Chapitre 11

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Juin.

Steve arrive avec sa fille au QG. Elle file directement dans le bureau. Steve va rejoindre Jerry pour une demande. Il a perdu son téléphone depuis la veille, il souhaite qu'il le géolocalise.

« Il est ici, Steve.

- Où ? »

Il montre Sarah. Steve comprend la fatigue de sa fille de ce matin. Elle s'est servie de son mobile, mais pour quelle raison ?

 « Sarah, ma puce. Je sais que tu as mon téléphone. Tu veux bien me le rendre. J'en ai besoin, tu sais, pour le travail. Qu'est-ce que tu faisais avec mon mobile ? Il y a beaucoup de photos pas très jolies pour toi là-dedans.

- Je n'ai pas regardé tes photos, ni tes données personnelles.

- D'accord. Ah !, dit-il en voyant l'historique de son application Internet. Tu ne m'as pas cru pour Bernard ?

- Si, je veux juste connaître les faits. Tu refuses de me parler de lui ou encore de l'incident avec les gens du bâtiment. Je veux savoir, dit-elle tête basse.

- Tu es trop jeune pour ça. Qu'est-ce que tu veux savoir ?, dit-il la voyant mécontente.

- Tout. Il est où mon frère ?

- Tu parles de qui ?

- Celui du bâtiment ! Celui que tu as blessé ? Marc !

- Il... Ma puce, il faut que l'on parle. »


Steve lui explique tout ce qui fut écrit dans les journaux : la mort de Bernard assassiné par on ne sait qui, la mort de la femme et des enfants ainsi que la fuite d'une quatrième personne toujours recherchée, puis le groupe des trois jeunes relâchés faute de preuves pour avoir donné l'endroit où elle était cachée à la plage. Après ce discours, elle baisse la tête, déçue.

« Ça va ? Je n'aurais pas dû te raconter tout ça.

- Non ça ne va pas !, répond-elle énervée. Pourquoi tu ne me dis pas qu'aucune de ces personnes n'a le même sang que moi ! Que ce trio est une mère avec ses enfants ! Que peut-être selon tes dossiers personnels, ce sont eux qui ont tué Bernard ! Et surtout que l'ADN trouvé sur la femme morte dans l'hôtel a un lien de parenté avec les deux gamins du bâtiment ! Il est leur père !

- Tu as fouillé dans mes affaires, Sarah ! Et dans les dossiers du QG !

- Je cherche les réponses que tu refuses de me donner ! J'ai le droit de savoir ! »


De la pièce centrale, toute l'équipe assiste à une dispute entre une gamine très en colère et un père qui essaie de garder son calme. Les tensions s'amenuisent doucement au bout d'une dizaine de minutes.

« Alors les quatre, c'est une famille. Ils m'ont élevée, mais je ne suis pas leur enfant.

- C'est ça.

- Alors, je n'ai pas de papa, ni de maman, ni personne.

- Tu as moi, tu as eux, dit-il en montrant l'équipe. On ne sait pas qui sont tes parents parce qu'ils ne te cherchent pas.

- Ils ne peuvent peut-être pas parce qu'ils sont morts ou parce que cette famille, dit-elle en parlant du dossier, elle est comme toi, une famille d'accueil.

- On ne sait pas qui ils sont. On ne connaît pas leur identité.

- Et leur tonton ? Pourquoi il n'est pas dans ton dossier ? Pourquoi tu ne vas pas lui parler à lui ? Il est policier lui aussi !

- Attends-moi là, je reviens.

- Non !, dit-elle en attrapant son bras. Je veux savoir ce que tu penses !

- On va faire quelque chose tous les deux. Je te dirai tout seulement quand on sera sûr des informations, dit-il en se dirigeant vers la porte.

- Non ! J'ai le droit de savoir, hurle-t-elle. C'est ma vie ! Ce n'est pas la tienne ! Ni la leur ! Arrête de dire que je suis trop petite ! On ne connaît même pas mon âge ! J'ai peut-être vingt ans et on ne le sait pas ! Je suis sûrement une naine ! Mon prénom n'est peut-être même pas celui-ci ! Tu n'as pas le droit de me cacher ma vie ! Tu es méchant ! Méchant, méchant, méchant ! », dit-elle en jetant tout ce qui se trouve sur le bureau au sol.


Steve la maintient à la suite de cette colère, elle est incontrôlable. Il appelle Daniel en renfort pour qu'il l'aide à retirer son étui et sa plaque autour de sa ceinture afin qu'elle ne se fasse pas mal. Elle se débat, hurle dans ses bras pour qu'il la lâche. Daniel sort ensuite sur la demande de Steve. Steve est au sol avec sa fille qui frappe et essaie de se retirer de ses bras. Il encaisse les coups, reste calme, il ne peut rien faire mis à part attendre que la crise cesse. Tous regardent, impuissants.

« Ça fait combien de temps que ça dure ?, demande Junior.

- Une heure de hurlement, une demi-heure de pleurs et cinq minutes de dodo, dit Daniel.

- Ils sont tous deux épuisés, dit Tani.

- Elle veut juste connaître son passé !, ajoute Jerry. Je peux la comprendre.

- Steve lui dira tout seulement quand les preuves seront là. Je le comprends, mais pas elle. », répond Danny en se rendant dans le bureau de Steve sur sa demande avec un geste de la tête.


« Aide-moi à la poser sur la banquette. Merci.

- Elle a fait une sacrée crise !

- On va dans ton bureau, tu viens.

- Alors, qu'est-ce qui l'a mise dans cet état ? Les cris cessent dix minutes puis partent de plus bels !

- Elle a dit quelque chose de très intéressant. L'oncle des jeunes du bâtiment est policier !

- D'accord, et à quoi tu penses ?

- Si cette information est exacte, peut-être qu'il était leur complice. Il a tout simplement fait disparaître cette famille et cette disparition d'enfant des fichiers. Ses parents la cherchent peut-être.

- Qu'il est supprimé les identités d'accord, c'est possible. Mais supprimer une recherche d'enfant porté disparu, moins. Ses parents doivent se rendre régulièrement au poste pour avoir des nouvelles de l'avancée de l'enquête.

- C'est vrai, oui. Sauf que peut-être les parents ne passent que par ce flic ou tout simplement, ses parents ne la cherchent plus, car il leur a donné un corps qui n'est pas leur fille.

- Steve, dit-il après être d'accord par ses possibilités. Si tes scénarios sont bons, elle va retourner chez sa famille si on la trouve. Tu es certain de vouloir trouver cet oncle ?

- Je sais, mais je ne sais pas quel rôle, il a joué. Si elle le connaît, il devait savoir tout ce qu'elle vivait et il a laissé faire. Je prends un risque de la perdre... »


Steve la gorge serrée ne parvient pas à finir sa phrase. Il quitte le bureau pour retourner dans le sien. Il range les affaires au sol puis il demande à Jerry de lui commander un nouvel ordinateur portable, le sien étant cassé en deux parties.

Une enquête de longue durée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant