Broken.

31.

-  Je peux me joindre à toi ? Souffle-t-il d'une voix onctueuse. 

-  Il me semble que tu l'as déjà fait. Je réplique. Et il sourit. 

Je n'ai pas l'impression de m'adresser à un inconnu. Tous nos regards échangés en disent long... 

-  Alors, t'es qui ? Me lance-t-il. J'esquisse une grimace. 

- Je suis qui ? Aux dernières nouvelles, je suis  humaine, je crois... 

- Non ? Sans blague ? Je suis sérieux. Je veux tout savoir de toi et de ta vie. Dit-il alors. 

- Je te connais même pas ! Comment savoir si tu n'es pas un espion du FBI ou un tueur en série ? Rétorqué-je. 

- J'ai l'air aussi effrayant ? S'inquiète-il. 

- Hein ? Euh... non... je... bégayé-je. 

- Hé ! Du Calme ! Je plaisantais, ne t'affole pas. 

Je hoche la tête et me maudis intérieurement. Ce que je peux être ridicule ! Il me tend la main d'un air amical. 

- Bon, puisque la miss a l'air toute paniquée à l'idée de se présenter, je commence ! Je m'appelle Léopold, mais tu peux m'appeler Léo parce que j'ai horreur de mon prénom... en fait, ce n'est même pas une suggestion, c'est une obligation. Que dire d'autre ? J'ai 14 ans et j'habite ici depuis ma naissance, avec mes parents. 

Je reste muette. 

-  Ne te gêne pas, tu fais une tête qui dit clairement « va-t-en et laisse moi tranquille avec mes réflexions », plaisante-il. Je m'étonne. 

-  Comment tu le sais ? Que je passe ma vie à réfléchir ? Demandé-je. 

- Quand tu traverses la rue le matin, tu as toujours la tête ailleurs. Tu n'as pas l'air d'appartenir à ce monde. Tu joues toujours avec ta mèche de cheveux et ça, c'est un signe de distraction. Explique-t-il sur un ton savant. 

-  Bravo Sherlock. Tu as vu tout juste. 

-  A quel sujet ? Sur le fait que tu es distraite ou que tu souhaites que je m'en aille ? Rigole-t-il.  Je lève les yeux au ciel. 

-  La première option. Et sinon, je suis enchantée de te connaitre « Leopold ». J'appuie bien sur le dernier mot. Il grimace avant de répondre. 

-  J'en suis également ravi Sky. Je... 

Avant qu'il ne puisse achever sa phrase, je m'empresse de l'interrompre : 

-  Pardon ? 

-  Qu'y  a-t-il ? J'ai dit quelque chose de travers ? 

-  Je ne t'ai jamais dit que je m'appelle Sky. 

-  Et alors ? Tu t'appelles bien Sky, non ? Demande-t-il. 

-  En effet, mais ce n'est pas la question? 

-  Tu n'en as posé aucune. Souligne-t-il. 

-  Crache le morceau. D'où tu connais mon prénom ? Soupiré-je. 

-  J'ai entendu ta mère t'appeler comme ça un jour, répond-il. 

-  Dans ce cas là, je te prierai d'arrêter de m'espionner. 

-  Je ne t'espionne pas ! C'est juste que tu as l'air d'être tout droit sortie d'un livre romanesque et ca me fascine. Tu me fascines. 

J'éclate d'un rire sarcastique. Moi ? Une héroïne de livre ? La littérature doit être en train de dérailler alors... 

- Bon, à ton tour Mademoiselle. Raconte moi ton histoire, demande-t-il en s'allongeant sur l'herbe, les mains croisées derrière la tête. J'en fais de même et essaye de trouver les mots pour débuter mon long récit. Je ne crains pas Léo. Il a l'air compréhensif. J'ignore si c'est le cas mais il sait se montrer attentif. Ce n'est qu'à la fin de mes propos tenus promptement pour éviter de fondre en larmes, qu'il dit enfin : 

-  Je te comprends, tu sais. Je sais ce que ça fait la solitude... C'est comme si tout le monde était à une fête à laquelle tu n'es pas invitée... 

J'acquiese. Finalement, ce regard rêveur dissimule également un difficile passé... 

- Mais je sais une chose Sky. Continue-t-il. C'est que tu n'auras plus à endurer ces choses seule, parce que je serai là dorénavant. 

- Je te remercie. Ca me touche. Il en est de même pour toi, j'ajoute. Nos esprit enlacés aux nuages, nous apprenons à nous connaitre. Je me sens proche de lui, comme si je l'avais connu toute ma vie Je me livre à lui et lui confie tous mes doutes, mes peurs, mes rêves et mes secrets.

A mes risques et périls.