Saikens

Chapitre 25

Cela faisait plus d'une heure qu'Egio somnolait contre Léandre, cajolé par le démon.

Maitre m'avait donné l'autorisation de fouiller dans les tiroirs placés sous son bureau, et je sentais son regard ardent brûler ma nuque alors que je m'extasiais devant les différents carnets qui les peuplaient.

-Ce sont les vôtres ? M'exclamais-je à son intention.

-Ceux que j'ai rédigé lors de mes nombreux voyages effectivement.

Je lui lançai un regard pétillant, envieux d'en savoir plus et il rit de mon enthousiaste.

-Les enfers sont extrêmement étendus et il y existe toutes sortes de paysages, peuplés par toutes sortes de peuples.

-On pourra voyager avec vous, un jour ?

-Evidement mon doux ! Jamais je ne pourrais m'éloigner de vous. Ou que j'aille vous me suivrez et je prendrais plaisir à vous faire découvrir tout ce qui compose mon quotidien.

Je ne pris pas la peine de répondre et continuai à ouvrir un à un les bouts de papiers jaunis reliés entre eux.

Parcouru d'une écriture fine et délicate, entourant des croquis originaux représentant des objets et êtres qui m'étaient inconnus, je me plongeai avec joie dans l'univers des démons, observant avec attention les dessins plus que les mots que je ne pouvais comprendre.

-Vous pourrez me lire vos descriptions, maitre ?

Je me tournai vers lui et le vit acquiescer avec un sourire.

-Je vous apprendrai ma langue lorsque nous serons dans ma horde. J'aimerais que vous puissiez comprendre tout ce qui vous sera dit. Nous ne sommes pas nombreux à parler la vôtre.

-Tous les démons parlent la même langue ? m'étonnai-je.

-Oui. Quelles que soient les distances qui nous séparent nous restons un seul et même peuple dirigé par le même conseil de démons de l'ombre.

J'aimais cette idée d'une grande famille et je m'imaginai un instant être capable de reproduire les diverses sons qui constituaient la langue de Léandre.

J'aimais la manière dont ils roulaient sur leur langue, les différentes sonorités qui s'accordaient ensemble, formant une langage doux et chantant.

-Et puis il serait plus pratique pour vous de savoir communiquer avec les autres saikens. Vous ne vous en doutez pas encore mais ils sont très liés et il n'est pas rare qu'ils développent entre eux des liens puissants.

Je me relevai vivement et m'approchai de lui, grimpant sur le lit avec agilité et me glissant dans le dos d'Egio qui gigota un peu dans son sommeil.

Maitre me caressa la joue et repris :

-Apprendre ma langue vous permettra de garder contact malgré la distance. Ma horde possède plusieurs messagers qui accepteront sans rechigner de leur livrer vos lettres.

Je me figeai et lui lançai un regard incertain.

-Je ne suis pas sûr de réussir à ecrire maitre.

-Ne t'inquiete pas mon tendre saikens. Ma langue n'est pas plus compliqué que la votre à écrire. Il est vrai qu'elle comporte certains signes complexes mais dans l'ensemble vous devriez réussir à vous faire comprendre.

Je rougis et me tortillai gêné.

-C'est que nous n'avons jamais appris à écrire.

Ses yeux s'écarquillèrent et il bégaya.

-Vous savez lire ?

Je secouai négativement ma tête, le laissant perplexe.

-Pourquoi vos professeurs ne vous ont-ils pas appris ces enseignements indispensables ?