Chapitre 30 Partie 2

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Son corps était à quelques centimètres de moi, je le savais, mais j'étais incapable de poser mes yeux dessus. Même là, même aujourd'hui, je restais le plus gros des lâches.

Je m'apprêtai à m'approcher après plusieurs minutes de catatonie lorsque la voix la plus angélique et la plus familière qu'il m'ait été donné d'entendre m'interpela, m'obligeant à me stopper dans mon élan :

"Harry !"




Le son se répercuta dans tout mon corps, mes poils se dressant le long de la nuque d'effroi. Que devais-je faire ? Qu'allait-il faire en voyant le berger ? Je n'avais jamais eu peur en la présence de Louis, mais à l'heure actuelle, j'étais terrifié pour tant de raisons que ma tête se mit à tourner un peu plus encore.

Soudainement, une main que je ne connaissais que trop bien se posa sur mon poignet et Louis s'exclama :

"On n'arrivait pas à te-"

Il se stoppa dans sa lancée à l'instant où Zayn poussa un hoquet d'horreur en découvrant le corps, l'obligeant à détourner son attention de moi. Sa grippe sur mon poignet se resserra l'espace d'une seconde avant de me lâcher et je me mis à fermer les yeux, toujours incapable d'affronter la réalité.

"Qu'es- Que s'est-il passé ?", bafouilla Zayn, la voix blanche, comme pétrifié.

Que s'était-il passé ? Je n'en avais aucune idée. Il était là... Et l'instant d'après son corps basculait par-dessus la rambarde, et ça n'avait tellement pas de sens que cela me parut risible.

C'était absurde.

Une vie ne pouvait pas s'arrêter aussi facilement.

"Tu l'as- Il est mort ?", reprit Zayn face à mon manque de réponse.

Tu l'as tué.

C'était ce qu'il voulait dire, j'en étais convaincu. Était-ce le cas ? L'avais-je vraiment tué ?

Je me sentais cotonneux, comme si je flottais sur un nuage, comme si j'étais si haut dans le ciel que plus rien ne m'atteignait, plus rien ne me touchait.

Les pas de Louis claquèrent contre le sol en bois, passant près de moi afin de s'approcher du corps. Après quelques secondes, ce dernier précisa, me donnant à nouveau envie de vomir :

"Oui, il ne respire plus."

Et soudain, ce fut comme si ces simples mots avaient eu le pouvoir de me sortir de ma léthargie, car je bégayai, la voix pâteuse :

"On s'est battu. On s'est battu dans les escaliers, il m'a poussé mais j'ai réussi à reprendre mon équilibre et- et j'ai mis mes mains sur sa poitrine, mais je- Je ne pensais pas qu'il tomberai. Je vous jure, il faut me croire, je ne pensais pas- Je ne voulais pas-

_C'est lui qui t'a fait ça ?", me demanda abruptement Louis en saisissant délicatement mon bras blessé.

Ce ne fut qu'après plusieurs secondes que j'acceptai d'ouvrir les yeux, tombant immédiatement sur ses iris bleues. Ces magnifiques yeux que j'avais toujours tant aimé, tant admiré. Ils me paraissaient vides, ce soir. Comme si toute vie les avait quittés. La seule chose encore présente semblait être l'inquiétude qu'il ne réservait toujours qu'à moi, et cela me rassura à un point inimaginable. Malgré tout ça, il s'inquiétait toujours pour moi. Malgré tout ça, il était encore là pour moi. Je le voyais dans ces yeux, cette promesse que quoi qu'il arrive, il ne me quitterai jamais. Même là, même ce soir, je ne le dégoutais pas.

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