Chapitre 18

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Je fixais cette étendue bleue au-dessus de nos têtes, un sourire bienheureux sur les lèvres. Il faisait particulièrement beau pour un mois de janvier et je sentais le soleil chauffer doucement le peu de peau découverte. Le vent d'hiver me faisait trembler et pourtant j'aurais pu donner tout ce qui était en ma possession pour pouvoir rester ici éternellement.

L'herbe chatouillait mes doigts glacés et je soupirai d'aise en sentant la main de Louis caresser mes boucles. Depuis combien de temps étions-nous là ? Je n'en avais aucune idée, j'avais fini par perdre la notion du temps.

"Il fait froid.", déclara Louis d'une voix à peine audible.

Je détournai mon regard du ciel à ces mots et souris en le regardant. Je me servais de son ventre comme d'un oreiller depuis plus d'une demi-heure déjà, si bien que je ne pouvais voir que sa mâchoire de là où j'étais.

Nous étions mercredi après-midi et nous venions tout juste de reprendre les cours après ces deux semaines de vacances. Et au lieu de nous rendre directement au monastère en sortant du lycée, nous avions décidé de passer un moment au parc de la Tête d'Or. Cela ne me ressemblait vraiment pas, moi qui avais toujours suivi les règles, mais je n'en pouvais honnêtement plus. Rien que le fait d'être au monastère m'irritait désormais. Tous ceux qui y étaient présents m'horripilaient, notamment notre berger et mes parents.

Alors oui, même si je savais que nous allions nous faire punir, je n'en avais plus rien à faire.

J'avais passé la première heure dans l'herbe concentré sur mes devoirs et je me reposais enfin, le cœur léger. Rares étaient les fois où je faisais des choses de mon âge, alors il fallait que j'en profite.

"Tu veux qu'on rentre ?", lui demandai-je en guise de réponse.

"Non, je veux que tu viennes me réchauffer.", avoua-t-il, sa voix trahissant son sourire.

Je me mis à pouffer, ne pouvant m'empêcher de le trouver adorable. Etant donné que nous nous trouvions en plein mois de janvier, très peu de personnes était présentes dans le parc. A vrai dire, nous étions les seuls allongés sur la pelouse et plus le soleil déclinait, plus il était rare de voir passer quelqu'un.

Ce fut en partie pour cette raison que j'accédai aussitôt à sa demande. Je me redressai et me déplaçai jusqu'à ce que je me retrouve derrière lui. Dès l'instant où il comprit où je voulais en venir, il s'assit à son tour et vint entre mes jambes écartées. Son dos vint se lover contre mon torse et mes bras l'enlacèrent aussitôt.

Il poussa un soupir de satisfaction en sentant ma chaleur corporelle l'envelopper et je souris contre lui. Avec le peu d'audace que j'avais en moi, je caressai doucement ses côtes à travers le tissu de son pull et je le sentis frissonner contre moi.

Oui, je ne voulais définitivement plus jamais quitter cet endroit.

"Est-ce que tu le pensais ?", me questionna soudainement Louis, son nez froid venant caresser ma joue.

"Quoi donc ?

_Lorsque tu m'as dit il y a un mois que tu serais d'accord pour quitter la communauté afin qu'on puisse construire une vie à nous."

Mes yeux se posèrent sur le lac face à nous et je serrai un peu plus mes bras contre lui. Mon sourire bien heureux disparu quelque peu mais je m'obligeai à être honnête avec lui :

"Même si je les déteste pour tout ce qu'ils ont fait, pour tout ce qu'ils nous ont fait, je- une part de moi les aime toujours et je sais que ça ne changera jamais totalement. Je ne me souviens pas avoir jamais vécu loin d'eux et rien que l'idée de les quitter me donne l'impression d'étouffer."

We Made It [L.S.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant