Nos derniers jours sur Terre passèrent à une vitesse folle. Nous arrivâmes donc bien vite à celui que j'attendais autant que je redoutais, notre rendez vous avec Amory.
Sa salle d'interrogatoire était froide et impersonnelle, légèrement mystérieuse. A son image. Cependant, il nous accueilli aussi chaleureusement qu'il le pouvait. Je le cotoyais à présent tous les jours. Je pouvais donc noter qu'il avait réellement fait un effort pour que je me sente à l'aise et cela me touchait.
La table qui devait habituellement servir aux différents sévices était recouverte d'une épaisse couverture et un coussin y était apposé, semblant attendre que je m'y adosse. C'était bien ridicule ! Comme si je comptais survivre à cette épreuve ailleurs que dans les bras de mon maitre.
Légèrement tendu, je me rapprochai instinctivement de lui. Son bras vint envelopper ma taille et m'attira un peu plus dans son étreinte.
-Tout va bien se passer. Je ne te quitterai pas et Egio sera juste dans la pièce d'à côté.
Je ne craignais rien et je le savais. Cela ne m'empêchait pas de trouver mes jambes bien grelotantes. La crainte ne se controlait pas.
Dextra, le saiken qui m'avait mené à cette situation, attendait sur le côté dans une posture docile.
-Egio ?
L'intéressé tourna la tête.
-Tu peux te joindre à lui, je t'appellerai lorsque tout sera terminé.
Il vint me claquer un bisou sur la joue, comme un encouragement silencieux, et me jeta un dernier coup d'œil inquiet. Il n'était toujours pas très à l'aise à l'idée que quelque chose traverse une partie de mon corps de cette façon.
Je lui fis un maigre sourire. Je savais que me voir paniquer le ferait d'office angoisser à son tour. Il était inutile que nous soyons deux à être effrayé !
Les deux saikens empruntèrent une porte sur notre droite et disparurent, nous laissant seul avec mon bourreau.
Léandre s'avança et s'assit avec décontraction sur la table. Il me tendit la main, me faisant signe d'avancer jusqu'à lui.
Je m'exécutai en frissonnant d'appréhension.
"Tout va bien se passer, tu peux le faire. Tu as déjà vécu tant de chose ! Comparativement ce n'est qu'une simple piqure d'araignée, rien du tout." me rappelai-je en m'avançant vers lui.
Son étreinte me relaxa et je me laissai aller contre le démon aux cheveux sombres, prenant place sur la table. C'était un moment important. J'étais heureux de le vivre dans ses bras.
-Ce n'est pas une procédure bien compliquée, commença à expliquer Amory pour me détendre. Dans notre monde, nous la pratiquons de manière assez courante sur les saikens. Beaucoup de démons aiment apposer leurs marques sur leurs compagnons de cette façon et d'autres le portent eux même dans un but purement esthétique.
Tout en me parlant, il semblait désinfecter une aguille qui me paraissait bien trop longue et épaisse pour le petit bout de chaire qu'elle s'apprêtait à martyriser.
J'étais surpris que des démons acceptent de porter une telle chose. A mes yeux cela rehaussait mon caractère de saikens, je n'envisageai pas que cela puisse être aposé sur un être censé representer puissance et domination. Les démons me surprenait de jour en jour. Je ne les avais jamais vu etiqueter quelque chose. Tout était possible pour tout le monde. Aucune posture n'était humiliante, aucun vêtement n'était asservissant. Tout dependait de ce que l'on degageait et de la manière dont on l'exhibait.
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Saikens
RomanceC'est dans le chaos d'une crue soudaine que les démons se sont installés sur les terres du roi Ménas. Silencieusement, ils se sont fait une place, imposant leurs moindres désirs d'une puissance implacable. Adriel et Egio sont deux jeunes hommes viv...