Chapitre 6
~🌕~
Retirer les cordes avait été plus facile que prévu. Les serpents sur la tête d'Elcarim avaient utilisé leur crochet tranchant pour découper le cordage.
Ne contrôlant pas encore assez bien ses serpents Elcarim avait dû endurer les morsures maladroites ou les coups de crochet. Ses mains étaient couvertes de coupures mais elles étaient libres.
Melac fit une dernière demande à son ami avant que le plan ne commence réellement.
"Sauve mon grand-père s'il te plaît."
Le chaman était encore devant la tente du chef des étrangers, il fallait agir vite pour ne pas que la prise d'otage ne s'inverse et ne devienne tragique.
La suite du plan était de réussir à détourner l'attention des gardes assez longtemps pour que Elcarim puisse sortir de la foule sans se faire arrêter.
Les gardes étaient absorbés par leur conversation mais jetaient tout de même de temps à autre des regards aux esclaves.
Les jumelles se dévouèrent pour attirer l'attention et mettre un de leurs incroyables talents en action.Elles commencèrent d'abord par parler de plus en plus fort en proclamant ce qui leur passait par la tête comme leur mère leur avait surement appris.
"Je ssssuis ssssûr que je sssuis ccccccelle qui sssifflera le plus fort.
-Sssûrement pas, cccccc'est moi qui t'ai tout appris !"
Répliqua la deuxième en observant les gardes.
"On a tout appris enssssemble !
-Ensssemble mais pas avec les mêmes capaccccités d'apprentisssssage.
-Esssspècccce de..."
Plus personne dans le groupe de villageois ne pouvait déterminer si les jumelles jouaient un rôle ou si elles se battaient vraiment mais le plan fonctionnait à merveille.
Les gardes alertés par le bruit crièrent aux jumelles de se taire, sans succès puisque leur voix se perdaient dans les sifflements et les insultes. Les gardes finirent par tous se précipiter pour séparer les deux furies sifflantes.
Elcarim n'y réfléchit pas à deux fois, agile et silencieux il se glissa discrètement entre les villageois prisonniers jusqu'à sortir du groupe pour se cacher, d'un bon, derrière un chariot plongé dans la pénombre.
Il jeta un coup d'œil aux gardes qui bataillaient encore pour se faire entendre. Tout se déroulait comme prévu mais dorénavant Elcarim devrait se débrouiller seul. D'un pas léger il se déplaça jusqu'à la tente voisine, les rires gras et les longues ombres des occupants s' échappaient comme des fantômes menaçants.
L'adrénaline lui chauffait les membres et engourdissait son esprit il avait l'impression de sentir son cœur tambouriner jusque dans sa boîte crânienne. Attentif, malgré sa peur, Elcarim scruta le déplacement des gardes toujours à l'extérieur.
Les cris continuaient un peu plus loin vers le groupe des villageois. Deux gardes, postés à l'entrée de la tente du prince, gardaient un œil sur le chaman. Les autres étaient endormis dans leur immense tente qu'ils partageaient tous ensemble pour la nuit. Elcarim chercha un moyen de rentrer dans la tente princière.
S'il fonçait tête baissée les deux gardes de l'entrée l'arrêteraient et réveilleraient tous les autres faisant échouer le plan en une fraction de seconde.
Passer par l'entrée principale était impossible.Malgré la pénombre le jeune homme remarqua un bout de tissu flottant avec la brise. Un bout de la tente était légèrement déchiré.
Il était situé loin de l'entrée et Elcarim savait déjà qu'il était assez maigrichon pour s'y faufiler sans bruit.
Le jeune homme chercha autour de lui et finit par trouver un vieux pic d'une étrange matière. Il serait assez dur et tranchant pour devenir une arme de fortune.Les battements de cœur d'Elcarim s'affolèrent. Il prit une grande inspiration puis silencieusement, il s'aventura à découvert. Calmement presque lentement il fit attention à chacun de ses pas, évita chaque caillou pouvant faire le moindre bruit, il était presque en apnée tant il était concentré.
Quand enfin il se glissa derrière la tente Elcarim reprit une respiration normale. Le plus important était à venir. Tous les sens en éveillent le jeune garçon attendit quelques instants que les serpents sur sa tête se calment et arrêtent d'onduler entre eux.
Une fois qu'il se sentit plus calme, il glissa un œil dans la fente de la tente. L'intérieur était illuminé par des sortes de torches sur pied. Il n'y avait qu'un lit fait de bois, un étrange tabouret sur quatre piques et un autre meuble ou tout un tas d'objets reposaient. Le chef des étrangers, assis sur le tabouret aux piquets étrange, était dos à Elcarim, il semblait occupé à regarder des tranches de bois tellement fines que l'on voyait presque au travers.
Elcarim déglutit difficilement, il analysa la situation puis se lança. Aussi facilement qu'il l'avait imaginée, il se glissa sans un bruit comme un courant d'air imperceptible. Il resta accroupi appuyer sur ses mains dont l'une tenait son arme, tel un animal il s'avança lentement et silencieusement les yeux rivés sur son objectif.
Ni l'odeur de fleur étrangère qui embaumait l'endroit ni le vacillement des flammes des torches ne le déconcentra. À cet instant Elcarim ne pensait plus cas une chose. Si c'était pour protéger les siens il serait prêt à mourir quitte à ce que son âme erre à jamais.
Elcarim ne voulait pas égorger celui qui lui avait pris son monde, ni lui faire de mal, certaines personnes de son village voudraient voir la couleur de la tombe de ce barbare et prendre son sang pour peindre le signe sacré du dieu serpent comme le faisait les esprits vengeurs.
Mais Elcarim était persuadé que tuer cette personne le rendrait encore moins humain que ceux qui l'avaient traité comme un animal. Il voulait juste réussir sa mission, libérer les siens, quitte à porter le masque d'un guerrier impitoyable et cruel. Le corps bouillant et l'esprit vague, le jeune terreux sera son arme dans sa main faisant blanchir ses phalanges.
Il s'immobilisa plus près que jamais de sa cible, le temps était comme suspendu, arrêté à ce moment précis où tout allait se jouer.
D'un bond, Elcarim sauta vers l'étranger près à le menacer mais tout dérapa. Dans un mouvement rapide et précis l'étranger avait sorti l'arme qu'il cachait dans sa manche. Elcarim n'eut le temps de ne rien voir, il n'eut même pas le temps de réagir qu'il se retrouva le torse plaqué contre terre les bras coincés et un étrange couteau scintillant sous la gorge.
L'étranger eut un rire clair et sonore. Il appela les gardes qui entrèrent précipitamment le chaman à leur côté. Tous furent surpris de voir Elcarim à terre. Le jeune garçon sentit une boule de haine et d'amertume se coincer dans sa gorge, ses yeux lui brûlaient et ses forces l'abandonnèrent.
Maintenant qu'il avait échoué, qu'arrivera-t-il au villageois, eux qui croyaient tant en lui. Humilié et désespéré, Elcarim pensa que le dieu serpent avait abandonné son peuple.
"Ik orsse ma ej vicoup."
Dit le prince d'un ton étrangement amusé à son interprète.
Entendre son ennemi rire aussi facilement exaspéra le jeune terreux qui se sentait aussi menaçant qu'une souris.
Le grand chaman ouvrit de grands yeux ronds avant de bafouiller incertain à Elcarim.
"Il dit qu'il t'aime bien."
~🌖~
Un curieux retournement de situation pour notre héros mais que va t'il lui arrivait maintenant ?
Avez-vous des suggestions ?
VOUS LISEZ
Elcarim le miraculeux
FantasyDans les plaines verdoyantes que l'on disait sans nom , plus particulièrement dans le village des terreux, naquirent 6 bébés à l'apparence exceptionnelle. Des enfants avec des particularités offerts par le dieu serpent. Elcarim le miraculeux dont le...