J'étais angoissé. Ma main enserrait celle du démon. Je me raccrochais désespérément à sa présence alors que nous étions déplacés vers ses terres.
Nous avions emprunté plus tôt dans la matinée un portail utilisé fréquemment chez les démons. Il permettait de se rendre en un temps raisonnable dans une autre sphère. J'avais été impressionné par la technologie qu'ils avaient su mettre en place, les humains ne faisaient pas ce genre de choses.
En général, ceux qui tentaient de s'ouvrir aux sciences et d'apprendre à manier les énergies étaient vite catégorisés comme malsains et dangereux. Ils mourraient sur la place publique s'ils n'avaient pas la chance d'être seulement contraint à s'isoler du reste de la population.
Nous avions du mal à nous ouvrir à ce que nous ne comprenions pas, j'avais toujours trouvé cela fort triste.
Contre moi, Egio tentait de se donner un air confiant, son menton était relevé, ses yeux fixés sur le tourbillon d'arabesques qui nous faisait face et nous entourait.
J'aurais presque pu me laisser berner si je n'avais pas senti les tremblements de son corps contre le mien ni ses petits doigts agripper les pans de ma tunique.
Notre maitre nous avait passé une tenue traditionnelle sur le dos pour notre arrivée en enfer. Nous avions donc enfilé une chemise de lin couverte de motifs.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi habillé. Elle dissimulait nos bras, relevait la courbe de notre taille à l'aide d'une ceinture finement attachée sur nos reins.
Le brun avait lui aussi fait une drôle de tête en découvrant le vêtement coloré. Il faut dire que l'on s'habitue au plaisir de se sentir à moitié nu contre les autres. Les démons aimaient nous voir exposés et je m'étais aperçu que j'appréciais tout autant sentir leurs regards courir sur ma peau.
Notre démon ne s'était pas trop attardé au repas d'hier soir. Il avait embrassé chaudement les joues de ses comparses en leur souhaitant une bonne fin de voyage sur nos terres. Apparemment, nous ne tarderions pas à revoir Dextra et Kalum et cela me rendait très heureux. J'avais hâte d'apprendre à connaitre davantage le saiken.
-Maitre, nous sommes bientôt arrivés ?
La voix de mon frère était empreinte de peur. Il regardait les spirales de fumée qui nous entouraient d'un air terrifié, se cachant à moitié dans mes bras.
-Oui mon doux, nous sommes à quelques minutes des Enfers.
Il avisa nos airs de chiots perdus et nous lança un sourire qui se voulait rassurant.
-Vous n'avez aucune angoisse à avoir, encore moins en ma compagnie. Ce moyen de transport est sans nul doute effrayant lorsqu'on l'emprunte pour la première fois, mais c'est le plus sûr de tous, bien plus qu'une chevauchée sur le dos d'Ocre qui pourrait vous briser en deux si vous aviez la malchance de basculer dans le vide !
Cette tirade nous rassénéra tous les deux, même si j'avais du mal à imaginer quelque chose de plus sécuritaire que la sage monture de notre maitre. Je sentis Egio se détendre légèrement sans toutefois desserrer sa prise autour de moi.
La vapeur voletait en petit tourbillon comme des arabesques étonnantes. Celles-ci semblaient toujours nous effleurer et pourtant nous ne la sentions pas du tout.
Je ne réalisai pas que nous étions en train de nous déplacer au sein de notre monde, que nous avions quitté la terre et arriverions bientôt ailleurs. Nous serions dans un nouveau chez nous, entourés de maitres et de sa horde.
Les volutes de fumée s'éclaircirent petit à petit et je crus déceler un paysage.
Le tunnel qui nous avait englobé disparut lentement et je manquai de m'écrier en m'apercevant que ce que j'avais préalablement pris pour des montagnes rocheuses n'étaient autre que des silhouettes qui nous entouraient et semblaient attendre notre arrivée avec impatience.
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Saikens
רומנטיקהC'est dans le chaos d'une crue soudaine que les démons se sont installés sur les terres du roi Ménas. Silencieusement, ils se sont fait une place, imposant leurs moindres désirs d'une puissance implacable. Adriel et Egio sont deux jeunes hommes viv...