9.

168 40 36
                                    



L'horloge affiche 3:56 du matin. Je pense, je rêve, j'imagine, impuissante au fond de la tiédeur de mon lit qui contraste avec mes pensées glaciales. Le monde semble tellement calme et paisible aux premières heures du jour que je parviens presque à esquisser l'ombre d'un sourire. Je sens l'insomnie m'assaillir de tous parts et n'arrive pas à lui faire barrière. Pourtant, cela fait plus de trois jours que je n'ai pas fermé l'œil. Je suis fatiguée, épuisée, éreintée. Physiquement et psychologiquement.

Je repense à l'horrible journée que j'ai eu hier. Je suis arrivée au collège les yeux rougis d'avoir pleuré pendant la moitié de la nuit ; Dimitri m'a bousculé dans le couloir ; Vera et sa bande de moutons ont passé l'entière récré à se moquer de moi en me pointant du doigt et pour couronner le tout, j'ai failli m'endormir en cours d'histoire géo. Mon cours préféré.

Ah et j'ai eu une bonne note en maths. Mais cette bonne nouvelle passe presque inaperçu au milieu de cet océan noir d'encre.

Imaginer d'autres possibilités me donne l'illusion d'être heureuse. Si j'avais des amis, serais-je en ce moment même à la soirée pyjama de l'une d'entre elles ? Si Hannah était là, aurait-elle entendu le bruit de mes pensées éveillées ? Serait-elle venue se blottir auprès de moi pour me tenir compagnie ? Si ma vie n'était pas un assemblage de fils emmêlés, aurais-je été heureuse ?

Je refoule une larme. Je veux fuir loin d'ici, quelque part où personne ne connaîtrait mon nom. Loin de tout le monde, plus proche de moi même.

Je me lève, fais quelques pas sur le plancher dont la température frigorifie mes orteils nus, m'avance à tâtons vers la fenêtre à la vue constellée d'étoiles. Un courant d'air siffle à mes oreilles lorsque je l'ouvre.

Je me penche, prête à basculer dans le vide éternel. Le bonheur absolu me tend les bras. 

Broken.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant