Aimazilia
Je me tortille dans l'espoir d'échapper à la lame qui fait pression sur ma gorge. Espoir futile, je l'accorde car même si par chance, je parvenais à me dégager, Mathieu me domine aussi bien spatialement que question puissance. Je sens le poignard inciser vicieusement ma peau et ferme les yeux. Cela me donne un petit côté pitoyable qui lui fera peut-être baisser la garde, en plus de me permettre de réfléchir à un plan pour me tirer de cette situation pour le moins délicate. Mon cœur s'accélère. Comment ai-je pu être aussi stupide ? Je pensais que je maitrisais la situation alors que je ne faisais que me leurrer. Je me suis oubliée dans les bras d'un homme qui était une parenthèse de douceur dans mon quotidien de violence. Mais c'est le problème des parenthèses... Elles finissent toujours par se fermer.
— Qui es-tu réellement et que me veux-tu ? m'interroge-t-il, froidement.
— J'ai déjà répondu à ta question, soufflé-je. Je te suis.
— Oui, ça, tu me l'as déjà dit. D'ailleurs drôle de technique. En termes de discrétion, on a vu mieux.
— Que veux-tu... Le meilleur mensonge est la vérité que les gens ne croient pas.
J'arbore un petit sourire timide alors que mon cerveau carbure à plein régime à la recherche d'une échappatoire. Et de préférence avant que sa lame ne glisse accidentellement le long de ma gorge. Je suis actuellement en sous-vêtements, sans armes, dominée par un homme qui me menace avec une dague. Comme situation on a connu plus extirpable. Si je me sers de mes dons pour le mettre hors d'état de nuire, Aaron le sentira peut-être. J'ignore s'il en est capable. Non, mon énergie doit rester bridée. D'ailleurs en parlant d'énergie, quelqu'un peut m'expliquer pourquoi il n'en a jamais émis aucune en une semaine et que là, d'un coup, il irradie ?
— Très joli le coup de la dague... lâché-je. Tu es magicien à tes heures perdues ?
— C'est moi qui pose les questions. Pour qui me suis-tu ?
— Mon père.
L'homme arque un sourcil, m'invitant à poursuivre. Je lève les yeux au ciel. Non, je n'ai pas envie de parler mon paternel. Pourquoi faut-il qu'il soit toujours au centre du monde ?
— Jon' Fietzer de son nom de scène. Tu ne connais pas ? Tant mieux, ça fera redescendre un peu son égo surdimensionné.
Mathieu rit jaune en appuyant un peu plus fort sur mon cou.
— Y a l'air d'avoir une grande solidarité familiale dis donc... Et qu'ai-je fait pour avoir l'honneur d'être dans son viseur ?
Question à cinquante mille euros, figure-toi...
— À toi de me le dire.
— Tu es en train de me dire que tu me suis sans savoir pourquoi ? Laisse-moi rire.
— Si tu connaissais mon père, tu saurais qu'on ne discute pas. On obéit.
Du moins devant lui. Après il faut juste être assez malin pour ne pas se faire toper. L'Alementa détaille mon visage fermé. Ses doigts passent sur mes joues et essuient délicatement les reliquats de larmes. J'aimerais détourner la tête, mais la dague m'empêche. Je plonge alors mes yeux limpides dans les siens et je me maudis une nouvelle fois. Comment ai-je pu me faire avoir ? Je sais pourtant que ceux qui paraissent doux et tendres sont en réalité les pires. Si tu veux attirer quelqu'un à toi, tu ne vas pas être agressif. Je le sais et pourtant il a réussi à m'avoir. Parce que je pensais avoir le contrôle de la situation... J'ai été si stupide... La colère envahit mon esprit. Colère contre ce gars, contre mon père, contre Aaron, contre moi.
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Alementa I - Braise [TERMINÉE]
ParanormalLa fuite. Du haut de ses dix-neuf ans, Lanaya n'a jamais rien connu d'autre. Fuir le Conseil des Anciens, fuir les Alementas mercenaires, fuir cette magie qui, tel un incendie, ne laisse que des cendres sur son passage. Elle sait qu'un jour, elle hé...