Introduction

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Je viens de confronter Grégoire face à ses infidélités. Il n'a même pas nié. Il m'a regardé droit dans les yeux en me disant :

« Tu as vu à quoi tu ressembles après une seule maternité ? J'ai l'impression de voir ma grand-mère. Regarde comment tu es habillée ! Regarde-toi Kaya ! »

J'ai baissé mes yeux sur mon teeshirt du parti politique au pouvoir tacheté de vomi et de lait. Mon pagne négligemment attaché aux reins. Il est vrai qu'il y a cinq ans, lorsque je rencontrais Grégoire, j'étais une jeune femme fraîche et belle. J'étais étudiante, sans soucis. Aujourd'hui j'ai des journées marathons bien qu'étant sans emploi. Trop de choses, de situations à régler en même temps. J'avoue que c'est vrai, je me suis délaissée.

Après une nuit à pleurer dans la chambre, j'ai pris la décision de me reprendre en main car j'aime Grégoire. J'aime notre famille et je ne veux pas que mon fils grandisse loin de l'un de ses parents.

Ce matin je me suis levée plus tôt pour commencer avec un footing d'une heure. N'étant pas habituée, j'ai été tentée de faire plusieurs pauses. La bonne volonté n'a pas beaucoup aidé pour ne pas dire n'a pas du tout aidé. J'ai couru cinq minutes et pour les cinquante-cinq autres, j'ai opté pour la marche rythmée. L'objectif était de ne pas m'arrêter même une seconde.

Malgré la fatigue, je devais préparer la journée de Grégoire. Celui-ci était de mauvais poils car le petit Lilian s'était réveillé pendant mon absence.

-tu étais où ? L'enfant ne cesse de pleurer. C'est quoi cet accoutrement ?

Je n'ai pas le temps de me chamailler avec lui. Je lui prends le petit que je vais nourrir dans la cuisine. Lorsqu'il se rendort, je dois préparer le petit-déjeuner et la gamelle déjeuner de son père. Et ça n'en finit pas de la journée. Le linge, le ménage, la cuisine et le petit. Tout ceci en servant les clients car je vends de la boisson à domicile.

Le temps est compté, il faut qu'à 16h, je sois propre pour le retour de mon concubin. Je suis épuisée c'est vrai mais je me dis que c'est parce que c'est le premier jour. Avec le temps je m'y ferai.

Grégoire est rentrée à 20h de mauvaise humeur... pour changer j'ai envie de dire. Je me suis négligée, mais je n'ai jamais négligé mon foyer. Maison toujours impeccable et repas servis à temps : entrée, plat de résistance et dessert.

-ce n'est pas la peine de réchauffer la nourriture. J'ai déjà mangé.

Cette phrase ne m'empêche pas de poser un plat chaud sur la table avant d'aller coucher le petit et ensuite prendre une bonne douche. Je me sens fatiguée et me demande si demain j'aurai la force de faire la même chose. En même temps demain je n'ai ni lessive, ni repassage juste remettre les vêtements lavés aujourd'hui à sécher. La journée sera sûrement moins pénible.

Je ne vois pas le temps passer, trop occupée à établir mon emploi du temps du lendemain. C'est le retour de Grégoire dans la chambre qui me fait revenir sur terre. Vêtue d'un simple peignoir, je vais débarrasser la table. Évidemment qu'il a mangé, la question ne se pose même pas. Je mets les restes dans des box en plastiques et remplis les marmites vides d'eau. Je peux enfin aller me reposer.

...

Après une semaine, mon corps n'est toujours pas habitué à ce rythme. La nuit, il m'est difficile de satisfaire mon homme car j'ai tout donné dans la journée.

-tu es fatiguée, tu es fatiguée ! C'est tout ce que j'entends dans cette maison. Tu fais quoi de si extraordinaire ? Tous les jours l'étoile de mer alors que dehors on me fait revisiter le kamasutra.

Qu'est-ce que l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant