7. Amour d'hiver

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Nous mettons un temps insupportable à traverser la forêt ; Simon a besoin de soins, mais il glisse sans arrêt malgré les efforts de ses trois supports. Taylor a fini par passer devant avec Louise, Benjamin et Jia, et ils sont rentrés tous les quatre pour préparer le matériel – notre espion espiègle aura besoin de points de suture, ça paraît désormais évident. La pression entre son flanc et l'arrière-train d'Hayden atténue l'hémorragie, mais lorsque nous arrivons, le sang commence à couler jusque sur le bas des cuisses du guerrier.

— Hayden, pose-le, on va le transporter à l'intérieur, indique Mathias.

Nadya aide Hayden à se débarrasser de son chargement, et ils reprennent tous deux forme humaine. Aëlys se détache de moi et m'indique l'intérieur.

— Je vais chercher ce qu'il faut, reste là.

J'acquiesce et laisse la place aux deux guerriers qui attrapent Simon par les pattes pour l'emmener à l'intérieur. Il va bien falloir qu'il change de forme, sinon ce sera compliqué de l'aider... La seule solution serait de raser son beau poil, et s'il se transforme en plein milieu de l'opération, Dieu sait ce qu'il pourrait lui arriver en conséquence.

Nadya les suit à l'intérieur ; Jia s'y connaît malheureusement en points de suture, et elle est bien l'une des seules à pouvoir le recoudre à vif. Florian, toujours à quatre pattes, les observe tristement s'effacer dans l'escalier et il trottine vers moi.

Allez viens, ne reste pas là.

— Florian, écoute, j'ai un service à te demander. Hayden ne serait sûrement pas d'accord et je m'en veux un peu de te demander ça, mais on a pas tellement le choix...

Ses yeux s'illuminent à mon annonce et il lève la tête vers moi, le museau pointé sur mon visage. Il me dévisage de ses yeux sombres, pressé de pouvoir se rendre utile.

— Quelqu'un doit aller surveiller les frontières, pour s'assurer qu'ils ne tenteront pas de nouvel assaut tout de suite...

Oh ! Oui ! Mais... Je vais être tout seul, pour couvrir tout le territoire, ça va être difficile.

— Concentre-toi sur les frontières de l'est et du nord, d'accord ? Ne fais rien de stupide, et ne t'engages pas seul dans un combat, lui ordonnais-je.

Il acquiesce et bondis avant que j'aie pu changer d'avis. Il est jeune, je n'aime pas l'idée de le laisser seul dans ces circonstances – mais c'est le seul qui tienne encore debout sans avoir mal quelque part. Je le regarde disparaître et décide finalement de rentrer ; en attendant Aëlys, je me glisse dans la cuisine et, après avoir retiré mon débardeur déchiré qui me colle de façon poisseuse à la peau, je me sers un grand verre d'eau glacée.

— Jess ?

— Je suis à la cuisine, maugréais-je.

Ça faisait, quoi, presque dix ans que je ne m'étais pas retrouvée en plein milieu d'un combat entre deux meutes adverses ? La descente d'adrénaline provoque une remontée de fatigue, et j'aurai presque envie d'aller me recoucher.

— Viens au salon, m'ordonne Aëlys.

Je soupire et attrape mon débardeur. Je passe devant la poubelle et le jette dedans avant de descendre les deux marches qui placent le salon légèrement plus bas que la cuisine et la salle à manger. Je regarde la rouquine et elle m'indique la table basse ; je m'y assieds, face au canapé pour pouvoir y poser mes pieds affublés de deux socquettes dépareillées. Aëlys laisse échapper un pouffement de rire et me pousse dans le dos pour que je me penche en avant. Je m'exécute et elle applique un peu de désinfectant sur de la gaze pour enlever le sang, la terre et nettoyer les bords de la plaie. Je grimace, ça pique, et quelqu'un descend les escaliers.

Heart of Wolf - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant