L'assaut aura duré moins de deux heures, mais ça aurait été suffisant pour lessiver tout le monde. Lorsque le dernier loup noir succombe, les espions ont pour premier réflexe de vérifier qu'il ne reste que des cadavres alors que trois loups surgissent des bois de l'est : je reconnais Florian, la fourrure blanche d'Hizae, et...
— Aëlys ?
À peine m'a-t-elle repérée à son tour que la louve grise et blanche change de forme sans même sembler s'en rendre compte et me fonce dessus si fort qu'elle me renverse en enroulant ses bras autour de mon cou. Je me retrouve sur le dos et grimace à cause de mes fesses endolories.
— S'il te plaît, reste comme ça encore un peu, murmure-t-elle en enfouissant son visage dans ma fourrure.
— Je croyais que tu n'aimais pas ça ? m'amusais-je en lui donnant un petit coup de museau.
La petite rousse ne répond pas et me serre contre elle quelques minutes encore. J'en profite pour observer le champ de bataille : excepté Benjamin et son bras cassé, les blessures semblent superficielles... Quoique, Hizae a instinctivement changé de forme dès qu'elle a compris qu'il n'y avait plus de risque, et elle s'est précipitée près de Simon, déjà entouré par Nadya et Hayden. Florian les rejoint prudemment, alors que Taylor s'approche de Benjamin qui se plaint encore pendant que Louise essaie de le soutenir en le rabrouant. Brusquement, une ombre se dresse en face de moi et ma liée.
— Pousse-toi, ordonne-t-il froidement à Aëlys.
Elle me relâche et se redresse pour le toiser avec la même expression. Je sens qu'elle s'apprête à dire quelque chose, mais elle finit par s'écarter sans un mot. Elle garde ses reproches pour plus tard, je le sais. Mathias se poste alors au-dessus de moi alors que je suis encore avachie par terre, le buste redressé et l'arrière-train de travers. Bon Dieu, son air menaçant et supérieur me fait presque peur... Je reste interdite, immobile et silencieuse, dans l'attente de son jugement. Après de longues minutes durant lesquelles j'en suis venue à retenir ma respiration, il frotte finalement son museau contre le mien et se penche vers mon fessier pour renifler ma blessure et donner un petit coup de langue contre mon flanc.
— T'aurais pu faire gaffe, ce loup n'avait aucune subtilité d'attaque, tu l'as vu bien assez tôt pour l'éviter.
Mathias qui dit un mot gentil, je peux toujours rêver ! À quoi est-ce que je m'attendais, déjà ? Le guerrier le plus redoutable de la meute, faire preuve d'inquiétude ou ne serait-ce que de clémence après un combat ? Non, ce n'est pas son genre, sa copine l'impassibilité n'aime pas trop fricoter avec ces choses-là.
Je reprends forme humaine et me relève avec une petite grimace, mais je m'estime heureuse que rien ne soit cassé, brisé ni déchiré au niveau de la blessure dans le creux de mon dos. Aëlys me suis des yeux, sur le qui-vive, mais je me plante devant Mathias. Même s'il est très grand, sous cette forme, je le suis plus que lui.
— Moi aussi je suis contente de voir que tu vas bien. Moi aussi je suis heureuse de constater que l'on a pu repousser l'ennemi. Moi aussi je suis soulagée que personne n'ait été tué !
Sans me quitter des yeux, il reprend lentement sa forme bipède et le poil noir laisse place aux cheveux en bataille et à la fine barbe. Il est méchamment entaillé au visage et son t-shirt déchiré laisse voir une griffure profonde dans son abdomen.
— C'est quoi ton problème, Jessica ? De quoi est-ce que t'as peur ? demande-t-il froidement.
— J'ai pas peur ! Et mon problème, c'est que la Meute du Nord a attaqué ! Alors au lieu de me dire que j'aurais pu éviter ce putain d'hybride, alors que je me précipitais pour aller aider Benjamin, tu pourrais pas juste constater que je suis encore en vie et pas gravement blessée ? Dans une meute, la vie de chacun est importante ! rétorquais-je avec véhémence.
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Heart of Wolf - Tome I
General FictionUne meute. Plusieurs personnalités, toutes dévouées à un objectif : maintenir la Meute de l'Est et protéger son territoire. Parce qu'au-delà d'une meute, c'est la famille qu'ils se sont choisie suite au bouleversement de leurs vies, qui n'a laissé a...