Chapitre 19.1: Confrontés

175 36 128
                                    

Aimazilia / La Aidia

Juste après avoir abandonné le corps de mon frère à l'hôpital où ils feront le nécessaire pour la suite, je me gare à mon appartement. J'ai quelques minutes pour me changer et gagner le bureau de mon père à un quart d'heure d'ici. Son Seigneur exige la présence de la Aidia dans les plus brefs délais. Je monte les escaliers, quatre à quatre et claque la porte derrière moi. Je retire rapidement mon manteau, mes vêtements pour enfiler ma tenue de combat. Mes mains lissent mes cheveux blonds et les réunissent dans un chignon bas que ma capuche dissimulera. Je sors ma cape du faux-bac à linge sale et la passe dans un bruissement de tissus. Avec le frisson d'exaltation habituel, je revêts le masque de cuivre de la Aidia.

Je saisis rapidement le sang de l'Alementa de l'Apparence et l'Arpazos du celui de la pensée. D'un mouvement de main, les particules du pouvoir de ce dernier me traversent. J'incline la tête sur le côté en m'observant dans le miroir. Dans un soupir las, mes mains viennent s'appuyer sur le lavabo. Tous mes bras sont crispés, résignés à la douleur qui va suivre. J'ignore pourquoi le sang de Caleb me fait cet effet, mais plus le temps passe, plus son utilisation devient désagréable. Peut-être que mon ADN commence à en avoir assez que je lui fasse subir mutations sur mutations. Avant de trop réfléchir, je modifie la couleur de ma chevelure pour la rendre noir jais et affine vite fait mes trais. Les parties de peau touchées me brûlent et je tressaille sans le vouloir. Dans une dernière touche, je ferme les yeux et laisse le don les parcourir et les assombrir, passant d'un blanc presque immaculé à un marron sombre. Lorsque je les réouvre, il me faut employer des trésors de résistance pour ne pas les frotter tant ils me piquent. Comme si je venais de prendre une poignée de sable. La démangeaison finit par cesser et je peux observer mon reflet dans le miroir. Comme quoi, d'ange à démon, il n'y a qu'un pas.

En fait, mise à part le dernier changement, le reste est une simple précaution. Grâce à ma capuche et mon masque, mon père ne devrait voir que mes yeux. Mais mieux vaut prévenir que guérir comme on dit...

Je sors tranquillement par la porte de derrière donnant sur une impasse très peu fréquentée où ma voiture de fonction m'attend sagement. Je la modifie son apparence grâce à un arpazos de Caleb. Puis, sans traîner, je grimpe dans l'habitacle et démarre au quart de tour. En un quart d'heure, je suis devant chez moi. Un coup d'œil à l'heure affichée par ma bagnole me confirme que je suis pile en retard. Faisant comme chez moi, je pénètre dans la demeure et marche jusqu'au bureau de mon paternel. Sans me laisser le temps de frapper, la porte s'ouvre et mon géniteur m'invite à entrer sans un mot. Son regard se veut neutre mais je le connais. Il brûle d'une rage froide. Aïe... Comme prévu, il n'a pas trop apprécié que je ne lui ramène pas Lana...

— Vous avez rompu les termes de notre contrat, déclare calmement mon père, en me proposant un verre de vin.

Je le décline d'un signe de main et prends place sur le siège face au bureau. Désolée papa, je suis allergique au cyanure. Ça me file des boutons.

Je parcours la petite salle du regard, à l'abri derrière mon masque de cuivre. J'ai rarement le droit d'y pénétrer lorsque que je ne suis que Aimazilia. La première fois que j'y ai posé un orteil sous le masque de la Aidia, j'ai presque été déçue devant la banalité de la pièce. Un bureau tout ce qu'il y a de plus classique avec en décoration une jolie collection de lames exposée. La menace implicite est claire. Le propriétaire des lieux n'est pas un amateur. Quel cliché... Je laisse de côté l'arrogance de mon paternel pour me concentrer sur l'objectif de cette entrevue. Et je crains que nos avis ne divergent une fois de plus. Je viens à peine d'entrer dans la pièce et sa colère me percute déjà. Ses traits détendus sont une belle façade qu'il réussit à maintenir pour cacher ses émotions. Dommage pour lui que les vibrations de son énergie le trahissent. Fatiguée d'avance par la tournure que va prendre la conversation, je finis tout de même par planter mes yeux dans les siens.

Alementa I - Braise [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant