Chapitre 20

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La rentrée scolaire est prévue pour la semaine prochaine et je suis en train de finaliser tout ce qui est fournitures, chaussures et vêtements. Ça veut aussi dire que les garçons rentrent à la maison à la fin de cette semaine.

Je rentre à la maison chargée et fatiguée. Je devrais me reposer car j'ai prévu reprendre le boulot en même temps que les enfants mais pas évident.

Je dépose les affaires de chacun dans sa chambre en revérifiant les listes. A première vue j'ai les deux tiers de tout ce qui a été demandé.

Quand j'ai fini de tout ranger, je me mets devant la télé avec un bol de purée de manioc avec de l'arachide à l'intérieur (connaisseur connaît). Je ne regarde pas vraiment l'écran, j'ai juste besoin que le bruit qu'il émet me tienne compagnie.

Le portail s'ouvre après deux coups de klaxon, Armand est de retour. Je continue de manger. Il entre et dépose bruyamment son trousseau de clés sur la console d'entrée. Un jour il me la fissurera.

-bonsoir.

-bonsoir Armand.

Il va dans la chambre et moi dans la cuisine laver mon bol et le mettre dans l'égouttoir. J'élimine ensuite toute trace d'eau dans l'évier avant de m'en aller. Armand et moi nous croisons devant la porte de la cuisine où je manque de lui rentrer dedans.

-pardon. Je lui dis tête baissée.

J'évite de le regarder mais les secondes passent et il ne bouge toujours pas. Je lève alors la tête et il me fixe.

-je veux passer Armand.

Il se met sur le côté et je vais dans ma chambre. D'un coup je me sens extrêmement fatiguée. Pas la force de me doucher ni même d'aller me brosser les dents. Une fatigue si soudaine. Même enceinte je n'ai jamais ressenti ça. Je m'allonge sur le dos, les yeux dans mon coude j'essaie de me reprendre quand on frappe à la porte.

-je peux te parler cinq minutes.

Je découvre simplement mes yeux et l'écoute. Il reste debout devant la porte.

-ton attitude ne nous aide pas. Les enfants vont bientôt rentrer, c'est ce que tu veux qu'ils trouvent à leur retour ? Regarde-toi ! Oui tu as porté Pierre-Vivian neuf mois dans ton ventre, tu lui as donné la vie en risquant la tienne, tu as été la première à découvrir son existence. Mais ça ne veut pas dire que tu l'aimais plus que nous, que son départ t'attriste plus que nous. Tu crois être la seule à avoir mal ? Demande à Lilian ce que c'est que de voir la vie quitter le corps de son petit frère. Demande à Amaël qui était tout le temps fourré avec son frère ce qu'il peut bien ressentir actuellement. Demande-moi ce que c'est que d'essayer de maintenir son enfant en vie et d'échouer. Tu sais Kaya combien j'aime mes enfants.

Il ne dit plus rien alors je relève mon torse pour le regarder. Il a les points pliés.

-j'ai toujours été là pour toi, quelque soit la situation tu as toujours pu compter sur moi. Et pour une fois, la seule fois où je te demande de me retourner l'ascenseur où es-tu ?

Je l'invite de la main à venir s'asseoir près de moi. Je n'ai jamais nié leur douleur, je n'ai jamais prétendu avoir plus mal. Je sais que c'est difficile pour nous tous. J'avais juste besoin de faire mon deuil seule.

Il s'assoit sur le lit et moi sur sa cuisse. Je pose sa tête sur mon épaule et l'enveloppe de mes bras. Il me tient par la taille. Et là dans cette chambre, dans cette position, on fait ce qu'on n'a pas fait depuis trois mois : on pleure ensemble la mort de notre enfant. On vide nos cœurs ensemble.

-il m'appelait super papa, j'étais un héros pour lui. Mais je n'ai pas pu le sauver. A peine l'ambulance quittait la maison qu'il rendait l'âme.

Qu'est-ce que l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant