Aléas

Chapitre 15

Pendant que je décore les gâteaux je ne peux m'empêcher d'appeler Eva. Il faut que je parle à quelqu'un si je ne veux pas que toutes mes neurones crament.

«Allo ?

-T'es occupée, je demande.

-Nan, ça dit quoi ?

-Meuf... dis-je d'un ton aggravé.

-Quoi ? demande-t-elle sur le qui-vive.

-J'ai parlé avec Jeanne...

-Quoi ?! s'exclame-t-elle.

-Elle m'a tout dit...

-Attends, attends, attends...»

Je sens qu'elle se redresse.

«Mais vous vous êtes parlé quand ?

-Y'a même pas une heure.

-Mais elle t'as dit quoi exactement ? demande-t-elle agitée.

-Tout meuf... J'suis choquée, ça fait une heure je balise comme une gue-din, j'avoue.

-Mais c'est quoi tout ?!

-Elle m'a dit à propos d'elle et Clément. Meuf depuis Toulon cet été ! je balance encore sous le choc.

-Ah elle t'as vraiment tout dit ?

-Ouiiiiiiii !! je cris à moitié pour externaliser ma frustration. Elle m'a dit que Clément était amoureux de moi et tout, dis-je en grimaçant.

-...

-J'suis censé faire quoi moi ? je demande désespérée.

-T'as parlé avec lui ?

-Nan. Mais meuf comment je vais faire ? Tout ça parce qu'il a pas su ranger sa teub. Et elle aussi là...

-Tu vas faire quoi ? s'interroge-t-elle.

-Mais je sais pas ! je m'exclame en furie.

-Mais pourquoi elle t'a tout dit putain... marmonne-t-elle.

-T'es folle ou quoi ?! Heureusement qu'elle me l'a dit, je lance consterné. Et puis toi aussi... je commence. Tu le sais depuis halloween ? Et tu m'as rien dit frère...

-Mais je pouvais pas te le dire !! se défend-elle.

-Vous êtes tous tarés, je souffle. Si tu m'en avais parlé je me serais retenue avec Clément.

-Nan... Amalia... Tu sais très bien que si je t'avais dit quoi que ce soit ça aurait foutu encore plus la merde.

-Quoi ?!

-Tu sais pas mentir meuf.... Regarde t'as pas tenue une heure sans m'en parler.»

Je grince des dents. Elle me connait trop bien. Je ne peux rien garder pour moi, même si ça me mets dans la sauce.

«Nan mais là ça n'a rien à voir.

-Et puis même... C'était pas à moi de t'en parler.»

Je pose mes mains contre le plan de travail et me penche en avant pour reprendre mon souffle. Je suis en train de devenir folle. Ça fait cinq minutes que je parles en agitant ma spatule, j'ai toujours pas toucher à ma ganache.

«Eva, comment j'le dis à Clément ? je demande calmement.

-Dis rien pour le moment, m'ordonne-t-elle.

-Mais je sais pas faire zehma moi, je chouine. Si on se voit c'est sûre que je vais en parler.

-Bah tu le ghost en attendant que tu te calmes, propose-t-elle.»