Chapitre 16

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«Amalia ?»

Je relève les yeux de mon écran d'ordinateur.

«Ça va ? me demande Delphine.

-Mmh.»

Je souris pour qu'elle me laisse tranquille. J'ai envie de parler à personne.

«Depuis hier t'es bizarre. T'es sûre que ça va ? insiste-t-elle.

-Oui, oui, dis-je sans grande conviction

Delphine est sur le point de continuer son enquête mais Margaux débarque dans le bureau.

«Coucou les filles !»

En voyant nos têtes son sourire disparait.

«Oulaa, qu'est-ce que vous avez ? demande-t-elle soucieuse

Delphine me regarde et attend ma réponse.

«Rien, dis-je pour qu'on me laisse tranquille

Elle continue de nous regarder mais décide de passer à autre chose.

«C'est toujours bon pour ce soir ? nous demande-t-elle.

-Ce soir ? demande Delphine.

-Bah oui, la soirée ! répond-elle excitée

Ah oui c'est vrai la soirée sur la péniche. J'avais complètement zappé cette histoire. Je n'ai plus envie d'y aller. De toute façon je ne peux plus inviter mes potes sinon à la seconde où je vais les voir je vais me transformer en cascade de mots, un flux non-stop de paroles. C'est trop dure pour moi. J'ai l'impression que la bombe que m'a lâché Jeanne est en train d'exploser tout doucement dans mon corps. Plus les jours passent et plus je me sens mal.

«Quelle soirée ? continue Delphine.

-Je t'en ai pas parlé ? s'étonne Margaux. Une soirée sur un péniche vers Austerlitz.

-Non. Mais du coup j'ai déjà prévu un truc ce soir, désolée.

-Et toi Amalia ?

-Euh... Je sais pas trop...

-Allez !! Viens ça va être trop bien ! m'encourage-t-elle.

-Ouais mais j'ai invité personne.

-Mais c'est pas grave ça. T'inquiète tu resteras avec nous ! On va grave s'éclater !»

Son engouement me fais sourire. C'est vrai que j'aurai bien besoin de m'amuser, ça me changera les idées.

«Ouais d'accord.

-Trop bien, dit-elle en sautillant sur place. Le nom de l'endroit c'est River-King.

-Vous y serez vers quelle heure ?

-J'pense qu'à 19h je serai là-bas, mais vient à l'heure que tu veux.»

J'hoche la tête et retourne à faire semblant d'être occupée. Je sens le regard de Delphine sur moi mais je l'ignore. Je n'ai pas envie de parler de mes problèmes, surtout qu'elle ne comprendrait pas.

J'ai hésité à en parler à ma mère hier, mais je me suis ravisée. Si je commence à en parler je ne pourrais pas m'arrêter. A ce moment je me déteste d'être honnête. Se serait tellement facile si je savais mentir. Mais mes émotions se lisent sur mon visage comme si j'étais un livre ouvert.

Il n'est que 14h. Encore trois heures à tenir... Je me suis portée volontaire pour préparer les envois des bulletins du deuxième trimestre. Je ne m'occupe pas seulement de notre section, je prépare également celle des trois classes de première année.

AléasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant