8. Hizae

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Je le regarde par-dessus mon épaule et hausse un sourcil, moqueuse.

— T'as cru quoi, que t'allais pouvoir squatter mon espace vital et me sauter dans mon propre lit le jour même ?

Un petit sourire narquois se dessine au coin de ses lèvres, mais je ne lui laisse pas le temps de répondre et je me tourne vers Aëlys. Elle soupire avec exagération, lève les yeux au ciel, et hausse les épaules l'air résolu.

— Bon, d'accord pour aujourd'hui, mais on verra pour après.

J'acquiesce et me décale, je récupère mon morceau de gaze et termine rapidement de soigner Mathias l'impassible, aucune émotion sur le visage, à moins qu'il ne s'agisse d'un petit sourire moqueur en coin. Je lui applique les pansements spéciaux sous le regard désabusé d'Aëlys, je suis sûre qu'elle est en train de réfléchir à ce qui peut bien me pousser à m'intéresser à ce casse-pieds. Chaque vie de la meute est importante, pensais-je en souriant. Enfin, je l'aide à se redresser, et lui fais le même bandage que le mien, avec plus de compresses et plus de bande.

— Voilà. Dans quelques jours je vérifierai ça, si ça n'a pas commencé à cicatriser, il faudra des sutures, estimais-je.

La nature d'hybrides apportait quelques avantages, dont celui que notre temps de rémission est largement inférieur à celui de simples humains et nous sommes davantage résistants aux maladies, virus, microbes, et autres... Je me décale mais Mathias me retient par le poignet. Je le regarde, surprise, et finit par sourire ; je me penche en avant et dépose un rapide baiser sur ses lèvres avant d'attraper mes chaussures pour les ramener dans l'entrée. Je leur fais signe en arrivant au pied des escaliers.

— Je monte voir nos blessés !

Je me dépêche de monter les marches jusqu'au premier étage, passe par ma chambre pour enfiler un t-shirt ample et confortable, et trottine jusqu'au fond du couloir pour emprunter le second escalier. Une fois au deuxième étage, je pousse lentement la porte de notre petite salle de chirurgie improvisée : Simon est endormi – inconscient ? – sur le lit au centre de la pièce, et Hizae est en train de vérifier son intraveineuse. Je m'approche lentement et pose ma main de façon apaisante sur l'épaule de la louve blanche ; malgré tout elle sursaute, et me repousse d'un mouvement brusque.

— Oh, désolée, s'excuse-t-elle immédiatement en me reconnaissant.

Je lui souris, après tout elle a raison d'être sur la défensive et aux aguets.

— Ne t'inquiètes pas. Comment il va ?

— Eh bien... Jia lui a fait des points de suture, il a un morceau de chair qui a été arraché, il faudra le temps que sa peau se régénère... Je lui ai fait un gros pansement, j'espère que ça tiendra bien mais il faudra que je le change tous les jours. Il s'est évanoui juste avant que Jia commence. Et après je lui ai fait l'intraveineuse...

Je souris de plus belle en l'écoutant parler et hoche doucement la tête.

— Merci de t'occuper de lui... Si c'est qui a fait le pansement et l'intraveineuse, ça veut dire que tu t'y connais en soins. Ça te dirait de... devenir notre guérisseuse, en quelque sorte ?

— Guérisseuse ? Oh... Je n'ai pas tant de compétences que ça, mais... Enfin je croyais qu'il n'y en avait pas dans la meute ?

Je rigole légèrement et lève les yeux au ciel. Je croise les bras et m'approche de Simon ; il a l'air paisible... Hizae veille sur toi.

— Non, c'est vrai, et d'ailleurs je n'ai pas le droit de te proposer ça en temps normal. Mais tu as pu constater que Julien n'a pas franchement la trempe d'un Alpha... Je ferais savoir aux autres que tu resteras à l'arrière si d'autres batailles doivent avoir lieu les jours qui viennent. Tu pourras prendre soin des blessés et éviter le combat ; C'est ce que tu préfères, non ?

Heart of Wolf - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant