La cérémonie d’inauguration de l’agence a lieu aujourd’hui. Armand et Lilian ont sorti des smokings assortis pour l’occasion. Ça me fait chaud au cœur de voir leur relation, leur complicité. Ça me rassure de savoir que si quelque chose venait à m’arriver, mon fils aurait au moins un père sur qui compter. Armand n’a pas juste adopté Lilian sur les papiers, c’est son fils et il s’implique dans tous les domaines de sa vie. Quitte à me rendre jalouse parce que c’est avec papa qu’on veut faire la majorité des choses. Que Dieu me donne une fille cette fois.
-bébé ! Tu es encore en serviette ?
-j’ai fini mon maquillage et coiffure. Ma tenue est prête, ne me stresse pas s’il te plaît.
Il ressort de la pièce sans répondre. Je suis déjà assez stressée comme ça.
Un tailleur européen blanc est posé sur le lit et à ses pieds, ma paire d’escarpins rouge verni. J’enfile tous mes vêtements à la va-vite puis je cherche les bijoux adéquats.
-je suis prête.
-ouuuuh ! Tu es belle maman.
-merci chéri.
-vous êtes belle Madame moi-même.
-merci mon amour.
On se rend à l’agence dans la voiture d’Armand. L’endroit avait déjà été apprêté la veille, je réceptionne le service traiteur mais évite de trop bouger pour ne pas ruiner mon maquillage.
A 11h tapante je coupe le ruban. Il y a une cinquantaine de personnes. Rien que les parents, frères et belles-sœurs d’Armand, j’ai quatorze invités d’un coup. Avec mes frères et sœurs, on grimpe à vingt. Donc comprenez que j’ai vraiment eu du mal avec ma liste d’invités.
Un petit cocktail s'en suit. Une influenceuse gabonaise est sur place pour faire de la pub. Qui regarde encore les chaînes locales ? La pub est désormais sur les réseaux sociaux. Je discute aussi avec elle un moment et la laisse filmer. C’est vraiment un travail, trouver un scénario logique pour parler d’un projet qui n’est pas le tien… je dis chapeau.
A 16h tous les invités sont partis. Les futurs employés signent leur contrat et reçoivent leurs attestations. Et on se dit à lundi.
Pierre et Milka (le frère aîné d’Armand) qui ne savent plus quoi faire de leur argent nous organisent une fête. Depuis qu’il se sont réconciliés et que leurs enfants sont tous partis, ils organisent des fêtes pour un oui pour un non.
A 23h on rentre chez nous. Sous la douche, on se savonne mutuellement.
-j’espère que tu as passé une belle journée, mais surtout que tu es fière de toi. En tout cas moi je le suis.
Je l’ai remarqué, il ne commence jamais par « je suis fière de toi ». Je pense que c’est sa manière de me rendre émotionnellement indépendante. Le but est de plaire à moi-même.
-merci bébé. Merci pour tout. Je suis la femme la plus heureuse de la terre.
L’eau coule sur nos visages, il me regarde sans répondre.
-j’ai un cadeau pour toi.
-qu’est-ce que c’est ?
-sois patient.
-je suis déjà Armand bébé. Le charmant Armand.
-c’était quoi ça ? j’éclate de rire.
Tout deux sortons de la douche et je lui remets son paquet. Suspicieux, il ouvre en me fixant, ce qui me fait rigoler. Il déplie la grenouillère sur laquelle est écrit « bébé numéro deux ». Son visage se fige, il reste littéralement sans voix.
-je suis enceinte.
Rien, l’homme était déconnecté de la terre.
-Armand ?
-merci. il réussit à dire ému.
Je me mets sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Je laisse tomber mon peignoir lourdement j’ai envie de lui.
J’ai l’impression de vivre un rêve. Il m’arrive souvent de me pincer pour croire que c’est bien réel. Je regarde mon mari dormir près de moi paisiblement. Ma main sur mon ventre je souris.
-combien de mois ?
-je te croyais endormi. je sursaute.
-le jour où tu t’étais enfermée dans la salle de bain ?
-tu es incorrigible. Oui et le test était dans la corbeille de linges, tu l’as même touché.
Il tend son bras et je m’empresse de me blottir contre lui.
