Chapitre 16

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Les évènements de la journée m'ayant achevé, je somnolai le reste du repas contre mon maitre avec Egio. Il nous caressait les cheveux en de lents gestes apaisants et il fut bien difficile de résister au sommeil.

-Que leur as-tu fait pour qu'ils tombent de fatigue ? plaisanta une voix que j'analysai comme étant celle de Nael.

Je compris qu'il s'était mis à parler notre langue pour que nous comprenions et le torse de notre démon se secoua d'un rire.

-Je jure que je ne leur ai rien fait. Rien de plus que ce dont ils avaient besoin.

Je laissai la suite de la conversation s'éteindre en arrière-plan et me tendit pour poser mes lèvres contre les oreilles de mon maitre.

-J'avais besoin de jouir entre vos mains ? m'enquérais-je d'un sourire.

-Oui. Tu avais besoin de me marquer de cette façon. Tu ne sais seulement pas à quel point.

Il embrassa tendrement ma tempe et me laissa me caler contre lui à nouveau. Je m'approchai d'Egio et l'encerclai de mes bras.

-Comment tu te sens ? me murmura-t-il.

Je sentis l'angoisse dans sa voix, à peine dissimulée et raffermis mon étreinte.

-Je vais bien. La douleur est partie.

-Tu m'as fait peur. Tout ça me fait peur. Tu imagines à quel point nous sommes dépendants de son bon vouloir ? Une colère et nous nous tortillons de douleur.

-Il ne faut pas être effrayé. L'amour est fait de tendresse et d'une peur irrationnelle et viscérale. En te laissant prendre une place dans ma vie, je te laisse entre les mains le pouvoir de me détruire. C'est ça la beauté de la chose.

Il tourna légèrement sa tête vers moi et me lança un regard perdu.

-C'est dangereux.

-Oui. C'est la raison pour laquelle j'ai veillé sur toi toutes ces années. Je me serais liquéfié de douleur s'il t'était arrivé malheur. La vie est faite ainsi. Tu confies ton cœur aux autres et tu prends soin d'eux pour qu'il ne lui arrive rien.

-Oui mais ce matin, ta douleur... c'était anormal. Je n'ai jamais eu aussi mal lorsque tu te fâchais.

-C'est parce qu'on a le privilège de partager un lien ineffaçable. C'est le prix à payer contre la certitude que l'on sera toujours ensemble.

Ses yeux brillèrent intensément et il se tordit pour tenter d'atteindre mes lèvres.

Soudain le rire feutré de notre maitre se fit entendre et il attrapa Egio par la taille pour le tourner face à moi.             

Celui-ci n'attendit pas plus longtemps et se laissa couler contre moi, glissant ses lèvres sur les miennes.

-Vous êtes si mignons mes saikens.

Le baiser fut ardent et je me demandai un bref instant comment j'avais pu me priver de ça aussi longtemps.

Les sons harmonieux produits par les différents démon finirent par avoir raison de moi, et lorsque je me réveillai, j'étais allongé tout contre un des coussins moelleux, dans le lit de notre maître.

J'entendais distinctement celui-ci rire avec Egio ainsi que les soubresauts de l'eau du bain, et décidai de les laisser tranquille pour le moment. Après tout, contrairement à moi mon frère n'avait jamais été seul avec le démon. C'était à lui de profiter.

Ne comptant pas les rejoindre mais n'arrivant pas à me rendormir, je me dirigeai vers le bureau de notre maitre où la nourriture se trouvait toujours. S'étendaient devant moi entre autres une corbeille remplie des fruits dont Egio raffolait ce matin même, ainsi qu'une brioche finement tranchée protégée dans un sac de tissus. Ça et la gisaient les corbeilles que nous avions dépouillés de leur tranche de pain et je remarquais que le pot de confiture de gyanier ne reposait plus sur la table.

Saikens Où les histoires vivent. Découvrez maintenant