Ne pas paniquer, ne pas paniquer, ne pas paniquer...
Je me répétai cela, ma main tremblante fermement plaquée contre ma poitrine. Tout allait bien se passer, ce n'était rien. J'allais m'en sortir. Rien de ce qui pourrait arriver ne serait catastrophique, le sol n'allait pas s'ouvrir sous mes pieds, le plafond n'allait pas s'effondrer.
Il fallait que j'inspire, et que j'expire.
Voilà, profondément, comme tout adulte rationnel de mon âge le ferait.
Ne pas paniquer, ne pas paniquer, ne pas-
D'un seul coup, la porte de l'armoire où je m'étais recroquevillé s'ouvrit. Mes yeux se fermèrent instinctivement, la luminosité me brûlant la rétine, et une voix tonitruante s'éleva :
"Ah ! Je savais qu'on avait eu raison de vouloir un dressing aussi grand ! Tu me fais une place ?"
Malgré la peur qui me nouait le ventre, je ne pus retenir le sourire amusé qui prit place sur mes lèvres à ces mots. A l'aide de mes mains, je me redressai suffisamment pour que mon dos soit plaqué contre la paroi de l'armoire, créant un espace entre mes jambes suffisant pour qu'il puisse se glisser entre elles. Après avoir râlé un moment, nos manteaux respectifs accrochés aux cintres le gênant dans ses mouvements, il s'assit face à moi, ses jambes repliées contre lui-même. Il fit coulisser la porte de notre dressing, nous plongeant à nouveau dans l'obscurité, et sa main attrapa aussitôt la mienne, ses doigts jouant avec les miens.
"Quand on est rentrés et que je n'ai pas eu de réponse lorsque je t'ai appelé, j'ai tout de suite su que tu étais là, me sourit Louis, son pouce effleurant l'os apparent de mon poignet. Même si je suis plutôt étonné, ça fait bien des années qu'on ne fait plus ça : se réfugier dans un endroit aussi sombre et étroit, à l'abri de tous. Enfin, sauf si on compte la fois où on l'a fait dans le moulin du mini-golf que Niall avait privatisé pour l'anniversaire de sa fille."
Sans que je ne puisse le contrôler, un rire tonitruant franchit mes lèvres alors que je me rappelais la tête horrifiée de Niall lorsqu'il l'avait appris. Ce jour-là, deux ans plus tôt, il avait hurlé au scandale pendant tellement de temps que je me demandais encore comment avait-il fait pour ne pas en perdre la voix.
En réaction à mon rire, les pattes d'oies de mon mari se creusèrent, son sourire plissant son nez d'une façon qui me faisait encore craquer malgré les années. Ses doigts se nouèrent aux miens dans un geste naturel et il me scruta pendant de longues secondes en silence, ses sourcils se fronçant légèrement :
"Plus sérieusement, Haz, c'est le fait de voir ta mère qui te met dans un état pareil ? Parce qu'autrement, tu n'as qu'un mot à dire et je l'appelle aussitôt pour annuler."
Son regard concerné me donna l'envie irrépressible de l'embrasser, alors je le fis. Il avait raison, c'était bien la perspective de revoir ma mère pour la première fois depuis plus de dix-neuf ans qui me mettait dans un état mental pitoyable.
Cela s'était produit il y avait trois mois de cela. Un jour, un beau matin, j'avais reçu une lettre de sa part. Dedans, elle expliquait qu'elle venait de divorcer de mon père. Elle m'avait également avoué que je lui manquais, qu'elle savait qu'elle avait échoué dans son rôle de mère avec Gemma comme avec moi, mais qu'elle voulait renouer, voir s'il était encore possible de recoller les morceaux.
J'en avais aussitôt parlé à Louis, parce que cela ne me concernait pas uniquement moi, mais notre famille dans son ensemble. Cependant, Louis avait aussitôt affirmé que ce n'était pas à lui de prendre une telle décision et qu'ils me soutiendraient quoi qu'il arrive.
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We Made It [L.S.]
Fanfiction« Secte : Groupement religieux, clos sur lui-même et créé en opposition à des idées et à des pratiques religieuses dominantes. » Il s'agit de la définition officielle, je n'ai pas eu mon mot à dire. Pourtant lorsque j'y pense ce sont bien d'autres t...