Heart of Wolf - Tome I

15. Confidence

Pendant que les autres réfléchissent, les uns discutant et les autres s'affrontant, je détaille l'hybride avec curiosité. Carré d'épaules et au moins aussi grand que les plus baraqués de la meute, il arbore une tignasse brune en désordre et ses yeux marrons ont certainement été rieurs un jour. En revanche, vu la panoplie de couteaux qu'il portait en arrivant ici et dont il s'est débarrassé, il doit être habitué aux problèmes et ce n'est pas forcément bon signe. Je soupire en levant les mains pour me masser les tempes ; Louise remarque mon geste et s'approche pour poser une main sur mon épaule.

— Tu devrais monter te reposer, tu es exténuée.

— Je ne monte pas sans toi, répliquais-je immédiatement.

Elle n'avait pas meilleure tête que moi et vu la colère qu'avait provoqué incartade d'un Benjamin drogué, il allait lui falloir du temps supplémentaire. Elle hausse les épaules, renonçant à insister, et se tourne vers les autres membres de la meute.

— Je suis d'accord avec Jess, déclare-t-elle. Ça ne m'enchante pas de savoir qu'un hybride va se balader sur le territoire de la meute sans savoir s'il en fait partie ou non, mais on a pas vraiment le choix.

— On ne pourrait pas trouver un moyen de le surveiller ? se méfie Hayden.

— Je sais que j'ai fais une boulette, mais à ce point, c'est ridicule, fait remarquer Louka.

— Tu le ferais, toi ? demandais-je.

— Eh bien...

— Ce serait compliqué de le surveiller à chaque instant. En plus, on a tous autre chose à faire, le coupais-je.

— Et si ça peut vous décider, à sa place, on aimerait tous avoir quelques jours de répit pour prendre une décision aussi importante, intervient Florian.

Les plus opposés à cette décision continuent de protester, mais peu à peu, nous parvenons à une entente : Louka aura quelques jours pour se décider, mais il n'aura pas le droit de chasser sur le territoire, sera soumis à l'autorité de Taylor, et gardé à l'œil par la meute. Si au bout du délai imparti il refuse, il devra se confronter à un autre loup – et par conséquent, mourir – ou prendre la fuite. Et s'il choisit cette dernière option, il a plutôt intérêt à ne jamais remettre les pieds ici... Les lois de la meute sont dures, mais il n'aurait jamais dû affronter un autre hybride en terrain inconnu ; même si je me doutais que leur altercation était partie d'un simple geste de défense et que Julien l'avait provoqué.

Une fois la meute accordée sur le sort du solitaire qui refuse le rang d'Alpha, je me lève du tabouret de bar et attrape Louise par le bras pour foncer dans l'escalier et la tire avec moi jusqu'aux chambres. Je la relâche en haut de l'escalier et lui souris faiblement.

— Si tu veux, comme je dors avec Mathias maintenant, ma chambre est libre...

— Merci, t'inquiètes pas pour ça, se contente-t-elle de répondre.

Nous nous faisons signe et elle me laisse partir de mon côté ; je ne me retourne pas, je n'ai pas envie d'interférer dans sa vie et de toute façon, quoi qu'elle décide de faire, je sais que ce sera pour rejoindre un lit. Je me glisse donc dans la chambre de Mathias que j'ai investie quelques temps après le début de notre relation ; le noir et la chaleur dans laquelle la pièce est plongée me fait immédiatement du bien, et je tâtonne pour atteindre le lit, les yeux mi-clos. Je me hisse sur le lit à genoux avant de chercher le rabat de la couverture ; mais une main se referme sur mon poignet et Mathias me tire contre lui, me faisant perdre l'équilibre.

— Mathias ! Qu'est-ce que tu fais ? Tu devrais dormir, rouspétais-je.

— T'avais qu'à faire moins de bruit, ronchonne-t-il.