assez présent. Peut-être que j'ai trop changé. Peut-être que j'ai faits quelque chose qu'il ne fallait pas. Voilà ce que je me demande chaque jour depuis ta détention.

Je suis désolé mon ami, j'ai arrêté de venir. J'avais espoir de me libérer, que ma haine me ferait t'oublier mais ce feu brûle toujours en moi. Tu m'as abandonné, exclu de ta vie et voilà où tu finis ? Parfois j'en ris, je me moque de toi et de ces choix. Tu m'as fait du mal et te voilà enfermé. Parfois je me dis que tu l'as cherché. « Tant pis pour lui » je pense le cœur serré. Car ces mots je suis loin de les penser.

Tu me manques, encore et toujours. Tout avait l'air si simple autrefois. Le chemin semblait tout tracé. Je crois que c'était le cas, je l'ai suivi mais tu t'en es détourné et voilà où tu en es. Nous voulions dévorer le monde mais nous voilà dans sa gueule, prêts à être dégusté. Il nous tient entre ses mains, nous sommes devenus impuissants. Est-ce parce que nous ne sommes plus ensemble ? Il me semblait que nous étions plus forts ensembles, est-ce pour cela que je me sens si faible aujourd'hui ?

Tu étais là, toi et ton ambition, tu me l'as transmise et pourtant tu t'en es détourné quand moi j'essayais de réaliser notre rêve.

Je me souviens de ce jour-là. Voilà plusieurs semaines que tu avais coupé les ponts sans raison. Putain Namjoon, je t'en voulais tellement à ce moment-là. Pourtant quand tes parents m'ont appelé, j'ai couru. Anyang était à trois heures de route mais je suis venu. Et tous les jours après ça j'ai été présent et je me suis senti coupable. Qu'avais-je mal fait pour que tu finisses ici ?

Et si j'avais accepté de prendre cette merde avec toi ? Tu avais l'air si défoncé, j'ai senti ton monde s'écrouler et pourtant je suis parti. Mais si je t'avais retenu, serions-nous restés amis ?

Je te déteste. Tu me manques.

Namjoon, comment vas-tu ? Tu dois sûrement imaginer que je vais bien, que je vis ma vie sans y penser. As-tu des regrets ? Penses-tu à moi ? Tu sais, je n'ai pas oublié. Je n'ai pas oublié que tu sors aujourd'hui. Cette date est dans un recoin de mon cerveau depuis ton procès. Je n'ai pas compté les jours mais je n'ai pas oublié.

Et j'ai hésité. Longuement hésité. J'ai pesé le pour et le contre, ruminé, fais des insomnies pour en venir à cette conclusion.

Les portes du centre s'ouvrent et je te vois en sortir avec ton sac. Tu as l'air si fatigué, si aminci et tu ne regardes nulle part comme si tu savais qu'il n'y aurait personne pour toi. Je crois qu'au fond je le savais. Alors j'ai voulu être là, pour toi. Je te déteste mais tu m'as tellement manqué.

Tu lèves les yeux en soupirant et les écarquille en me voyant. Les mains dans les poches je t'observe sans trop savoir ce que je fais ici, ni si j'aurais dû venir. Tu lâches ton sac et tes bras retombent le long de ton corps. Tu as l'air surpris de me voir. Abasourdi que je sois venu. Je continue de te fixer et en te voyant là, les mauvais souvenirs s'effacent pour ne laisser que les bons.

Te rappelles-tu toutes ces soirées passées sur le capot de ma voiture, à observer Séoul, nos verres de soju à la main alors que nous trinquions à notre avenir ? Te rappelles-tu les moments les plus insignifiants ? Moi je me souviens de tout. Et à cet instant j'aimerais te détester, j'aimerais me retourner et t'abandonner à mon tour. Mais tes larmes ont raison de moi et je reste.