Une enquête de longue durée.

Chapitre 13

Septembre.

« Je suis vraiment obligée d'aller dans une école, Steve ?, demande Sarah tristement.

- Il le faut, c'est obligatoire.

- Mais il y a d'autres façons d'étudier. On peut faire cours au QG.

- Je ne peux pas te faire cours, pas avec le travail.

- Et Jerry ?

- Je suis désolé, ma puce. On y est. Je t'accompagne ?

- Non, je vais me débrouiller.

- N'oublie pas ton repas.

- S'il y a bien une chose que je n'oublierai pas de prendre, c'est bien lui. Le sac lui, peut-être qu'il séchera les cours de temps à autre. »

Novembre.

Sarah est en cours, sa professeur comme depuis la rentrée des classes la met au tableau pour faire les devoirs qu'elle ne fait pas chez elle. Elle a toujours bon, elle s'ennuie. Une fois de retour à sa place, elle pose son menton sur la table puis attend que le temps passe un crayon à la main.

Steve arrive pendant un cours au bureau de la directrice. Elle lui explique que sa fille est très intelligente, elle s'ennuie, elle n'a rien à faire dans cet établissement.

« Votre fille ne fait pas ses devoirs chez elle.

- Elle les fait, je surveille. C'est toujours fait sur une feuille volante.

- Ce n'est pas ce que sa professeur dit. »

Ensemble, ils conviennent de parler au conseil de l'établissement pour que Sarah aille au collège dès lundi.

Le soir, elle l'apprend de la bouche de Steve. Elle n'est pas plus heureuse que ça, l'école, elle n'aime pas.

« La directrice m'a dit que tu ne rendais pas tes devoirs. Pourtant, tu les fais.

- Dès que tu les as vus, je les mets à la poubelle. Je ne vais pas garder des choses inutiles et la prof, elle ne veut pas sur feuille, mais sur cahier ! Je lui ai dit une feuille, c'est la même chose ! Dans un cahier, ce sont des feuilles ! Mais elle n'a pas très apprécié. »

Steve est amusé par la façon qu'elle raconte cet événement avec ses gestes de la main, les yeux au plafond, puis son ton démoralisé. Il comprend sa fille, mais elle doit suivre les règles de l'école.

Le lundi, novembre.

Elle arrive dans sa nouvelle classe. Elle est nouvelle, les camarades la testent, l'embêtent. Elle est jeune et ça se voit. Elle s'installe au fond de la classe et là, un premier problème se pose.

« Sarah ! Je pense que ton dossier est incomplet. Il n'y a rien d'écrit : ton nom et ta date de naissance.

- Vous devriez régler ce problème avec la directrice, madame.

- Tu peux me donner ton nom de famille, tu le connais ?

- La directrice devait vous mettre au courant de ce problème, allez la voir, s'il vous plaît. »

Des railleries commencent. Les élèves se moquent, ils pensent que son intelligence est tellement forte qu'elle ne connaît pas sa propre identité. Elle reste impassible difficilement, elle ne veut pas d'histoire.

Au fil des semaines, elle se rapproche de son professeur de mathématiques, il est le seul à la protéger des moqueries de ses camarades. Elle reste dans son cours durant ses heures de permanence puis le temps que Steve vienne la chercher. Ils les trouvent souvent en train de faire des jeux ou des formules scientifiques sur le tableau, des formules incompréhensibles pour lui.

« Ce sont des formules de quoi, ma puce ?, demande-t-il dans la voiture.

- Ce sont des formules que l'on fait à l'université.

- Je ne sais pas quoi dire. Tu es au collège...

- Et je m'ennuie. On ne fait rien de mal.

- Je sais, ma puce.

- C'est en quelque sorte mon seul ami dans cet établissement. Tout le monde m'embête avec mes savoirs.

- Et si tu essayais de changer les choses ! Propose-leur ton aide !

- Je ne préfère pas. », répond-elle en pensant aux jumeaux et leurs devoirs.

Janvier.

Steve amène Sarah pour la reprise de l'école. Quand ils arrivent, du monde est devant l'établissement.

« Steve ! C'est un des camions pour les morts ça !

- Je vais voir, tu restes là ! »

Comme tous les collégiens, elle est curieuse. Elle descend du véhicule puis s'avance vers un groupe de filles qui suivent le déroulement de l'événement.

« Qu'est-ce qui se passe ici ? Vous le savez ?

- Tu viens de l'homme des cavernes ou quoi !, dit Lauriane, une fille de dernière année.

- Elle n'a pas de téléphone, elle est trop jeune, intervient une autre.

- Ah ! C'est elle qui passe son temps dans les toilettes pour éviter qu'on ne l'embête ! Si tu es si intelligente que ça, mets-toi un téléphone dans le crâne !

- Je n'ai pas peur de toi contrairement au reste du collège !

- Et tu devrais. Je peux te mettre la misère !

- Tu ne peux pas, tu n'as rien de moi, Lauriane.

- Tu es une gamine qui vit chez un flic qui n'est pas ton père. Tu n'as pas de nom de famille, ni de date de naissance parce que personne ne la connaît tout simplement.

- Tu peux le dire à tout le monde. Je suis passée au-dessus de cette honte.

- Je n'y manquerai pas.

- Maintenant que tout est dit, je peux savoir ce qui se passe ?

- Laisse-moi réfléchir ! Euh, non !

- Une connasse reste une connasse. », dit Sarah en partant.

Elle les quitte, puis, seule, elle se dirige au collège chercher les réponses à ses questions. Steve la cherche puis la voit au loin. L'amie de Lauriane, Julia observe la scène. Steve prend sa fille dans ses bras, elle pleure quelqu'un. Ils passent devant les deux jeunes filles pour rejoindre leur véhicule.

« Quel bébé, dit Julia en filmant la scène.

- C'est monsieur Stone ! La victime, intervient Lauriane.

- Elle n'aura plus son professeur chéri pour la protéger ! ''Le bébé du collège, Sarah sans identité en première année'', poste-t-elle sur les réseaux sociaux.

- Tu ne devrais pas faire ça ! Elle n'a même pas dix ans !

- Comment tu sais ça, toi ?, demande-t-elle méchamment.

- Ma sœur à dix ans et Sarah est plus petite. »

Au QG, Sarah se rend directement dans le bureau puis elle suit les informations sur l'ordinateur de Steve. Il entre puis le ferme.

« Il a passé les vacances dans le collège, tout seul, et mort.

- Sarah, je suis désolé du chagrin que tu peux éprouver, mais il est mort, selon les premières conclusions du légiste, de mort naturelle.

- Je veux rester seule, s'il te plaît. »