We Made It [L.S.]

Chapitre 9

J'arrivai en trombe dans la salle à manger, attrapai une tartine sur la table du petit-déjeuner et bus à la va-vite mon cappuccino.

"Tu ne veux pas t'asseoir pour finir ta tasse au moins ?", me demanda ma mère occupée à découper une poire.

"Pas le temps, je vais être en retard sinon. A ce soir !"

Mes parents me répondirent en chœur, me souhaitant que le Seigneur me protège, et je franchis la porte, mon sac sur le dos.

Aujourd'hui était un bon jour. Aujourd'hui était même un excellent jour car je reprenais enfin les cours après plusieurs jours alités.

Autant j'avais étrangement adoré mon séjour à l'hôpital car toutes les infirmières avaient été formidables avec moi et parce que Louis était venu dès qu'il le pouvait, autant j'avais détesté les cinq derniers jours passés chez moi. Je m'étais ennuyé comme un rat mort, n'ayant rien d'autre pour m'occuper que des livres de prières et des CDs de chants religieux.

Je dévalai les trois marches devant chez moi et souris en voyant Louis qui m'attendait en haut de la rue. Il était adossé contre un poteau et ses mains étaient fermement enfoncées dans les poches de son manteau.

Je me mis à marcher encore plus vite pour le rejoindre et son visage se fendit également d'un sourire lorsqu'il me vit.

Il m'embrassa immédiatement la joue, s'attardant quelques secondes de trop dessus, et la sensation dans mon estomac s'intensifia. C'était étrange mais ce n'était pas douloureux, bien au contraire, j'avais l'impression qu'on avait mis de l'hélium dans mon corps et que j'allais bientôt m'envoler. Mais dans le fond, j'avais toujours éprouvé cette sensation en la présence de Louis, je ne m'en étais simplement jamais rendu compte.

Nous avançâmes ensemble sur le chemin du lycée, discutant de tout et de rien, jusqu'au moment où une tête blonde apparut dans mon champ de vision.

Niall passa immédiatement un bras autour des épaules de Louis après nous avoir salué et me demanda :

"Alors, ça va mieux ? Louis m'a dit que tu as eu une appendicite. Ma petite cousine en avait eu une l'année dernière, 'parait que ça te fout en vrac cette connerie."

Avec le temps j'avais appris à apprécier Niall. Je ne lui parlais pas beaucoup, essentiellement le matin lorsque je faisais le chemin avec eux, mais je devais admettre qu'il était drôle et spontané. En revanche, j'avais encore du mal avec sa façon de s'exprimer. Il avait tendance à sortir une palette de gros mots à la seconde et cela me faisait souvent plisser du nez.

"Je vais mieux, merci, lui souris-je. Mais oui, ça fait vraiment très mal.

_Surtout si on ne se fait pas soigner correctement...", marmonna Louis dans sa barbe, visiblement encore en colère contre mes parents.

Cela eut le don de jeter un froid et je compris à la tête que Niall affichait qu'il savait parfaitement à quoi Louis faisait allusion, ce qui signifiait qu'il lui avait déjà raconté ce qu'il s'était passé. Je me sentis un peu mal à l'aise sans trop savoir pourquoi mais le blond dissipa rapidement cette gêne en s'exclamant :

"Je t'ai pris mes vans et mon sweat-shirt blanc aujourd'hui, Louis. Ma mère l'a lavé hier.

_Merci mec, t'es super."

Il prit le sac que lui tendait Niall et pendant une seconde je fus un peu envieux. Il était vrai que les vêtements que mettait Louis pour aller au lycée lui allaient vraiment bien, à des années lumières des tenues que notre communauté nous forçait à porter. A côté de lui j'avais l'air d'avoir vingt ans de plus entre ma chemise beige et mes mocassins.