Chapitre 27

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Je fixe ma porte tandis que mon téléphone vibre une millième fois dans ma poche. Le numéro inconnu qu'a utilisé Elias m'a appelé trois fois dans le uber de retour. La persistance avec laquelle on essaye de me joindre à raison de moi. Je décroche.

«Allo ? je commence hésitante.

-Ça fait 5h j't'appelle !!! m'engueule Elias

Je soupire de soulagement à l'entente de sa voix.

«T'es où bordel ?!?!

-J'viens d'arriver chez moi.»

Je reste plantée sur le palier comme une fleur, à attendre qu'Elias m'annonce la mauvaise nouvelle que j'ai réussi à vessqui jusqu'alors.

«Mais t'es conne ou quoi ?»

Je m'attendais à tout, mais sûrement pas à me faire insulter. Ces mots agissent comme un électrochoc et me réveillent de mon état vaporeux. Il se permet de m'insulter ? Vraiment ? Je crois qu'il n'a pas compris qui est dans la merde ici... Pour bien lui faire comprendre que c'est moi qui suis en position de force je raccroche. Ça lui apprendra à me traiter de conne.

Je sors mes clés de mon sac et ouvre la porte. Mon téléphone vibre dans ma main. Gros, si t'as cru que j'allais te répondre... J'active le mode silencieux. Je claque la porte derrière moi et me défais de mes affaires. Je range mon portable dans la poche arrière de mon jean et me baisse pour faire un gros câlin à catalina. Je la prends dans mes bras et la porte jusqu'au canapé. Je m'allonge avec elle.

«Ahlahlahlahlah.... j'expire profondément. Si tu savais la journée que j'ai eu, je lui confie. On m'a apporté un colis piégé, je lui raconte en la regardant. Mais bon ça tu sais, tétais là. Ensuite j'ai du raccompagné Valentin dans une famille qui n'est pas censé être la sienne. Et bien sûre c'était à l'autre bout de paname.... Et pour continuer dans les galères, Elias me harcèle et ose me traiter de conne.»

Catalina me regarde d'un air complètement détaché.

«En même temps il a pas tord, je continue. C'est surement con de ma part de continuer à coucher avec lui. Et puis pour le coup, je suis conne de l'aider à stocker sa merde ici...»

Je ferme les yeux pour essayer de faire un point dans ma tête. Tout ce que je ressens c'est de la fatigue. Je suis exténuée. Catalina descend de ma poitrine et j'en profite pour me redresser. Je pars au toilettes, une fois mes commissions terminées je me dirige jusqu'à ma chambre. Je suis envahie par une puissante odeur de shit qui embaume toute la pièce. Putain... Ça ne va jamais partir... Je n'ose même pas imaginer l'état de la salle de bain. C'est la goutte de trop. Je dois régler ça maintenant. Je prends mon téléphone et rappelle le numéro qui m'a laissé douze appels manqués.

«Allo ! répond une voix énervé.

-C'est qui ? je demande tout aussi énervée.

-T'inquiète, me répond-on.

-Dis à Elias qu'il vienne récupérer ses affaires tout de suite, j'ordonne avec le ton le plus strict possible.

-Elias c'est ta meuf, appelle la voix

J'entends de l'agitation dans le fond. Je sens qu'Elias a pris le combiné, je ne lui laisse pas le temps d'en placer une.

«Viens récupérer ton sac immédiatement. Si t'es pas là dans une demi-heure, le sac va t'attendre dans la poubelle au coin de la rue, je le menace.

-J'arrive.»

Je raccroche. J'ouvre les fenêtres et m'affale dans mon lit. Cette journée m'a achevé. Entre les conneries de mon plan cul et les gens qui s'occupent de Valentin, j'ai été gâté. D'ailleurs, en pensant à Valentin, je check le message que je me suis envoyée depuis son téléphone.

*+366834576** : Amalia *

J'entreprends de lui envoyer un message pour m'assurer qu'il va bien.

*Moi : J'espère que tu vas bien et que je n'ai pas causé trop d'ennuis ? Si tu as le moindre soucis appelle moi. Il va falloir qu'on règle ta situation avec Delphine à la rentrée. En attendant profite de tes vacances bien méritées. Amalia Tadéo.*

Je guette l'heure. 01h22. Je lève les yeux au ciel. J'ai terriblement envie de prendre une douche et de me perdre sous ma couette, mais pas possible, Elias peut arriver à tout moment. D'ailleurs qu'est-ce que je vais lui dire ? Je regarde mon plafond blanc comme s'il allait me souffler la réponse.

Eva a raison, ce mec n'est pas bon pour moi. Je devrais arrêter de le voir et m'y tenir cette fois-ci. Mais pourquoi je retourne dans ses bras à la moindre occasion ? Est-ce qu'inconsciemment j'espère qu'il change ? «Ton inconscient nous fou dans une sacrée merde alors... dis lui de passer à autre chose !» me dit ma petite voix interne. C'est vrai qu'aujourd'hui Elias a franchi une limite. Déjà en amenant un de ses bougs ici... C'est là que je me suis rendu compte que je ne connais pas réellement Elias. Je connais uniquement une version édulcorée. Je suis seulement une side bitch. Je suis trop différente de lui, je ne correspond pas à son environnement, on n'est pas fait pour être ensemble. Voilà, c'est ça ce que je dois lui faire comprendre. Ça, et aussi le fait qu'il ne peut pas se pointer ici inopinément avec des kilos de shit.

Le retentissement de l'interphone me sort de ma réflexion. Je pars ouvrir. J'attends à côté de la porte et prends de longues inspirations pour garder mon calme face à lui. Il toque. Je le fais patienter quelques secondes. Je me répète ce que je dois lui dire dans ma tête : Elias, on n'est pas fait pour être ensemble. J'ouvre.

Capuche sur la tête, mains dans les poches, il attend que je l'invite à entrer. Je me décale et le salut.

«Salut, dit-il en entrant

Il reste debout à côté du porte manteau et regarde en direction du salon. Il fuit mon regard. Le mood entre nous deux est glacial. Avoir une discussion avec lui s'annonce plus tendu que prévu. Il est statique et patiente.

Je vais récupérer le sac de ma salle de bain. L'odeur est étouffante. Je laisse la ventilation allumée en espérant que ça se dissipe un peu. Je retourne rejoindre Elias.

«Tiens, je lui tends la bandoulière du sac

Il récupère le sac et sans dire un mot il quitte l'appartement.

Je fixe la porte, abasourdie par son comportement. Pas un merci... Rien. «Mais pourquoi tu te prends la tête pour cet imbécile ? s'énerve mini moi. Il est parti et c'est s'quon voulait ! Alors maintenant va prendre une douche et oublie le.»

J'obéis et pars me laver. Je ne réfléchis plus à rien, et fais tous mes mouvements en mode automatique. Avant de me coucher j'enferme catalina en-dehors de la chambre pour pouvoir dormir la fenêtre ouverte. Il va me falloir des jours et des jours pour évacuer cette odeur.

AléasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant