Chapitre 17

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''Je suis née fille quelque part dans ce monde. Suis-je une vraie Américaine ou ai-je d'autres nationalités qui circulent dans mon sang ? Mes parents, me cherchent-ils ou bien sont-ils morts ?M'ont-ils abandonné ou y a-t-il une autre possibilité plus joyeuse?

Tout ce que je sais, c'est que je ne les connais pas, et que, donc peut-être, je n'ai pas grandi avec eux, ou peut-être quelques heures tout de même. M'ont-ils abandonné en pensant que j'aurai une meilleure vie ou juste parce que je n'étais pas voulue ? Toujours autant de questions sans la moindre réponse. Je pense qu'il est temps pour moi de me lancer, mes yeux coulent déjà avant même de commencer. Mes pages se mouillent de mes larmes. Heureusement, je suis seule devant cette page, je n'ai jamais eu le droit de pleurer même si je l'eus déjà fait, mais jamais devant mes tortionnaires non, jamais. Je me mets dans une bulle, fixe un coin, un objet ou tout autre chose et j'attends qu'ils terminent leur œuvre. Le fait de ne pas pleurer devant ses personnes cruelles les énervait au plus au point, mais pour moi, cela aurait été leur donner encore plus de satisfaction de me voir ainsi. Je peux juste remercier Bernard de m'avoir appris à garder les douleurs reçues à l'intérieur de moi-même si, parfois, non souvent en fait à cause de lui en cachette, je pleurais souvent, il a tué toutes les personnes que j'ai pu aimer. Et voilà pour quoi je ne veux plus aimer...

Ma vie au plus lointain que je me souvienne à commencer avec une famille de quatre personnes : le père alias ''le tueur des prostituées'', sa femme, mais elle, je n'ai aucun souvenir. Je ne me souvenais même pas de son visage, il m'est réapparu quand je l'ai vu sur le dossier la concernant au QG. Et les fils, Marc et Paul. Pour moi, avant de rencontrer Steve et de connaître leur lien de parenté, ils étaient mes parents puis mes frères, mais en fait, il n'en est rien. Alors des questions se posent encore une fois :sont-ils mes kidnappeurs ? Des amis de mes véritables parents ? Une famille d'accueil ? On ne sait pas, car aucune identité sur eux n'a été trouvée. Steve ne sait pas que je connais les noms des enfants.

Il y a aussi une autre personne que je voyais régulièrement, le flic en uniforme, le frère de mon pseudo-père. Je me souviens juste le voir s'approcher de moi puis plus rien. Je me réveillais plus tard et il n'était plus là, mais j'avais de grosses douleurs en bas du ventre et à mon sexe. C'est tout ce que je peux dire sur lui sauf, que, comme Steve, je pense qu'il a supprimé les identités de sa famille, la sienne des fichiers et aussi, que peut-être si vraiment, c'est le cas, l'avis de recherche me concernant. Steve pense qu'il est le responsable de mon kidnapping, le policier en charge de mon enquête et qu'il eut dit à mes parents biologiques que me retrouver à moins d'un miracle était impossible. Il a une deuxième version aussi, il pense qu'il a pu donner à mes parents le corps d'un enfant, autre que le mien pour classer l'affaire...

Avec le père, on allait régulièrement dans des hôtels où il faisait l'amour à des filles, je regardais simplement, assise dans un coin, attachée. Puis, quand on partait, la fille avait ses yeux grands ouverts, elle ne parlait plus, en fait, maintenant, je sais, elle était morte. Il me mettait dans la voiture, puis il y retournait seul avec de gros bidons.

Je me souviens de cette voiture jaune, cette couleur que j'ai apprise avec Bernard parmi d'autres. Je vois l'ombre de cette femme, qui devait être pour moi ma mère, assise sur le siège passager avant, le père au volant puis Paul et Marc à l'arrière durant des sorties en famille, loin de toute personne. Moi, j'étais attachée et au sol. Les garçons mangeaient toujours des bonbons et des gâteaux. Je me souviens surtout des gâteaux. Ils s'émiettaient beaucoup et ils me gardaient les miettes. Une fois toutes les miettes récoltées dans le paquet puis celles qui tombaient dans leur main, ils les mettaient dans un bol. L'un d'eux me prenait, me posait sur le dos puis tenait un entonnoir dans ma bouche, l'autre versait les miettes à l'intérieur. Je me souviens du rire de la mère, de ma couche qui se remplissait d'urine et de mes yeux trempés en ce temps-là, je pleurais. C'est tout ce que je peux dire de cette vie avec eux. Je sais que Steve dirait : '' c'est déjà bien, ça nous aide beaucoup''. C'est une phrase qu'il aime dire au témoin même si derrière, sans que celui-ci ne le voie, il dit ensuite à Daniel à l'extérieur du bureau en soufflant de plus : ''Son témoignage ne nous avance à rien, on a rien.'', d'un ton si désespéré.''

Une enquête de longue durée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant