Chapitre 24

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«Allez ! Ça va être bien ! Fais pas ta reloue ! me tanne Julia.

-Ouais, allez Amalia !! ajoute Eva

Elles me regardent avec désespoir.

«Nan, j'vous ai déjà dit que j'voulais pas sortir. Arrêtez de forcer !

-Gros t'as pas compris... T'as pas le choix ! décrète Julia.

-Ça fait une semaine tu refuse tout. C'est bon, une après-midi ça va pas te tuer ! argumente Eva

Je ne vais pas gagner cette bataille, elles sont beaucoup trop déter. Je me redresse et me résigne à aller me changer.

«C'est bon ! je lance pour qu'elles se taisent. Par contre, si ça me saoul  je rentre, je préviens

Je m'engouffre dans ma chambre et claque la porte derrière moi. J'ai envie qu'elles comprennent que je n'y vais pas par gaité de cœur. Je m'habille, me brosse les dents et m'arrange vite fait. Je ressors de la chambre et les filles se relèvent automatiquement. Elles sont pipelettes aujourd'hui, elles n'arrêtent pas de discuter. 

«C'est bon on y va ? lance Julia.

-J'ai pas mangé, je la ralentis.

-C'est pas grave ! On mangera un truc dehors !»

Je n'ai pas mon mot à dire. Elles se dirigent vers la porte et enfilent leurs manteaux. Je fais de même. Je les suis jusqu'au métro. Elles continuent de bavarder mais je n'ai pas envie de me joindre à leur conversation alors j'écoute. Le trajet est plutôt long mais ça ne me gène pas. Je me laisse bercer par les vibrations du wagon.

«Et toi ta semaine ça c'est bien passé ? me demande Eva.

-Ouais c'était tranquille.»

Ma réponse n'a pas l'air de la satisfaire mais elle devra s'en contenter. Je sais pertinemment que si elles m'amènent avec elles chez Irène c'est pour me faire parler de ma confrontation avec Clément. Donc si elles veulent en savoir plus elles devront explicitement poser la question. 

On sort du métro devant les Galeries Lafayette. En voyant le bâtiment je me rends compte que ça fait un bout de temps que je ne suis pas venue par ici.  On marche jusqu'au 3 cité d'Antin. Le concierge nous ouvre la porte, Eva explique alors que nous venons rendre visite à Mlle de Barry. Le petit monsieur chauve nous examine, puis nous autorise à pénétrer dans le hall. Comme à chaque fois, il nous pose mille et une questions pendant qu'on attend l'ascenseur. 

«Quel bon vent vous amène ? Comment connaissez-vous Mlle De Barry ? Vous êtes étudiantes ?»

Avec Julia on se regarde d'un air désemparé. On laisse volontiers Eva répondre à son interrogatoire. 

«Ça fait longtemps qu'on a pas vu Irène alors on vient lui faire un petit coucou. Je suis sa cousine. Oui.»

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et c'est limite si on ne court pas dedans. Il est gentil le petit vieux, mais qu'il est lourd. Eva tape le code pour monter au dernier étage. Les portes s'ouvrent sur le hall d'entrée de l'appartement. Comme à chaque fois on s'émerveille sur la décoration. C'est vraiment trop la classe d'avoir un étage pour soi tout seul.

Eva s'avance et crie le prénom d'Irène. Elle répond au loin.

«J'arriiiiive !»

On s'avance dans la direction de sa voix. Un silhouette au fond d'un couloir nous fait signe.

«Venez !»

On traverse le couloir et mon œil se pose sur un tableau colorée aux formes géométriques. Je suis choquée car je crois reconnaitre l'artiste et je ne pensais pas voir une toile de cette valeur chez quelqu'un un jour. Arrivée devant Irène je ne lui dit même pas bonjour.

AléasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant