Heart of Wolf - Tome I

28. Deuxième jour

⚠️ Certains passages de ce chapitre peuvent être violents ⚠️

— Tu vas répondre ? hurle un homme.

— Je vous ai dis que je ne savais rien ! répond Hizae.

La pauvre lève les bras en gémissant, tentant de faire lâcher prise à son geôlier. L'hybride la tient à genou face à Salik et a empoigné ses cheveux pour lui faire relever la tête. Je n'ose pas imaginer la douleur, mais je suis incapable de l'aider ; pas plus que Jia.

Nous nous étions pourtant promis. Tandis qu'ils prenaient un peu de repos, nous avions parlé toutes les deux – peu, mais cela avait suffi à transmettre tout ce que nous pensions. Nous avions juré en silence de protéger Hizae et Florian... Nous n'avions pas été efficaces, c'était le cas de le dire.

Une larme glisse le long de ma joue alors que j'essaie toujours désespérément de reprendre mon souffle. Celui qui s'en est pris à moi m'a violemment repoussée contre un mur ; mon souffle s'est coupé, et je suis presque sûre d'y avoir laissé une côte ou deux au passage. Dans mon champ de vision brouillé, je reconnais Florian qui se glisse au-dessus de moi et j'acquiesce lentement pour lui signifier que ça va aller. Quelle heure est-il ? Quand vont-ils se décider à nous laisser un peu de répit ? Depuis qu'ils nous sont tombés dessus quelques heures plus tôt, ils enchaînent, ils ne s'arrêtent plus, et j'espère qu'ils vont se lasser très vite de leur séance de torture. Des heures qu'ils nous interrogent, qu'aucun de nous n'a entendu parler de cette fille qu'ils cherchent, que nous ne savons même pas où sont les cadavres de ses parents, laissés à l'abandon sur le territoire de l'Est après le dernier grand combat.

Le tempe de Florian est en sang, quelques gouttes s'écrasent sur mon front. Ses cheveux deviennent poisseux et collent à sa blessure qu'il a tenté de compresser, mais ça n'a servi qu'à ralentir un peu l'hémorragie et maintenant ça se remet à pisser le sang. Je serre les mâchoires et me redresse lentement, une main en travers de l'abdomen.

— Toi ! On a pas fini ! s'écrie une autre voix grave.

Je ne m'y retrouve plus dans ce brouhaha de cris et de coups. Je ne sais plus qui hurle, qui gémit, il n'y a que l'odeur âcre du sang et une effluve épicée de colère qui flottent dans l'air. Je relève la tête et remarque l'homme qui vient de parler ; il se précipite sur moi, c'est celui qui m'a envoyée heurter la paroi. Je tends instinctivement un bras pour repousser Florian, prête à encaisser encore ; toujours – mais avant qu'il ne nous ait atteints, une masse sombre se dresse entre nous et lui envoie un violent coup au visage qui le fait reculer.

— Louka !

Florian et moi murmurons dans un même souffle, mais ça ne dure pas longtemps. La cellule a beau être plutôt grande même lorsque nous y sommes à cinq, maintenant que nous avons au moins cinq autres hommes après nous, il est difficile de trouver des échappatoires et nous nous retrouvons vite coincés. Je me force à reprendre mes esprits et ma louve repère la présence d'un homme qui nous arrive dessus de l'autre côté : mon premier réflexe est de me relever, mais à cause de mon genou, j'en suis incapable. Je grogne de douleur en plaquant une main sur ma cuisse et Florian pose sa main sur la mienne tout en me lançant un sourire. Il se veut rassurant, mais je sais que ce n'est qu'une façade...

— Ça va aller, Jess.

J'ouvre la bouche pour répondre, mais rien ne me vient. Et pourtant, je sais qu'il a besoin d'entendre quelque chose, n'importe quoi ! Mais je n'ai pas le temps de trouver les mots justes, cette fois. Notre agresseur arrive à notre hauteur, et il n'y a personne pour l'arrêter : il attrape violemment Flo par l'autre bras et le force à se relever d'un geste brutal, pour bloquer son poignet dans son dos. Il sait que je ne peux pas me tenir debout, mais il n'est pas assez stupide pour me croire inoffensive et s'écarte rapidement pour emmener le jeune homme près d'Hizae, toujours aux prises avec la poigne qui tire sur ses cheveux.