Un éternument m'échappa à l'instant où je posai le pied sur la première marche de mon perron.
J'étais frigorifié.
J'avais passé un peu plus d'une heure à marcher dans les rues de Lyon dans le but de me calmer. Et non seulement je n'avais toujours pas réussi à atténuer la douleur qui brûlait ma poitrine, mais en plus j'avais fini par me perdre. Je ne m'étais jamais beaucoup baladé dans les rues de Lyon et encore moins seul. Après tout, je n'avais jamais eu beaucoup de libertés, et même si j'en avais eu, j'étais bien trop introverti et empoté pour me promener seul. C'était pour cette raison que j'avais atterri jusqu'à la Part Dieu avant de réaliser que j'étais bien trop loin de mon domicile. Résultat, il m'avait bien fallu presqu'une autre heure pour retrouver mon chemin, étant trop timide pour le demander aux rares passants encore dans les rues.
Il devait probablement être minuit passé et j'étais à la fois exténué et conscient que jamais je ne pourrai trouver le sommeil cette nuit.
J'avais si froid aux mains que je peinais à prendre mes clefs dans la poche de mon manteau. Il me fallut bien deux minutes avant de pouvoir les insérer dans la serrure et de la buée quitta mes lèvres lorsque je soupirai de soulagement après avoir réussi à ouvrir la porte.
Soulagement qui fut de courte durée quand je découvris Louis assis sur mon canapé.
Il se releva aussitôt que nos regards se rencontrèrent et j'eus l'impression de recevoir un puissant coup dans le ventre.
Et le pire, dans tout cela, c'était que j'étais si désespérément amoureux de Louis qu'une part de moi était heureuse de le voir là, face à moi, parce que cela signifiait que je lui importais assez pour qu'il passe une partie de la nuit à guetter mon retour.
Néanmoins, ma conscience reprit rapidement le dessus, et dès l'instant où il ouvrit la bouche, je me précipitai jusqu'à ma chambre, me sentant incapable d'écouter ce qu'il avait à me dire.
"Harry !"
Et, bon sang, je me détestais tant pour ressentir encore autant de chaleur dans le creux de mon ventre à chaque fois que j'entendais sa voix... !Malgré la brûlure de la trahison, malgré ce sentiment d'humiliation, j'étais incapable de le détester.
Et, merde, j'étais si faible ! Mes larmes me brûlèrent le visage alors que je m'apprêtais à franchir la porte de ma chambre.
"Harry, merde, ne recommence pas à me fuir, ne sois pas lâche !"
Ces mots eurent le don de rajouter de la colère à mon sentiment de trahison. Et peut-être que quelque chose craqua à l'intérieur de moi, parce que je me retournai brusquement, les poings serrés :
"C'est faux, je ne suis pas lâche ! Et même si je l'étais, tu n'as pas à me juger ! Je ne suis pas comme toi, moi, on ne m'a jamais appris à affronter les autres, à affronter le monde ! Tu crois que c'est facile pour moi ? Je me bats en permanence contre moi-même, contre cette voix qui me souffle à chaque fois à l'oreille que je ce que je fais n'est pas bien ! Je n'ai aucune expérience, je ne sais pas comment c'est d'être normal ! Si je n'écoutais que mon propre avis, bien sûr que je te croirais, bien sûr que je te ferais confiance à 100%, mais tu l'as toi-même dit, je suis naïf ! J'ai bien passé dix ans de ma vie à être convaincu que ceux de notre communauté ne me manipulaient pas, alors comment veux-tu que je sois certain que tu ne vas pas me trahir, toi aussi ? Comment être sûr que Dieu n'est pas en train de me punir pour être tombé amoureux d'un garçon ?! Alors oui, Louis je suis en droit de douter de toi, parce que s'il y a bien une chose que j'ai appris ces derniers mois, c'est que tous ceux que j'aime me trahissent au fur et à mesure !"
VOUS LISEZ
We Made It [L.S.]
Fanfiction« Secte : Groupement religieux, clos sur lui-même et créé en opposition à des idées et à des pratiques religieuses dominantes. » Il s'agit de la définition officielle, je n'ai pas eu mon mot à dire. Pourtant lorsque j'y pense ce sont bien d'autres t...