Chapitre 38

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Il se rend à la morgue le lendemain. Il rencontre le légiste qui s'est occupé de Sarah.

« A-t-elle souffert, docteur ?

- Quelques secondes, ses organes ont brûlé très rapidement. Il y avait beaucoup de produits différents, elle voulait souffrir, se libérer du mal qu'elle a pu faire. »


Il quitte les locaux, il croise Rondon. Il vient à lui, le regard triste et dur à la fois.

« Je vous présente toutes mes condoléances, monsieur.

- Merci. Que faites-vous ici ?

- Je suis venu pour voir le corps. Je dois être certain que c'est elle derrière ses portes. Si c'est elle, je ferai en sorte que ses dernières volontés pour les biens de sa mère soient respectées.

- Merci.

- Je sais aussi que vous avez veillé sur elle. Vous étiez en contact avec son kinésithérapeute ainsi que le responsable du foyer. Pourquoi vous ne l'avez pas cherchée après sa majorité ?

- Je le voulais, mais elle avait disparu des radars. Elle était en mission. Qu'est-ce que vous croyez ? Si je ne l'avais pas perdu, elle ne serait pas derrière cette porte actuellement !

- Elle serait en prison.

- Non, on serait ensemble, loin d'ici. On aurait vécu des jours heureux en pensant à Steve et à la justice de son père.

- Que vous aurez fait ensemble ! Son père biologique s'est suicidé, reprend-il quelques secondes plus tard. Ses biens lui revenaient aussi.

- Je me fiche de ses biens ! Faites comme bon vous semble, au revoir. »


Daniel retourne à la maison de Steve et de Sarah. Il s'assied sur le seul meuble qui reste, le lit de Steve. À son tour, il sort une feuille et un stylo de ses poches, il écrit une longue lettre, son testament. Il donne tout à Jerry, le seul qui s'est soucié de Sarah durant son coma et de lui. Il envoie ensuite un message à celui-ci. Il lui dit où le trouver, quoi faire de lui puis un coup de feu résonne dans l'habitation.


Trois jours plus tard.

Jerry a tout organisé. Sarah et Daniel ont été incinérés. Jerry, Tani, Junior, quelques amis, quelques élèves de Daniel et Rondon sont présents pour la cérémonie. Le directeur du foyer ainsi que le kinésithérapeute du centre de rééducation de Sarah ont fait le voyage pour elle. Jerry lit le mot de Daniel :

« Je suis désolé de mon acte, mais cette enfant est pour moi, comme ma fille. J'ai survécu à la vie en sachant finir mes jours auprès d'elle à son retour ici, à la maison, mais elle a décidé de prendre un autre chemin. Je ne suis pas en colère de ces actes, moi aussi, j'ai du sang sur les mains. Je ne vais pas vous mentir, mais si elle m'aurait demandé de l'aide pour ces actes criminels, j'aurais accepté cette offre, pour elle, pour Steve, son père de cœur qui pour elle était bien plus. Moi aussi, je souhaitais venger cette mort injuste. Bien que j'aie tout fait pour dissuader ma chérie de ne pas m'aider, je savais qu'elle ne m'aurait pas écouté. On se serait disputé, elle aurait eu gain de cause et on l'aurait fait, ensemble. Mais elle savait qu'elle aurait mis plusieurs jours pour retirer sa colère envers moi. Sarah voulait certainement éviter ce problème. Elle voulait aimer et non-détester, mais cette rancune est un de ces défauts qu'elle ne pouvait fuir. Même si je pense que la première chose que l'on va faire en se retrouvant dans l'au-delà, sera une dispute, on sera heureux de se retrouver tout réuni pour l'éternité. Elle va se sentir coupable de me voir être auprès d'elle si tôt, mais mon cœur est vide. Elle a ensoleillé nos vies. Elle ne méritait pas de vivre tout ça. Adieu. S'il vous plaît, ne nous pleurait pas. On est tous réunis, ensemble, heureux. Aloha, mes amis. »


« Monsieur Rondon !, dit Jerry.

- Oui.

- Danny voulait que ça vous revienne.

- Qu'est-ce que c'est ?, demande-t-il en prenant le cahier.

- Ces écrits. ''Les déboires de Sarah''. C'est son journal intime en quelque sorte.

- Vous l'avez lu ?

- Quelques pages, c'était difficile. J'espère que ces écrits vous feront penser autrement. Cette enfant est pour moi une héroïne. Lisez-le dans l'avion. J'espère que, j'espère que vous parlerez de ses bons côtés à vos journalistes. Tout ce qu'elle a fait, elle l'a fait par amour.

- Elle a tué beaucoup de monde.

- Des gens cruels. Elle a aussi permis à des familles de vivre leur deuil. Elle a sauvé des vies. Moi aussi, je vais être un héros pour elle monsieur Rondon, et je vais en être fier, très fier.

- Ne faites pas de bêtise, monsieur Ortega. »


Quelques jours plus tard, Jerry récupère les cendres. Il respecte la demande de Daniel et de Sarah à une chose près : il ne soudoie pas le gardien comme demandé par Danny dans sa lettre pour lui éviter des problèmes.

Un soir, il entre par effraction dans le cimetière, il creuse là, où Steve se repose. Il ouvre le cercueil, verse l'urne de Sarah entre la poitrine et le bras gauche de son père, il fait de même pour Daniel au bras droit. Quand il se retourne, la police est là, elle l'embarque. Il regarde le lieu où reposent ses amis avec un sourire, les menottes aux poignets.

Le cercueil est refermé comme tel.


En Californie.

« J'aimerais que vous publiez un article sur cette enfant. Faites en sorte qu'on la voit comme une belle personne. », dit Rondon à un ami journaliste.

Une enquête de longue durée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant