Chapitre 7

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Je soufflai un grand coup, essuyant les larmes qui coulaient encore sur mes joues, essayant de retrouver une contenance. C'était ridicule, pourquoi avais-je aussi mal ?

Je me forçai à ne plus y penser, sentant que les larmes n'étaient pas loin et j'ouvris la porte de la salle de prière. Tout le monde était déjà assis en cercle, y compris Louis qui avait dû arriver moins de cinq minutes avant moi. Lorsque j'entrai plusieurs regards convergèrent vers moi, mais le seul que je pouvais remarquer était celui de Louis. Il me fixait, presque fébrile, comme s'il me suppliait silencieusement de ne rien dire.

Mais qu'y-avait-il à dire ? Je ne le savais pas moi-même.

Je baissai alors le regard et vint m'asseoir près de Liam. Ma mère me fit un sourire de l'autre côté de la pièce et je n'eus pas la force de le lui rendre.

"Bien, s'exclama notre berger, coupant court aux conversations. Maintenant que nous sommes tous là nous pouvons commencer la demande de pardon."

Il s'assit sur ses talons et baissa la tête, les mains sur les genoux :

"Je vous demande pardon pour le manque de patience que j'ai eu envers toi, Nicole. Tu es arrivée au mauvais moment, et je n'aurais pas dû te crier dessus."

Nicole, une quadragénaire à qui j'avais toujours très peu parlé, releva la tête vers lui, semblant stupéfaite, puis hocha vigoureusement de la tête, le regard fuyant.

"Nous te pardonnons.", dîmes-nous en chœur.

Je me flagellai mentalement lorsque je réalisai que ma voix tremblait légèrement. Liam me lança un regard en biais, se demandant visiblement ce que j'avais, et je serrai la mâchoire. Pourquoi étais-je si faible ?

"Je vous demande également pardon, enchaina Éric. Il m'arrive d'être plus irritable depuis que j'ai passé mes Vœux Définitifs et je dois admettre que ma nouvelle fonction au sein de cette communauté me demande plus de travail qu'avant. Je suis donc désolé si j'ai offensé certains d'entre vous.

_Nous te pardonnons.", s'exclama à nouveau le groupe.

Je vis du coin de l'œil Louis se figer. Il fixa Éric d'un air à la fois méfiant et haineux, et je m'obligeai à regarder ailleurs.

"Le Seigneur ne nous donne jamais plus que ce que nous pouvons encaisser.", rappela notre berger, scrutant l'homme d'un œil critique.

Éric acquiesça et ce fut à ce moment que je réalisai qu'une nouvelle famille avait pris part à la demande de pardon. Il s'agissait d'une femme entourée de ses deux enfants. Le premier semblait n'être encore qu'un nourrisson dans ses bras, et le deuxième devait avoir autour de six ans. Ce dernier avait des cheveux de jais, et une jolie peau métisse qui mettait en avant ses yeux qui nous scrutaient tous d'un air perdu. Avec ces nouvelles arrivées nous devions être autour de cent-soixante adeptes. La demande de pardon était l'un des rares moments où nous n'étions pas tous présents. Le berger avait décidé de répartir ce moment en petits groupes pour que tout le monde puisse s'exprimer.

J'étais perdu dans mes pensées lorsqu'une voix à la fois légèrement aigüe et cassée s'exclama :

"Je... vous demande pardon. Aujourd'hui j'ai indirectement blessé quelqu'un qui compte énormément pour moi, et j'en suis sincèrement désolé."

Je relevai la tête, étonné d'entendre Louis s'exprimer. A moins qu'on le force il ne voulait jamais prendre la parole pour ce genre de réunions. Je croisai son regard et rougis en comprenant qu'il parlait de moi. Avait-il dit cela pour me dissuader de le dénoncer ou le pensait-il vraiment ? Et pourquoi étais-je effectivement blessé ? Ça n'avait pas de sens.

We Made It [L.S.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant