Chapitre 20

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''J'ai fini dans une ville après avoir traversé un champ. J'ai passé mes nuits à voler dans des magasins, mais un soir, j'ai dû stopper. La police dans cette ville était bien plus dense qu'à Honolulu. Je me suis réfugiée dans une bibliothèque, mais rapidement, j'ai dû la fuir, et avec le ventre vide. Des jours ont passé, je mangeais dans les poubelles des restaurants. Un soir, je suis tombée sur Joshua avec des amis que je ne connaissais pas. Ils sortaient d'une maison en feu. J'ai fui, peur qu'il me voit. J'ai décidé de monter dans un camion puis d'attendre de voir où il me mènerait. On a roulé longtemps et on s'est arrêté souvent, aussi. Je suis restée à l'intérieur quand il s'arrêtait sur des aires d'autoroutes pour éviter de me perdre dans des champs, mais une fois qu'il fut arrêté dans une zone commerciale, je suis descendue en coupant la bâche. L'homme m'a vu sortir, il a crié, mais personne n'a cherché à m'attraper.

J'ai dormi derrière des poubelles à même le sol ou sur des cartons. Puis un soir, j'ai trouvé ma place, j'ai fait mon nid. J'ai été curieuse et prise par cette curiosité, je suis entrée dans un nouveau danger. Tous les soirs, des enfants faisaient des duels de combat. Pendant ce temps, je mangeais les miettes au sol et je volais une bouteille d'eau ou de boisson que les spectateurs posaient au sol. Je me suis fait agresser deux fois : la première fois, ils ont fui, la seconde fois un peu plus difficilement. Entre ces deux agressions, il y a eu un homme qui s'est présenté à moi, Marc. Il m'a vu me battre contre ce trio et il m'a proposé des repas et un lit chaud contre des combats. Après cette deuxième agression, j'ai accepté son offre. Plus tard, il m'avoua qu'il était le responsable de la dernière agression. Il voulait un nouvel élève. Il savait que la police me recherchait grâce à la description du manteau. Il m'a vu sale, affamée, ce ne pouvait être que moi...

Je ne vivais pas dans la même maison que lui. Il habitait juste à côté de moi, certes, mais moi, j'étais au sous-sol de l'agrandissement de sa maison. Sa femme et lui avaient un enfant. Je l'ai  rencontré une fois. Marc, mon entraîneur, m'a présenté à eux comme une voisine. Il a trouvé en excuse que mes parents étaient aux urgences. J'ai bien mangé ce soir-là, mais j'ai vu sa femme, elle était bizarre, elle n'a pas cru, Marc. Je ne disais rien. En même temps, la dernière fois que j'eus parlé était avec Steve, et il a aussi été le premier à mon retour à Hawaï. En fait, quoiqu'il fût ma mission, il ne l'est plus depuis que j'ai appris la mort de Bernard, il est le seul avec qui je communique le plus, même si parfois, je parle avec Jerry et Daniel. Daniel nous a aidés à nous comprendre, il est le premier à avoir réussi à renouer un contact entre Steve et moi. La seule façon que j'avais trouvée pour communiquer avec Steve était la violence, mais comment comprendre ce geste ? Il pensait que je ne l'aimais pas...

Je m'égare souvent dans mes écrits, mais ce n'est pas grave, j'en étais avec Marc.

J'ai fait beaucoup d'entraînements avec lui et j'ai trouvé ma technique de combat. Comme avec Bernard, l'élève a battu son maître, mais quoi que je lui servais juste de gagne-pain, je suis restée, car il n'y a eu aucune souffrance sauf au combat. Je mangeais à ma faim, me lavais, et avais un lit bien chaud. Une petite chambre juste pour moi avec quelques peluches.

Puis, un soir, j'ai assisté à un enterrement dans un lieu gigantesque. Un corps y a été jeté. Je n'ai pas posé de questions, de toute façon, j'étais muette pour éviter les ennuis. Cette scène m'a marqué, je ne pensais qu'à ça.

Au fur et à mesure de mes combats, Marc a décidé de faire du deux contre un, ensuite du trois contre un. Ensuite, pour gagner encore plus d'argent, il a continué les trois contre un avec arme sauf pour moi. J'ai une cicatrice qui traîne quelque part sur mon corps, mais parmi toutes celles qui sont présentes, je ne peux pas dire laquelle est-ce. Quoiqu'il gagnât beaucoup d'argent, il vendait aussi de la drogue. J'étais avec lui. Il faisait la fête et moi, je dormais dans un coin. Il ne m'a jamais drogué, peur d'une overdose et peur de perdre sa poule aux œufs d'or. Une gentille femme pansait toutes mes blessures.

Puis, un soir, durant un combat, Steve est apparu avec une équipe pour me sortir de là. Marc et moi, on a fui, mais on nous attendait déjà dehors. Il a menacé la police, mais Steve n'a pas eu peur, il a avancé. Marc s'est fait tirer dessus.

J'ai envoyé un mail à l'inspecteur responsable de cette enquête, l'inspecteur Draw. Bien sûr, je me suis fait passer pour Steve. Marc n'est pas mort, il est dans un centre de rééducation. Il se souvient de sa femme et de moi. Il dit que je suis sa fille et qu'il attend avec impatience mon retour. Monsieur Draw pense que Marc arrange sa vie à sa sauce, il n'a pas parlé de combat ou de drogue juste de sa femme qui l'attend à la maison avec sa fille. Mais alors, où est son fils ? L'ai-je imaginé ? Ou l'a-t-il tout simplement oublié ?

J'ai aussi demandé un rapport du site où tous les corps furent entassés dans un trou. Il y avait en grande majorité des garçons. Les enfants étaient âgés entre onze et dix-huit ans. Tous avaient des marques de coups et de défenses. La conclusion de cette enquête fut que les enfants sont morts d'un coup mal porté durant un combat, d'autres d'un arrêt du cœur à cause de la fatigue. J'aurais pu être dans ce trou...

Quand Marc est tombé sur le parking pour fuir, j'ai crié. C'est Steve qui m'a retiré du corps inerte de Marc. Les médecins ont certifié à Steve que j'avais le syndrome de Stockholm ! Il ne faut pas exagérer tout de même ! J'ai juste pris conscience que sans Marc, j'allais retourner vers ma mission... Steve n'avait certainement pas fait tout ce chemin juste pour me retirer des mains d'un homme. Puis d'ailleurs, s'il était là, c'est qu'il m'avait cherchée ! Et c'est exactement ça, il s'est engagé à être mon tuteur...''


Le lendemain, au petit-déjeuner, Steve raconte la fin du calvaire de Sarah. Il sait qu'il a encore des pages à lire, des pages d'elle et lui sur l'Archipel. Il a passé le plus dur du cahier et il l'espère. Il a peur de lire la suite, mais en tant que flic, que tuteur et bientôt, il l'espère de père, il veut comprendre sa fille, la connaître pour enfin tirer un trait sur le passé, l'oublier un minimum.


« Tu penses qu'elle va accepter de te dire où se trouvent ces maisons puis le corps de Delphine et sa fille ?

- Il le faut, Daniel. Il le faut pour qu'elle puisse avancer. À notre retour, dès qu'elle ira mieux, toi et moi, on ira arrêter ce surveillant et j'aurai deux mots à dire à cette directrice !

- Tani et Junior enquêtent déjà sur ce surveillant, discrètement. », dit Daniel avec un petit sourire au coin.

Steve lui répond avec un sourire. Il a un bon ami devant lui.

Une enquête de longue durée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant