Qu'est-ce que l'amour

Chapitre 10

Ce matin je me lève avec un programme bien établi pour ma journée.

D’abord la cuisine. Au menu : des épinards sauvages, des asperges sauvages et un bon bouillon de poisson. Une salade verte et en dessert il reste encore le yaourt au mil que j’ai fait hier. Je préfère faire plusieurs marmites car ma semaine s’annonce mouvementée. Au moins je sais que ma maison aura toujours à manger et que je n’aurai pas à entrer en cuisine après une rude journée.
Je teste aussi des sirops. Je cherche à m’occuper l’esprit mais aussi à me faire des sous. Sirop de gingembre, sirop de bissap et sirop de corossol, pour le moment voilà ce que j’ai réalisé.

J’irai vendre mes sirops à l’épouse de Junior qui tient un snack bar. Elle aussi veut tester de nouveaux cocktails donc nous sommes toutes les deux gagnantes. Eh oui… on cherche l’argent comme on peut dans ce pays où le taux de chômage ne cesse de grimper.

Le temps que mes marmites sont au feu, je jongle avec le ménage et la lessive. A midi je dois récupérer Lilian et le redépose à l’école à 14h , puis je continue pour livrer mes sirops. On en profite pour papoter un peu jusqu’à mon prochain rendez-vous avec la couturière. Ensuite il faut courir récupérer Lilian et m’occuper de lui. Qui a dit que ma vie était de tout repos ? Quand Monsieur NKOMA va rentrer, il va aussi vouloir être chouchouter, dorloter après une longue journée de travail.

Quand Armand arrive, la table est dressée. Il va se changer avant de venir manger. Ça se voit qu’il est épuisé, et nous ne sommes que mardi. On se couche assez tôt, c’est dans notre lit qu’il me partage sa journée et moi la mienne. On s’en dort épuisés.
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J’entends au loin une sonnerie, puis la voix d’Armand, mais c’est le petit cri qu’il lance qui me réveille définitivement. Armand me regarde l’air grave, téléphone toujours à l’oreille.

-ta maman est à l’hôpital, il m’annonce-t-il après avoir raccroché. Elle a fait un AVC.

Après le mot « hôpital » j’étais déjà hors du lit à la recherche d’un vêtement décent.

-il est qu’elle heure ? je demande en enfilant un legging.

-3h.

Armand est encore plus rapide que moi, il a déjà pris Lilian qui dort profondément pour l’installer délicatement dans la voiture. Je les rejoins et nous nous mettons en route pour le CHU dans lequel se trouve ma mère. Là j’y trouve mon frère et mes sœurs ainsi que leurs conjoints.

-elle est encore aux soins intensifs, Junior annonce à Armand.

-ok, je vais voir.

Armand disparaît dans l’hôpital et on peut me donner plus d’informations.

-elle m’a appelée hier pour me dire qu’elle ne se sentait pas bien, commence Oremi. Je lui ai donc envoyé ma nounou. Ce soir elle se plaignait de plus en plus, je suis allée la voir jusqu’à 20h. J’ai laissé la nounou pour dormir avec elle, à 1h cette dernière m’a appelée en catastrophe.

Les minutes, les heures passent. Le soleil se lève sous nos yeux, le mari d’Otima est rentré avec Lilian. Chaque seconde qui passe est insoutenable. C’est à 7h moins qu’Armand et un médecin nous reviennent. On se lève tous d’un bond les yeux suspendus à leurs lèvres.

-son état s’est stabilisé, vous pouvez rentrer et revenir aux heures de visite.

-on ne peut pas la voir ? je demande surprise.

-pas encore, me répond Armand. On a tous eu une longue nuit, on va rentrer se reposer et revenir.

Junior et ses beaux-frères se détachent de nous, sûrement pour régler les questions financières. Puis avec Armand on rentre. Je ne peux pas décrire toutes les émotions qui m’animent lors du trajet jusqu’à la maison.