Chapitre 26

1.8K 133 4
                                    

-c’est quoi la suite ? Vous allez divorcer ?

-je ne sais pas Orémi. Il n’en a pas fait la demande.

-donc tu vas le faire ?

-non.

-donc c’est une pause ? Pas une séparation définitive ?

-je ne pense pas. Pas après tout ce qui a été dit. Il y a quelque de définitivement brisé entre nous, c’est mort.

-donc divorcez ! Ou tu ne veux juste pas partager tes entreprises ?

-l’idée ne m’a jamais effleuré l’esprit.

-Kaya ta vie n’est pas facile oh ! Qui l’aurait cru ? Un couple si parfait, si amoureux, si complice.

Je suis dans un restaurant en ville avec ma sœur. Cinq mois après la rupture, elle est toujours la seule à savoir.

-sinon c’est comment entre vous ? Les disputes ont cessé ?

-oui. On reste courtois pour les enfants. Le chauffeur me dépose les garçons et vient les récupérer ou je les laisse juste devant le portail.

-je ne comprends toujours pas comment ? Quand est-ce que tout a dérapé ?

Je prends une grande bouffée d’air avant de lui répondre

-l’année dernière on du avoir recours à une IVG. On a essayé pendant deux ans d’avoir un enfant « saint ». Et la seule FIV qui a pris… il y a eu une erreur médicale. Bref, l’enfant était SS.

-Kaya ! Pourquoi vous avez gardé tout ça pour vous ? Je comprends mieux certaines choses, certaines phrases.

-ouais !

-et il a quelqu’un maintenant ?

-je ne sais pas. Je ne l’ai pas vu depuis, tout se règle au téléphone. Et après il est libre de refaire sa vie.

-ça ne va rien te faire ?

-tu veux quoi ? On ne peut plus être ensemble, nous sommes arrivés à un niveau où l’amour ne suffit plus. Il faut bien que chacun refasse sa vie.

-et toi ? Avec Hearly ?

-quoi Hearly ? On ne sort pas ensemble. Et franchement je n’ai pas la tête à ça actuellement. Je compte les jours jusqu’à la fin des cours, je ne supporte plus d’être séparée de mes enfants.

-ils ferment quand ?

-dans deux semaines. Ils se rendent en vacances à l’extérieur avec leur père pour deux autres semaines et ensuite je les récupère.

-et la garde se passera comment ?

-il les aura un weekend sur deux et à chaque congé de plus de deux trois jours.

-pas facile hein.

-vraiment pas.

Chacune retourne au boulot et le soir je rentre avec du travail. J’ai besoin de la signature d’Armand sur certains documents. Être marié sous la communauté des biens n’a pas que du bon. Je demande donc au chauffeur des enfants de me rendre ce petit service et de me ramener les documents au plus vite. J’ai appelé Armand entre temps pour lui expliquer la situation, les documents me sont restitués peu après avec sa signature.

Mon téléphone sonne et je vais le prendre en pensant que c’était soit Armand soit le chauffeur, mais c’est Hearly. Je lui ai finalement donné mon numéro.

-allô ?

-Kaya. Bonjour, je ne te dérange pas j’espère.

-non vas-y.

Il m’explique qu’il vivait dans la maison de sa sœur dans leur terrain familiale et que cette dernière vient de rentrer de l’étranger et veut récupérer sa maison. Il se retrouve sans toit et demande si je peux l’héberger.

-non Hearly. Je suis une femme mariée.

-et j’ai toujours respecté ton statut. Je n’ai jamais eu de geste ou parole déplacé. Si j’avais une autre solution, crois-moi je ne serai pas en train de supplier une inconnue de me rendre ce service.

-…

-dans un mois je suis parti, peut-être même plus tôt si je trouve une maison. S’il te plaît Kaya, je suis coincé.

-deux semaines c’est vraiment le max que je puisse faire.

-merci.

C’est ainsi qu’il est arrivé dans ma maison. Pour deux semaines. C’est là que j’ai appris qu’en réalité il n’a pas d’emploi et vit de la pension de sa mère. A 35 ans. Et pourtant tous les samedis il était dans ce snack huppé où on se rencontrait à offrir des cocktails à vingt-cinq mille francs CFA. C’est sur cette même pension qu’il compte pour se trouver un nouveau logement. Si je l’avais su plus tôt, jamais je ne lui aurais ouvert la porte de chez moi.

Les deux semaines sont arrivées à échéance et vous vous doutez bien qu’il n’avait toujours rien trouvé. . Je me sentais coincée d’autant plus qu’il était devenu un ami, je n’allais pas le mettre à la porte. Cependant, il devait être parti avant le retour des enfants. D’ailleurs, quand ils viennent à la maison je l’enferme dans une chambre où il va errer dans la ville jusqu’à ce que les petits dorment.

