Prologue

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La flamme de la bougie dansait devant mes yeux à travers l'entrebâillement de l'armoire et les lattes du parquet craquelaient sous ses pas. Marie-Christine, le bras droit du berger, se tenait de l'autre côté de la pièce, finissant de faire son tour de garde. Mon cœur battait à un rythme effréné dans ma poitrine, semblable au battement d'ailes d'un colibri. 

Je vis du coin de l'œil une araignée longer la paroi de l'armoire à quelques centimètres de mon bras et j'aurais pu hurler d'horreur si une main ne s'était pas posée devant ma bouche :

"Chut.", m'intima Louis en collant sa bouche contre mon oreille.

Je sentais que son souffle était tout aussi erratique que le mien et cela me surprit le temps d'un instant.

Louis ne montrait jamais lorsqu'il avait peur normalement.

Mais ce soir n'était pas un soir comme les autres.

Finalement, après des secondes qui me parurent durer une éternité, la lumière de la flamme s'éloigna, nous laissant dans le noir complet.

Par prudence nous attendîmes encore dix minutes de plus avant que Louis ne se décide enfin à ouvrir la porte de l'armoire.

"Prends ton sac.", murmura-t-il en remettant le sien sur son dos.

Je m'exécutai et le suivis, les mains tremblantes d'appréhension. La lumière de la lune créait des ombres qui me semblaient toutes plus effrayantes les unes que les autres. Le parquet craquait sous nos pieds et j'avais l'impression que chaque bruit se répercutait contre les murs, amplifiant le son. Et je savais, je savais que si nous nous faisions repérer nous nous ferions battre et enfermer pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. 

Cette simple pensée me fit avancer plus vite.

Nous traversâmes la salle commune, le couloir principal, et sans que je ne m'en rende compte nous fûmes face aux escaliers. J'eus l'impression que j'allais rendre le peu de nourriture que j'avais avalé lorsque je réalisai qu'il ne nous restait que quelques pas avant d'être dehors, que c'était du concret.

Parce que ce soir n'était pas un soir comme les autres.

Parce que ce soir était le soir où nous avions décidé de fuir.

"Je ne peux pas Louis, bégayai-je, le regard presque fou. J'ai- J'ai pas- C'est une erreur, une énorme erreur. Et que faisons-nous pour Gemma, Charlotte, Félicité, Liam, Zayn ? Et nos parents ? On ne peut pas- On ne peut pas partir, ils vont nous retrouver, ils vont nous-"

Je fus coupé par des lèvres au goût salé et ce ne fut qu'à cet instant que je réalisai que je pleurais.

"C'est tout sauf une erreur. Un jour nous reviendrons les chercher, je te le promets, chuchota Louis en appuyant son front contre le mien, ses mains crochetées derrière ma nuque. Un jour on sera tous réunis, d'accord ? Mais pas maintenant, tu comprends ? Maintenant il faut qu'on-

_Les garçons ?"

Nos souffles se coupèrent simultanément et nous tournâmes d'un seul mouvement nos visages vers cette voix. Il s'agissait de celle de Marie-Christine, et je ressentis la même peur que si j'étais face à une lionne dans la savane.

"Cours.", ordonna aussitôt Louis.

Je n'attendis pas une seconde de plus et dévalai à sa suite les escaliers, manquant de tomber à plusieurs reprises.

"Louis, Harry ! s'écria la femme derrière nous. A l'aide, quelqu'un !"

J'entendis des pas précipités s'élever du haut du deuxième étage et la lumière du couloir jaillit aussitôt, nous éblouissant. Déstabilisé, Louis rata la dernière marche et tomba sur ses genoux avant de se redresser aussitôt, s'élançant vers la porte principale avec le trousseau de clefs que nous avions volées à Marie-Madeleine. Sa main tremblait tellement qu'il avait du mal à tourner la clef dans la serrure et je regardai désespérément derrière moi, terrorisé en voyant le berger et Johannah, la mère de Louis, descendre à toute allure les escaliers :

"Louis, dépêche-toi !", gémis-je en saisissant son épaule.

"Je sais pas laquelle est la bonne.", grogna-t-il en changeant de clef.

"Louis, qu'est-ce que tu fais ? Arrête ça immédiatement, autrement notre berger ne pourra jamais te pardonner !", hurla Johannah, désormais à quelques mètres de nous.

Je vis une lueur de souffrance traverser les yeux bleus de Louis. Mais cela fut fugace, car une seconde plus tard il fermait déjà les paupières, ouvrant enfin la porte. Il attrapa ma main et nous nous précipitâmes à l'extérieur.

Le vent était si glacé que mes yeux me piquèrent, mais c'était comme si j'étais immunisé à la morsure du froid. Je ne ressentais plus rien d'autre que l'adrénaline qui coulait dans mes veines.

Le portail du monastère nous faisait face et il m'apparut comme le dernier obstacle avant la liberté. Sans un mot, nous l'escaladâmes et je tressaillis lorsque mon jean se déchira contre le métal, me faisant saigner. Je n'y prêtai pour autant pas plus d'attention car bientôt mes pieds touchèrent le sol de l'autre côté du portail et une énorme goulée d'air emplit mes poumons.

J'avais l'impression que c'était la première fois de ma vie que je respirais, comme si l'oxygène était plus pur que jamais.

Je vis notre berger ainsi que ses adeptes accourir jusqu'au portail et soudainement je réalisai que cet homme si charismatique qui m'avait toujours tant effrayé me paraissait désormais misérable dans ses habits froissés.

Je sentis soudainement Louis m'attraper par les hanches, me collant contre lui, et mon cœur rata un battement lorsqu'il écrasa ses lèvres contre les miennes.

"On est libres, Hazza. On est enfin libres.", sourit-il contre ma bouche et un rire presque hystérique s'empara de lui.

Il fit alors un doigt d'honneur aux autres qui semblaient sidérés de l'autre côté du portail, ultime provocation de sa part, et ce geste était tant à son image que, malgré la peur qui me nouait la gorge et me lacérait la poitrine, je me mis moi aussi à rire, liant mes doigts aux siens avant de nous entrainer en courant le plus loin possible de cet endroit.









Et voilà le prologue ! J'espère de tout mon cœur qu'il vous aura plu ! 

Qu'en avez-vous pensé ? Quelles questions vous-êtes vous posées ?

Je pense arriver avec le premier chapitre demain au plus tard !

xx

We Made It [L.S.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant