We Made It [L.S.]

Chapitre 26

"J'y crois pas.", souffla Niall, visiblement fasciné.

"Moi non plus.", avouai-je, tout aussi émerveillé.

L'horloge murale affichait midi trente et mon estomac criait famine. Niall avait proposé un peu plus tôt que nous commandions chinois – cuisine que je n'avais jamais eu l'occasion de manger, mes parents ayant toujours refusé d'aller au restaurant -, mais c'était sans compter sur l'intervention de Louis. Celui-ci avait affirmé que nous pouvions très bien nous débrouiller avec ce qu'il restait dans le frigidaire. A ces mots, Niall et moi nous étions imaginés qu'il pensait simplement faire un traditionnel pâtes-steak, mais c'était sans compter sur ses talents culinaires insoupçonnés.

C'est pourquoi cela faisait désormais quinze minutes que nous regardions Louis s'activer, époustouflés.

J'aimais ce sentiment, cette fierté qui gonflait mon cœur à chaque fois qu'il effectuait le moindre mouvement. Cette envie de crier à qui voulait l'entendre « Regardez tous, ce garçon est merveilleux et il est amoureux de moi ! ». Je n'étais pas certain d'être un jour lassé de ce bonheur de simplement pouvoir exister auprès de lui. Car c'était ainsi, Louis était ce genre de personne qui dégageait cette aura, cette assurance, qui te donnait l'impression de n'être qu'un invité dans son monde.

Je priais donc pour être, à jamais, le bienvenu dans ce même monde.

"Vous pensiez quoi, les gars ? se moqua Louis, occupé à remuer une sauce au curry. Mon beau-père est cuisinier, évidemment qu'il m'a appris à me servir de mes dix doigts."

Cela paraissait logique, son beau-père étant le chef-cuisinier de notre communauté. Cependant, les rapports entre Louis et Mark avaient toujours été si tendus, si instables, que je n'aurais pas un jour pensé qu'il lui apprendrait à cuisiner.

Pour cela aussi, j'étais reconnaissant. J'aimais l'idée de découvrir chaque jour un peu plus sur lui. Chaque détail me paraissait à la fois insignifiant et primordial, tel une pièce de puzzle. Et j'étais fasciné de me rendre compte un peu plus chaque jour à quel point ce même puzzle était immense et complexe.

Louis fit revenir son mélange d'oignons et d'émincés de poulet d'un mouvement fluide, faisant siffler Niall :

"T'es trop fort, mec, tu ne veux pas m'épouser ?

_Si Harry n'est pas contre la polygamie, évidemment.", sourit Louis, connaissant déjà la réponse.

Niall se mit à rire en me voyant plisser mon nez dans une grimace exagérée. Il s'apprêtait à rétorquer quelque chose lorsque la sonnerie du téléphone fixe retentit, me faisant sursauter. Louis releva immédiatement la tête de sa poêle, aussi aux aguets que moi.

Cela faisait désormais presque quatre heures que j'avais appelé l'association de ma grand-mère et j'attendais désespérément un retour. Je savais qu'il valait mieux ne pas espérer ou fantasmer à l'idée de grands-parents géniaux qui m'aimeraient suffisamment pour prendre l'avion pour la France dans la seconde, mais c'était plus fort que moi. Et plus les secondes passaient, plus cet espoir s'estompait à mesure. Je n'étais même pas certain que la femme que j'avais eu au téléphone ait relayé l'information auprès de mes grands-parents. Il était même fort possible que je guette un appel qui n'arriverait jamais.

Niall me lança un coup d'œil avant de se déplacer jusqu'au téléphone fixe. Mes mains devinrent moites en l'espace de quelques secondes et j'étais à deux doigts de tomber dans les pommes.

Toutefois, aussitôt que Niall s'approcha du téléphone, il s'exclama :

"Ce sont mes parents."