C’est samedi et je décide de faire de la pâtisserie. Ça faisait vraiment longtemps. Soudain j’entends la sonnerie retentir avec insistance. Surprise et inquiète, je cours ouvrir. Devant moi une jeune fille tenant à son bras droit une petite fille et à l’autre un gros sac de voyage.

-bonjour. Vous cherchez quelqu’un ?

-bonjour. Je suis venue déposer à Hearly son enfant.

Elle le dit en poussant la petite à l’intérieur. Je m’oppose en lui bloquant le passage.

-Hearly n’est pas là. Vous l’appelez et vous réglez ça entre vous.

-je n’ai pas le temps. Il répond à mes appels ?

Elle continue de pousser l’enfant, dépose le sac et s’en va. Je ne réfléchis pas plus que ça et balance le sac hors du portail. Je prends l’enfant par la main et la place près du sac avant de refermer mon portail. En voilà des manières !

Je vais chercher mon téléphone appeler Hearly pendant que l’autre sauvage tambourine à mon portail.

-je veux bien être gentille mais il y a des limites. Tu l’appelles et tu me règles ça, nous ne sommes pas dans un quartier sous intégré, je ne veux pas de problèmes avec le voisinage.

-vraiment excuse-moi, je vais lui parler.

En même pas deux minutes les cris cessaient. Dans quoi je me suis embarquée ? Dans quoi ?

La sonnerie retentit encore une fois.

-c’est qui ?

-Madame c’est moi. S’il vous plaît ouvrez.

Je lui ouvre pour je ne sais quelle raison. Elle s’est visiblement calmée.

-vraiment désolée pour tout à l’heure. Je pensais que c’était chez lui et que vous étiez sa copine.

-cela n’explique rien. Même si c’était chez lui et que j’étais effectivement sa petite amie, c’est une manière de faire ? Tu veux qu’une femme garde ton enfant et tu te comportes ainsi avec elle ?

-Madame pardon. Je ne sais plus quoi faire, depuis quatre mois il me fuit. J’appelle il ne répond pas. Même mille francs pour acheter le riz, je n’ai rien reçu. Je suis vraiment désespérée.

Comme je la comprends pour avoir vécu pareil situation. Je les laisse entrer attendre à l’intérieur et boire un peu d’eau. Je les accueille comme j’aurais accueilli n’importe quel invité. Mais quand Hearly rentre, il pète littéralement un câble en la voyant dans mes fauteuils. Je prends l’enfant que j’emmène dans la cuisine pour lui éviter d’entendre toutes les grossièretés que ses parents s’échangent. Quelle immaturité ! Même lors de notre dispute la plus houleuse, on a réussi Armand et moi à penser aux enfants. Je n’en reviens pas.

-j’ai trouvé le travail en province, ton enfant va rester ici. J’en ai mare de te courir après. Tu n’as pas d’argent mais on te voit faire la fête dans Libreville tous les jours. Tous les jours ! Je suis fatiguée tu comprends ? Je te laisse l’enfant si tu veux jetes la !

Elle veut partir mais il la retient par le bras d’un air menaçant. Il crie le nom de la petite et lui ordonne de suivre sa mère.

-Princesse tu me suis-je te casse la gueule tu m’entends ? Tu restes avec ton père.

-Princesse ramasse le sac ! hurle le père. Ici c’est chez moi ?

-va la déposer chez tes parents alors. Princesse n’essaie pas de me suivre.

Je suis dépassée par la scène qui se produit devant moi. J’ai surtout de la peine pour la petite qui ne sait pas à qui obéir. Mais qui suis-je pour intervenir ? Finalement la mère réussi à tromper la vigilance du père et court vers la sortie.

-quelle chienne ! Imbécile !

Il ne se gêne même pas de la présence de l’enfant. Il tente de la rattraper mais apparemment c’était déjà trop tard.

-je vais faire comment ?

-tu vas te débrouiller mais tu vas surtout t’en aller de chez moi. Mes enfants rentrent la semaine prochaine et il est hors de que qu’ils te trouvent là.

Le ton de ma voix était des plus ferme. C’est un très bon ami, je l’ai aidé autant que possible, maintenant ça suffit. Il s’en va.

Heureusement je ne suis pas sortie avec lui. Je ne me suis pas arrêtée sur ses beaux airs pour me mettre en couple avec lui. Quelle déception ! Quelle horreur !

Lorsque mes enfants débarquent à la maison, il n’est plus là. Où est-ce qu’il est ? La cadet de mes soucis.

Qu'est-ce que l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant