Chapitre 29

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J'eus la certitude qu'il avait senti mon désir lorsque son regard se braqua sur moi. Je pus y déceler, profondément camouflé, contrôlé par une volonté de fer, le désir poindre dans ses prunelles.

Il ne pu retenir un grondement et je baissais les yeux de gêne. Dextra étouffa un rire.

-Nael, tu devrais relâcher les saikens de Léandre. Je ne suis pas certain qu'il apprécie que tu étreignes ses compagnons bouillonnant de désir.

Tout le monde s'esclaffa et je devins un peu plus cramoisi à ces mots.

-On se calme, vous me les faites rougir, gronda le démon en s'approchant de son ami.

Sa main caressa délicatement ma joue, me faisant relever la tête et mon regard plongea dans le sien. Il eut un sourire satisfait en avisant mes pupilles dilatées d'envie et m'attira brusquement à lui, m'arrachant des bras de Nael avec précipitation.

Il me sembla qu'il attrapa vivement la main d'Egio dans la foulée. En quelques secondes nous étions tous les deux blottis conte lui, profondément engoncés dans son siège, à moitié couverts par la lourde cape qui reposait sur ses épaules.

Aussitôt, ce fut comme si ce moment n'appartenait qu'à nous. Je ne percevais rien d'autre que son corps, fermement maintenu contre le mien. Mon esprit excluait toutes les autres présences pour se focaliser sur la sienne.

Egio regardait amoureusement notre maitre alors qu'il se penchait vers nous.

-Vous ne pouvez imaginer l'émotion que vous me provoquer à chaque fois que je sens votre désir impétueux de m'appartenir. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma longue existence.

Il nous susurrait tout ceci à l'oreille alors que ses mains effleuraient lentement nos hanches en une douce caresse qui invitait à l'alanguissement.

Je poussai un soupir de bien-être et posai ma tête dans le creux de son cou, y déposant quelques baisers, prenant un certain plaisir à voir sa peau se couvrir de frissons.

-J'ai mis tellement de temps à vous trouver, tellement de temps à pouvoir enfin ressentir ce bonheur, celui dont tout le monde me parlait. La plupart des démons de mon âge ont trouvé leur moitié depuis bien longtemps. Je pensais que ce plaisir m'était interdit, que je ne le ressentirais jamais. J'ai fait le rêve un peu fou de tenter l'aventure terrestre. Je refusais d'abandonner avant d'avoir tout essayé. Ce bonheur valait le coup que je sorte de mes habitudes, que je parte à la découverte d'un autre monde pour l'atteindre.

Mon cœur se serra. Pas de manière douloureuse. Il se serra d'émotion.

Je frémissais d'émotion comme ça ne m'était jamais arrivé avant de rencontrer notre maitre. Le sentiment d'être enfin accepté et choyé était renversante.



-Lorsque je vous ai apperçue, au milieu de ce village...

Il fit une pause et sa main quitta la nuque de mon frère qu'il caressait lentement depuis quelques minutes pour la passer nerveusement dans ses mèches, les ramenant en arrière.

-J'ai ressenti un tel besoin de possession. J'ai cru que j'allais perdre le contrôle et vous prendre à même le sol devant l'air offensé de tous vos compatriotes !

Alors qu'il nous débitait ceci, je vis avec amusement Egio observer d'un air morose la main qui avait si précipitamment quitter son corps.

Il la retira de la chevelure du démon, lui soutirant un sursaut de surprise et la reposa impérieusement sur ses hanches, le sommant de reprendre les délicates attentions dont il nous affublait.

Léandre observa Egio, étonné, avant que ses yeux ne se voile et qu'il esquisse un sourire tendre.

-J'aime te voir quémander et oser t'affirmer.

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