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Quinze heures sonnent au clocher lointain de l'Eglise. Nous sommes samedi. Je décide d'aller faire une promenade pour me vider l'esprit. Je marche distraitement au milieu des herbes rebelles qui poussent drues. L'air est frais et pur. J'entends un oiseau pousser ses mélodies gaies. 

J'éprouve tristesse, colère, joie et nostalgie à la fois. Je suis d'humeur mélancolique. Les yeux dans le vague, je ne pense à rien. Pour une fois. Je me contente de ressentir les sensations de la nature. 

Le soleil projette ses rayons lumineux qui réchauffent mes bras dénudés. Ils m'enveloppent d'une bulle de chaleur et de tranquillité que nul ne peut briser. Je me sens enhardie, invulnérable. J'éclate d'un rire cristallin. 

Je commence sérieusement à divaguer.

 Je me mets soudainement a courir, libre. Je me libère de la prison du regard des autres. Je cours sans m'arrêter. Je cours sans me soucier de mon apparence. 

Je me sens forte, je ne m'arrête pas. Je n'ai aucune limite, mon souffle s'adapte à ma volonté. Je cours à toute allure, plus rapide que le vent. Mes pensées se dispersent, je les abandonne ici, au milieu de nul part. Mes cheveux volètent dans mon dos et la liberté prend possession de mon corps. 

Je m'arrête, à bout de souffle. Je halète, le front en sueur. Je me mets à rire sans raison. Jamais je ne m'étais sentie aussi bien, aussi libre, aussi insouciante. 

Je m'assois à même le sol, les cheveux au vent, les yeux vers le ciel bleu azur. 

Le monde qui m'entoure est inaudible, je l'oublie, je ne lui prête plus aucune attention. Je ferme les yeux et me laisse envahir par cette sensation inattendue de bonheur. 

Je ne laisse rien le troubler. 

Mais soudain, je sens un souffle derrière moi. Mon coeur rate un battement, il s'emballe et menace de quitter ma cage thoracique. Prise de panique, je rouvre les yeux et fais volteface. 

Il est debout derrière moi et me dévore des yeux. 

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