50.

58 22 56
                                    



Lycka dessine, accroupie devant la table basse du salon. Aaron babille des mots incompréhensibles du haut de son trône enfantin. Sa chaise haute me rappelle celle de mon enfance, constellée d'illustrations colorées. 

Léo n'a pas changé depuis son adolescence. Le nez plongé dans une encyclopédie qu'il feint de lire, je vois bien qu'il a la tête dans les nuages, comme d'habitude. Il croise mon regard amusé et s'empresse de baisser les yeux et de retourner à sa lecture. 

Je souris. Après tout, je n'ai aucune raison d'être triste. 

Mon âme sœur et mes enfants sont réunis autour de moi, dans ce foyer que nous nous efforçons de bâtir au jour le jour, sous les projecteurs de la bienveillance.

Un foyer à notre image. Chaleureux. Propice à la créativité et à l'imagination. Agglomération miniature de rêves, d'espoirs et d'ambitions acharnés, au milieu de cette effrayante société. Coin paisible où chacun peut être soi même. Peut être qui il veut. Sans jamais être jugé ou réprimandé. Cercle de partage de nos peurs, de nos faiblesses, de nos chagrins. Où "gentillesse" est le mot d'ordre. 

Nous partageons. Nous rions. Nous aimons. Nous pleurons. Parce que pleurer fait partie de la vie. Mais nous pleurons ensemble, en famille. Sans jamais laisser personne dans son coin, en proie à la solitude. 

Nous formons tous les quatre les piliers de notre forteresse. Si l'un tombe, la structure s'écroule. 

Je fais de mon mieux pour répandre le bonheur autour de moi et apporter à mon foyer la chaleur dont j'ai cruellement manqué, le réconfort que j'aurai aimé avoir.


Je souris. Non pas parce que je n'ai aucune raison d'être triste. Mais parce que j'ai toutes les raisons d'être heureuse. 

Broken.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant