Mais trop tard.
La porte de la chambre s'ouvrit dans un grincement, et mon sang se glaça.
"Qu'est-ce que vous faites là ?"
Mon cœur cessa de pomper mon sang à l'instant où la voix s'éleva, me donnant l'impression que toute vie venait de me quitter. Et peut-être que c'était bien ce qu'il venait de se produire, au fond. Peut-être que j'étais mort. Du moins, j'avais si peur que j'aurais probablement voulu l'être, cesser d'exister pour éviter toute répercussion pouvant s'abattre sur nous.
Cette simple voix m'avait tant paralysé qu'il me fallut quelques secondes pour comprendre à qui elle appartenait.
Tiago se tenait sur le pas de la porte, les sourcils froncés et le regard intrigué. Sa petite main était accrochée à la poignée de la porte tandis que son corps se balançait doucement d'avant en arrière, comme s'il hésitait entre entrer et partir en courant.
Heureusement pour nous, Louis était bien plus réactif que moi, car il s'exclama d'un ton faussement détaché :
"Salut bonhomme, qu'est-ce que tu fais là ?"
Tiago fit une moue, visiblement frustré qu'il lui renvoie sa question sans y répondre, avant de déclarer, son regard se tournant en direction du couloir :
"J'étais en train de te chercher, Louis, quand je vous ai vu rentrer dans la chambre de Marie-Madeleine..."
Il fit une pause, baissa les yeux, les joues rouges, et ce ne fut qu'à cet instant que je réalisai qu'un ballon de football était coincé sous son bras.
Tiago ne le dirait probablement jamais à voix haute, mais il fallait être aveugle pour ne pas voir à quel point il aimait et adulait Louis. Il trouvait chaque jour un prétexte différent pour passer du temps avec lui et leur amour commun pour le football n'avait fait que renforcer le lien qui les unissait.
"J'sais pas ce que vous faites, reprit Tiago en fixant toujours le couloir. Mais je voulais vous prévenir que Marie-Madeleine est en train de parler avec ton papa, Louis, devant la porte des cuisines."
Ma respiration se bloqua lorsque je réalisai : les cuisines étaient juste à côté des chambres.
"On dégage.", conclut aussitôt Louis, faisant écho à mes propres pensées.
Je me levai immédiatement, les jambes flageolantes, pendant que Louis remettait le cadenas sur le coffret avant de le pousser sous le lit. Il fourra l'argent et le trousseau de clés dans les poches de son pantalon, s'arrangeant pour que son pull difforme cache la proéminence. Il saisit alors ma main, m'entrainant jusqu'à la sortie, avant de passer un bras autour des épaules de Tiago, l'incitant à nous emboiter le pas. Cependant, Louis lâcha ma main dès que nous fûmes dans le couloir, certainement pour éviter d'attirer encore plus l'attention sur nous.
Mon regard se posa discrètement sur Louis et Tiago, et je me mis à les envier. Ils paraissaient si calmes, si maîtres d'eux, que cela en deviendrait presque suspect. Les grands yeux noisette de Tiago virevoltaient innocemment, ses petites mains jouant distraitement avec le ballon de football. A côté d'eux, je n'en menais pas large. Mes jambes tremblaient, mon cœur palpitait et je sentais mes joues rougir de gêne. Je n'avais qu'une peur, c'était celle que l'on nous surprenne. Je ne savais pas mentir, j'étais incapable d'inventer un prétexte. Mon cerveau semblait vide de toute pensée, vide de toute substance.
Nous venions d'atteindre le bout du couloir, tournant à gauche afin de nous éloigner définitivement des chambres, lorsque nous entendîmes une voix nous interpeler :
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We Made It [L.S.]
Fanfiction« Secte : Groupement religieux, clos sur lui-même et créé en opposition à des idées et à des pratiques religieuses dominantes. » Il s'agit de la définition officielle, je n'ai pas eu mon mot à dire. Pourtant lorsque j'y pense ce sont bien d'autres t...