Chapitre 35

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On était si heureux d'être revenu chez nous. On a passé deux jours à ranger la maison, l'aérer, nettoyer le jardin. On rigolait ensemble.

« Tu sais papa, on aurait dû laisser les clés à tonton. Ça nous aurait bien évité ces corvées !

- Ce n'est pas faux !, m'a-t-il répondu avec son grand sourire. Je l'embauche pour nos prochaines vacances !

- Ah !, lui ai-je répondu timidement. On ne devait pas le mettre dans nos valises à notre prochain voyage ?

- Hum, c'est un problème. On va devoir faire un choix difficile, me dit-il en rigolant. Qu'est-ce qu'on fait ?

- On prend Eddie, tonton, et on met la maison en location ! Notre voyage sera amorti !

- Toi et tes maths ! », m'a-t-il répondu avant d'allumer la tondeuse. 


On a ensuite parlé notre futur, il était tout trouvé avec toi et notre salle de sport. On était si heureux de cette trouvaille ! Je sais que tu avais obtenu le prêt, je l'ai vu à ton visage ce jour terrible, la mort de mon papa chéri.

Je suis tombée dans le coma, je me suis réveillée et je t'ai vue. J'ai appris ma durée de mon coma. J'avais douze ans pour du vrai et quinze ans par rapport à mon nouvel extrait de naissance. Madame Lee avait déjà tout prévu pour me séparer de toi, elle a ruinée ma vie... Il est temps pour toi de le savoir, cette femme est tout simplement ma belle-mère, la femme de mon père biologique, la meurtrière de mon père... Elle a vengé l'emprisonnement de son mari et la mort de son fils qui s'est suicidé dans sa cellule après un viol collectif. Je suis partie réparer mes jambes, récupérer de la force pour venger la mort de mon papa parti trop tôt, la mort d'Eddie qu'elle a tué, pas de ses mains certes, mais qu'elle a tué tout de même en ôtant la vie de papa, puis en m'enfermant dans un coma qui pour mon chien fut un abandon de trop.


Elle m'a envoyé dans un centre de rééducation dans l'Illinois. Le plus dur pour moi, eut été de faire semblant que je ne me souvienne pas qu'elle était la responsable de tout ça. Elle m'a déposé, puis elle partit.

Au cours de ma rééducation, le médecin qui s'occupait de moi m'a dit qu'en fait, c'est moi qui me suis mise dans ce coma à cause du traumatisme, que mes jambes, c'est moi aussi qui les est rendues impuissantes quand je me suis débattue pour atteindre mon père au sol. On parlait beaucoup tous les deux. Il était mon médecin, mon ami, mais il n'a jamais été pour moi un substitut de mon papa. D'ailleurs, une fois le centre terminé, je l'ai simplement remercié de ses vingt-quatre mois passés avec lui avant de rejoindre un foyer.

L'avantage d'un foyer, c'est qu'il n'est jamais bien surveillé. On est livré à nous-même. Au lieu de passer mon temps à l'école, je me suis entraînée au combat. Mes jambes ont souffert, j'ai vite compris que je pourrais me venger simplement avec mes mains. J'ai décidé de rester au foyer jusqu'à ma majorité et j'ai bien fait. Le chef du foyer est venu à moi, il m'a accompagné à toutes mes séances au tribunal pour témoigner pour ma famille d'accueil, Marc et les personnels de la grange. J'ai beaucoup voyagé pour ça. Il était très gentil avec moi quand il a découvert mon passé. Il a eu de la compassion, il a compris mes absences scolaires, mes colères envers les enfants qui essayaient de me draguer. Quand on est revenu au foyer, il a fait une réunion. Il a menacé les enfants de punitions s'ils continuaient à m'embêter, que quand je disais non, c'était non. Il est le seul avec mon médecin du centre de rééducation à avoir voulu m'aider, mais les seules personnes que j'ai laissées entrer dans mon cœur sont morts : papa et Eddie. Toi, tu es aussi dans mon cœur et tu es toujours en vie. Je suis heureuse, au moins une personne autour de moi et que j'aime vit toujours. Je ne voulais pas faire de nouvelles victimes, car je savais que madame Lee me surveillait et surtout mon cœur ne voulait aimer personne.


J'ai quitté le foyer le jour de mes dix-huit ans, les dix-huit ans de ma date de naissance sur mes papiers d'adoption. J'ai touché l'argent de mes indemnités pour préjudices moraux et puis autres. Tout de suite, j'ai loué une chambre d'hôtel, j'ai acheté un ordinateur et j'ai été à la prison, voir le père biologique, en Californie.

« Qu'est-ce que tu fais là ?, m'a-t-il dit méchamment.


Je l'ai regardé avec un grand sourire, un sourire de vengeance. J'ai pu voir une peur dans ses yeux. Je suis partie. Je suis retournée à l'hôtel après quelques heures de vol en avion. J'ai tout repris depuis le début. J'ai organisé la mort de toutes les personnes qui m'ont fait du mal. Je suis revenue à Honolulu. La première chose que j'ai faite, fut de te trouver. Tu étais à la plage, sur ta planche de surf avec des enfants, tu leur donnais des cours. J'étais émue de te voir, mais je n'avais pas le temps de venir à toi, car tu m'aurais empêché de faire ce que j'avais prévu de faire.

Je me suis rendue à la « maison invisible », j'ai pris les armes dont j'avais besoin. Je me suis débarrassée des autres, un homme a payé cher pour les avoirs. Les miennes, je les ai laissées dans la maison. Je suis partie de nouveau sur le continent. J'ai commencé mon massacre...

Une enquête de longue durée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant