Chapitre 3

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Les poutres du plafond me faisaient face depuis un peu plus d'une heure et je n'arrivais toujours pas à m'endormir. Comme nous étions en vacances, je vivais à temps plein au monastère. C'était plus simple pour mes parents qui travaillaient encore, j'en étais conscient, mais je ne dormais jamais vraiment bien lorsque je couchais ici. J'en avais un jour parlé avec mon père lorsque j'avais autour de neuf ans et il m'avait dit que si j'avais du mal à dormir, c'était parce que la présence de Dieu était plus forte au monastère et que je la ressentais tellement que cela m'obligeait à rester éveillé.

Je devais avouer que même si j'étais heureux de savoir que Dieu était autour de moi, j'aurais bien aimé pouvoir dormir...

J'entendais le souffle lent de Zayn, d'Isaac et de Liam à côté de moi. Stéphan, Jean et Tristan, d'autres garçons de notre communauté, étaient dans des lits un peu plus loin dans la pièce  Nous partagions le même dortoir ici et visiblement aucun d'entre eux n'avait de problèmes à trouver le sommeil.

Je soupirai, ne sachant que faire. La vérité était que je m'inquiétais pour Louis. Contrairement à ce que j'aurais voulu je n'avais pas pu lui parler après le repas. Notre berger nous avait directement convié à une réunion de prières qui avait duré deux heures et lorsque cela s'était terminé Marie-Madeleine nous avait ordonné d'aller nous coucher, nous disant que nous aurions beaucoup de choses à faire demain et qu'il fallait que nous récupérions des forces.

Louis ne partageait malheureusement pas mon dortoir, du moins pas cette semaine exceptionnellement. Comme sa mère avait été malade, son père et lui avaient partagés la même chambre qu'elle pour veiller sur elle durant la nuit.

Ce qui signifiait que je l'avais à peine vu aujourd'hui et je devais admettre qu'il m'avait manqué.

Je me retournai, faisant grincer mon matelas. Je soupirai alors pour la énième fois tandis que j'évaluais mentalement les risques. Si je me levais de mon lit maintenant, que je partais le rejoindre et qu'on nous surprenait, j'étais certain de me faire gravement punir... Cependant je n'arrêtais pas de me passer en boucle la tête baissée de Louis lors du repas, ou bien plus tard, lors de la prière, et cela me noua l'estomac.

Il était mon ami, mon meilleur ami, je ne pouvais pas, ne devais pas le laisser seul lorsqu'il avait besoin de moi.

Mes mains se mirent à trembler lorsque je compris que j'avais pris la décision de le rejoindre et je poussais maladroitement les couvertures.

Je retins ma respiration en entendant le plancher craqueler sous mon poids et m'avançai tel un cosmonaute jusqu'à la porte de notre dortoir. Je manquai défaillir lorsque cette même  porte grinça lorsque je l'ouvris et restai en suspens, pétrifié à l'idée de réveiller quelqu'un.

Après une minute passée dans l'angoisse et la peur, je poursuivis ma route en voyant que personne dans le dortoir ne s'était réveillé.

J'avançai comme je pus dans le noir, ayant perdu tous mes repères. Pourtant, je connaissais ce monastère depuis toujours, j'y avais grandi en son sein, mais à l'heure actuelle, plus rien ne me semblait familier. Tout était obscur, et terrifiant, et j'avais si peur de me faire surprendre que j'aurais pu en pleurer.

Néanmoins, environ deux minutes plus tard, j'arrivais à ma destination et me retrouvais devant la chambre que partageait Louis avec ses parents.

Je me mis alors à fixer la poignée de la porte et me crispai soudainement. Je n'y avais pas pensé, mais comment allais-je faire pour ne pas réveiller ses parents ? C'était mission impossible, c'était certain. J'allais me faire repérer et ensuite ils préviendraient Marie-Madeleine qui n'hésiterait pas à me battre jusqu'au sang. Mes mains se mirent à trembler furieusement et ma salive se bloqua dans ma gorge.

We Made It [L.S.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant