Heart of Wolf - Tome I

30. Violence

⚠️ Certains passages de ce chapitre peuvent être violents ⚠️

Plusieurs hommes s'avancent après que l'un d'eux ait ouvert la porte de la cellule. Louka tente de se redresser mais il a bien du mal à retenir un grognement ; tout son dos doit être engourdi. Florian se hisse sur ses pieds, forcé de s'appuyer contre la paroi rocheuse, déséquilibré à cause de l'écharpe, et il se place légèrement devant Hizae. Quant à Jia, elle bondit sur ses pieds malgré sa blessure à la cuisse ; les sutures adhésives n'ont pas suffi, le bandage est imbibé de sang au-dessous. Mon genou n'étant pas remis, je me contente de rester par terre, méfiante.

— C'est quoi encore, votre plan stupide ? attaque la guerrière.

— Celle-là est pour moi, décrète un autre des trois hommes.

— Tu les aimes sauvages, comme toujours, marmonne le dernier.

— Jay, Zac, arrêtez de parler et agissez, ordonne le plus âgé.

Les dénommés Jay et Zac entrent dans la cellule en ricanant. Un grand bruit se fait entendre derrière nous, mais je ne réussis pas à lâcher des yeux les hommes qui s'approchent ; mon instinct de survie m'ordonne de ne pas perdre le danger de vue. Cependant je frémis lorsque j'entends la voix éraillée de Louka s'élever.

— N'approchez pas !

L'un d'eux s'écarte pour nous contourner, Jia et moi ; le craquement sinistre suivi du grondement de douleur qui résonnent dans le silence me font fermer les yeux un instant alors que mes épaules tremblent. Je ne trouve pas le courage de me retourner pour regarder, pas même lorsque j'entends Hizae se débattre dans un cri étouffé.

L'homme repasse finalement devant nous, la jeune chasseuse lancée par-dessus son épaule. Elle nous lance un regard terrifié, ses iris se colorant de doré, mais elle ne cherche même pas à lutter. Est-ce qu'elle est en état de sidération psychique ? Je me souviens brièvement de ce mécanisme dont m'avait parlé Ornella ; une de ses protégées, Lexa, l'avait vécu lorsqu'elle avait été violée par un hybride avant qu'il ne perde le contrôle et la transforme par sa morsure. Alors, à moins qu'Hizae n'ait un plan en tête dont elle ne nous a pas parlé, je ne vois que cette explication au fait qu'elle ne se défende pas contre son geôlier...

Je suis brusquement soulevée sur mes deux jambes, si soudainement que je manque de m'écrouler au sol lorsque mon genou flanche et manque de céder. Je grimace et déplace aussitôt tout mon poids sur mon autre jambe, mais l'instant suivant je me retrouve soulevée et en sentant une piqûre dans mon flanc, je me recroqueville par réflexe. Je m'agite et tente de me débattre, me contorsionnant pour comprendre ce qu'il se passe et m'échapper. Mais j'ai beau refermer mes mains sur le bras énorme de l'homme d'âge mûr, je n'arrive pas à le repousser et il vide le contenu de sa seringue avant de retirer son aiguille sans délicatesse.

— Qu'est-ce que c'est ? m'écriais-je en plaquant mes mains sur son torse pour l'écarter.

Son eau de cologne me fait tourner la tête tellement elle est forte et agresse mes narines. Un sentiment brutal de familiarité me traverse et, me sentant tout à coup prise au piège, je me dégage et fais quelques pas en arrière. C'est sans compter sur ma jambe endolorie, trop sollicitée malgré la fracture, qui cède. Mais je n'ai pas le temps de me retrouver les fesses par terre : l'hybride me rattrape et me coince contre lui, avant de faire volte-face.

— Hizae ! Jess ! appelle Jia.

Je crois la voir faire signe à Louka et Florian de ne pas s'approcher ; tout va très vite, je me débats sans vigueur, j'ai l'impression que mon corps devient gauche et mou. Comme si je n'avais plus aucune vigueur. Le dernier des trois fait sortir Jia de la cellule ; elle se bat malgré la douleur, la tache sombre sur sa cuisse qui s'étend. Il la tient les bras dans le dos et la pousse en avant, tandis que le quatrième referme la cellule derrière eux.