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Est-ce que ça a été facile de gérer mes activités et ma grossesse ? Absolument pas. Au point où on a pris une nounou logée. Bébé ne m’a pas embêtée, Dieu merci. Mais la fatigue. Au huitième mois je travaillais de la maison.
Armand a dégusté chaque minute, chaque seconde de cette grossesse. C’était sa première donc comprenez l’homme. Par contre, c’est encore un bonhomme. Un peu déçur mais ce n’est pas comme si je comptais m’arrêter à deux bambins.
Bref, c’est le moment qu’on attend tous depuis neuf mois. Les contractions ont commencé ce matin mais ça va, pas besoin d’appeler le papa pour le moment. Je mange mon plat de feuilles de gombos aux crevettes et poissons fumé. Avec un grand verre de jus de papaye. Quand je finis je rote bien fort. Ce n’est pas de ma faute il faut m’excuser.
Je commence aussi à marcher sur le tapis. Quand Armand rentre je ne lui dis rien, il va juste paniquer pour rien. Je prends une douche juste après une baise torride. Pas le temps d’aller au lit, je me remets sur le tapis.
-les contractions ont commencé n’est-ce pas ?
Je n’ai pas le temps de lui répondre que la poche des eaux se rompt. Et comme je l’avais prédit, il se met à paniquer. Je suis obligée de prendre le contrôle malgré les contractions qui sont de plus en plus fortes.
-Armand mes affaires.
-oui. Les clés ? Où sont les clés ?
-sur la console.
Après milles tours, on quitte la maison pour l’hôpital. Je sens la chose, mais je gère. Je suis obligée sinon le chauffeur peut nous faire arriver à l’hôpital pour une autre raison. On m’attend à l’entrée et je suis immédiatement prise en charge.
-ma chérie tu vas directement aller en salle d’accouchement. m’annonce la sage-femme.
J’ai mal je veux juste en finir. Je suis mise en condition et aussitôt conduite à la salle d’accouchement. Armand est à mes côtés à me raconter je ne sais quoi. Honnêtement sa voix me soule.
-vous êtes prête Madame ? On va commencer. Allez-y, pousser.
Je visualise le bébé dans mes bras pour me donner de la force.
-très bien Madame. Soufflez. On reprend, poussez.
Je donne tout ce que j’ai pour que la douleur cesse.
-c’est super Madame, encore une fois. Poussez.
Je le sens, je sens qu’il est là. Tout comme je sens le coup de ciseaux. Ils auraient pu m’avertir non ?
-si vous poussez bien fort normalement il est là.
Je pousse encore une fois et c’est fini. La douleur n’est plus. La salle est envahie par les cris du bébé. Je suis épuisée mais ce n’est pas fini. Il faut encore expulser le placenta et me faire recoudre.
Bébé numéro deux est née avec 2,8 kilos pour 50cm. Il n’a pas encore de prénom. On cherche toujours.
-Lee, je propose.
-on a fini de donner des prénoms arabes, juifs, européens et américaind, maintenant on leur donne des prénoms asiatiques ? Non.
-je suis fatiguée, trouve le prénom.
-Amaël.
-c’est ce qui est africain ? J’ajoute Wamy.
-marché conclu.
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J’avais oublié, la souffrance de l’eau chaude et le bonheur des massages. La souffrance des nuits blanches et les douleurs de la tété. Mais la joie immense de devenir maman. Par contre, cette fois le père est impliqué. Par exemple je ne devais pas l’habitué au sein parce que papa voulait le privilège de donner le biberon. Certaines nuits il y va sans problème, tout comme le fait de changer les couches n’a jamais été un débat. C’est notre bébé à tous les deux.
Lilian aussi est ravi d’être grand frère même si on a souvent droit à des petites crises de jalousie. C’est pour ça qu’Armand multiple les sorties « entre mecs ». Non Armand n’a pas changé maintenant qu’il a un enfant biologique. Il est le même père pour Lilian et le même mari pour moi.
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Qu'est-ce que l'amour
Non-FictionL'histoire de Kaya et ses tumultueuses relations amoureuses. Kaya qui veut comprendre comment fonctionnent l'amour et les relations amoureuses.