Chapitre 23

6K 526 19
                                    

Pour la première fois depuis quelques jours ce ne fut pas la douceur qui caractérisa mon réveil.

Egio était assis à califourchon sur mon bassin et me secouait énergiquement les épaules.

J'aurais pu être scandalisé par la violence de cette action si je n'avais pas aperçu les larmes brouiller la vue du plus jeune.

Sans me poser de question, je me redressai vivement et attirai le brun contre moi en grimaçant. Mes muscles étaient endoloris après avoir subit le plug une journée entière et je me sentais reconnaissant que le démon ait décidé de nous les enlever pour la nuit.

-Que se passe-t-il Egio ? C'est le maitre qui te manque ?

J'avais tenté d'adoucir autant que je le pouvais ma voix pour apaiser mon compagnon.

En effet, le démon nous avait rapidement embrassés avant de quitter la chambre relativement tôt, nous laissant somnolant sous les nombreux édredons. Apparemment il comptait revenir en début d'après-midi afin de nous emmener découvrir le domaine que nous n'avions pas encore pu visiter, faute de temps.

Le plus petit se mit à sangloter contre moi sans explication et la panique me gagna peu à peu. Egio était capricieux, se plaignait souvent, mais il se montrer rarement aussi faible devant les autres. Rares étaient les fois où il s'était permis de craquer dans mes bras.

-Egio, je t'en prie ! Explique-moi ce qu'il se passe, le pressai-je.

Il leva vers moi des yeux abattus.

-J'ai perdu le beau bracelet de maitre. Je pense que je l'ai laissé sur le fauteuil dans le salon. J'étais si fatigué hier soir lorsque nous sommes partis que je l'ai oublié.

Ses sanglots devinrent plus intenses et cela accentua mon affolement.

-Je me sens froid, mon cœur est serré. Je suis nauséeux et vide. C'est comme si mon âme savait qu'elle avait fait quelque chose de mal, que mon maitre allait être en colère et je ressens le besoin de me racheter.

J'allais prendre la parole quand la même vague d'amour qui nous avais assailli la vieille nous envahit avec force. Notre maitre avait senti la détresse d'Egio et il ne semblait pas aimer cela.

Aussitôt, les pleurs d'Egio se calmèrent et il eut une respiration douce, légèrement hachée par les pleurs.

-Tu vois, maitre t'aime. Si tu as oublié le bracelet dans le salon alors nous irons le chercher. Ce n'est pas un problème.

-Mais c'est un cadeau de son ami. Il va m'en vouloir de ne pas en avoir pris soin et il ne me fera plus jamais confiance, maugréa-t-il en reniflant, chassant d'un geste colérique les mèches qui lui tombaient devant les yeux.

-Ne dis pas de bêtises.

Je frictionnai tendrement son dos, tentant en vain de l'apaiser. Egio était très sensible, ayant tendance à s'inquiéter pour des choses qui ne devraient pas lui prendre autant d'énergie.

Calé contre mon torse, il avait l'air calme et résigné mais je le connaissais assez pour savoir qu'il n'allait pas pouvoir passer à autre chose tant qu'il n'aurait pas réglé le problème et il me donna raison en se redressant brusquement, les yeux brillants.

-Il n'est pas obligé de le savoir, je peux aller récupérer le bracelet avant que maitre ne revienne, s'écria-t-il avec entrain.

Imaginer le brun marcher seul dans les interminables couloirs sombres me fit frissonner et je secouai vivement la tête.

-Maitre ne nous a jamais interdit de sortir de la chambre mais je ne suis pas sûr qu'il soit rassuré à l'idée de te savoir dehors.

-Je reviendrais avant qu'il ne s'en aperçoive, je me souviens du chemin qui mène au salon. En quelques minutes je serais de retour avec le précieux bracelet, plaida-t-il.

Il me vit hésiter et continua avec inquiétude :

-Je t'en prie Adriel, s'il te plait. Je ne veux pas que maitre soit fâché contre moi, je veux me racheter.

Je me noyai dans son regard suppliant et soupirai. Je ne pouvais jamais refuser quoi que ce soit au plus jeune. Il m'avait toujours à l'usure.

C'est la raison pour laquelle je l'accompagnai à la porte en lui répétant plusieurs fois les mêmes recommandations et que je fixai sa petite silhouette disparaitre dans la noirceur du château avec appréhension.
Ce n'était définitivement pas une bonne idée.

N'ayant aucun moyen de savoir s'il allait bien, je tournai en rond dans la chambre, inquiet.
Egio avait refusé que je l'accompagne et je commençai à regretter de ne pas l'y avoir forcer.

L'attente était insoutenable et je décidai d'aller me laver pour tenter de me changer les idées. Il n'arriverait rien à mon compagnon et il allait revenir sain et sauf d'ici quelques minutes.

L'eau presque trop chaude pour être supportable apaisa mes muscles tendus et je me savonnai rapidement pour être présent au moment où le brun passerait la porte.

Enroulé dans ma serviette, j'étais occupé à démêler mes longues mèches blondes lorsque j'entendis distinctement quelqu'un pénétrer dans la pièce avoisinant la salle d'eau.

Je lâchai immédiatement le peigne fin et me précipitai dans la chambre avec joie. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit de retour aussi vite.

Mon euphorie fut de courte duré et je me stoppai sur le pas de la porte, incertain.

-Maitre ?

Celui-ci faisait le tour de la pièce, l'air inquiet.

-Adriel !

Il se précipita dans ma direction et m'enserra de ses bras puissants, me saturant de son contact et de son odeur.

Ce geste ne le satisfaisait apparemment pas assez puisqu'il m'arracha ma serviette, me collant complètement à lui, peau contre peau.

-J'ai ressentis votre panique et votre peur, j'ai décidé de faire une pause, j'avais besoin de vous voir pour m'assurer que vous alliez mieux. Que s'est-il passé ?

Ne sachant pas comment réagir, je me murai dans le silence, profitant des caresses qu'il me prodiguait.

-Egio ne vient pas ?

Je me figeai, alarmant mon maitre.

Il m'éloigna de lui et son regard accrocha le mien.

-Mon doux, je veux des réponses. Pourquoi Egio ne sort-il pas de la salle d'eau ?

Son ton était doux mais ferme. Il ne demandait pas, il exigeait et ne me laisserait pas filer tant qu'il n'aurait pas eu ce qu'il désirait.

-Parce qu'il n'y est pas, murmurai-je d'une petite voix en baissant la tête, honteux.

Le tourment déjà ressenti auparavant prit possession de moi et immédiatement, le corps de mon maitre se pressa contre le mien.

-Non ! Je refuse, tu n'as pas le droit d'être triste. Je ne vais pas me mettre en colère mon tendre saiken. Rien de ce que vous aurez pu faire ne me rendra furieux.

Il posa deux doigts sous mon menton et releva mon visage, embrassant longuement mon front.

-Egio a perdu votre bracelet, cela l'a mis dans tous ses états et il a décidé d'aller le chercher dans le salon, débitai-je sans respirer, fermant les yeux de crainte, ne voulant pas voir ceux du démon se teinter de colère.

Saikens Où les histoires vivent. Découvrez maintenant