Heart of Wolf - Tome I

10. Noël

Le jour de la fête dont nous a parlé Julien, je décide de me rendre en ville pour acheter des cadeaux et trouver une jolie robe – du shopping, chose que je n'ai pas faite depuis une éternité, j'ai du mal à me rappeler la dernière fois que j'ai enfilé ne serait-ce qu'une jupe. Les esprits se sont apaisés, mais personne n'a reparlé de l'événement ; nous nous sommes contentés de ramener un sapin et de le décorer tous ensemble un samedi matin. Pour ma part, je suis restée sur ma position : il faut que je sorte prendre l'air.

Je descends au salon, équipée d'un sweat épais et d'un bonnet crème fixé sur ma tête. Je me dirige vers l'entrée et fouille un moment avant de remettre enfin la main sur mes gants, ma parka bordeaux et mes bottes d'hiver. Je les extirpe du tas de vêtements amassés sur le petit meuble près du porte-manteau, et commence à m'habiller chaudement.

— Jess ? Qu'est-ce que tu fais ?

— Ça se voit pas ? Je m'habille, répondis-je en souriant.

Nadya s'approche et me donne une petite claque derrière la tête en riant.

— Sale gosse, réplique-t-elle.

Je me redresse et lui souris en continuant d'enfiler mes gants.

— Je vais faire un tour en ville. C'est bientôt Noël et je suis bien décidée à sortir un peu !

— Tu comptes aller à cette fête ridicule ? s'étonne-t-elle.

— En tout cas je ne compte pas revenir les mains vides ! assurais-je.

Elle me détaille, dubitative. J'avoue que ce n'est pas mon genre de suivre les idées grotesques de notre Alpha ; mais là il est surtout question d'écouter Florian et de s'aérer l'esprit. Je lui souris.

— Tu n'es pas avec Hayden ?

— Il est avec Florian. Je les laisse un peu entre frères, s'adoucit-elle.

J'acquiesce avec un petit sourire, ravie pour eux. Depuis qu'Hayden a enfin laissé Nadya s'approcher de lui, Florian a approfondi encore un peu plus sa relation avec son téléphone portable ; pourtant leur complicité n'a pas changé. Le guerrier a été forcé de laisser Simon et Hizae tranquilles lorsqu'il s'est retrouvé dans la même situation qu'eux ; laissant au plus jeune le soin de revêtir la cape du clown de service.

— Et toi, tu as enfin réussi à te débarrasser de ton guerrier ? se moque-t-elle gentiment.

— Simon est avec Hizae, et Benjamin avait la flemme de sortir tout seul, donc il l'a traîné avec lui.

— Jia ou Louise n'étaient pas disponibles ?

— Eh bien, Louise est en ville, et Jia... Ben c'est une bonne question, j'aimerais bien lui parler, mais tu la connais, elle ne s'arrête jamais.

Nadya acquiesce, tout à fait consciente de la nature impulsive de la guerrière, et nous échangeons un dernier sourire.

— Bon, j'y vais, à plus tard.

— Bonne promenade, lance-t-elle en remontant les escaliers.

Je me tourne vers la porte et tire mon bonnet sur mes oreilles avant de sortir. Le froid de décembre est vivifiant, mord mes joues et tente de s'insinuer le long de ma peau, mais je suis bien protégée. La marche jusqu'à la ville maintiendra ma température corporelle suffisamment haute pour que je n'aie pas froid.

Même si je connais le chemin par cœur, dans la neige, parfois même dans près de deux mètres de neige, c'est moins évident. Anticipant mon retour, je traîne des pieds, traçant des sillons qui me permettront de moins galérer en rentrant. Discrétion absolument nulle, mais personne n'ose s'aventurer ici en plein hiver... Et à la lisière de la forêt, il y aura moins d'épaisseur, les rues seront dégagées en ville.