Chapitre 32

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          ***Hearly***

-vous n’êtes qu’à deux dans la maison, la pension de maman disparait et tu as le culot de dire que ce n’est pas toi ? Quel voleur va entrer venir prendre l’argent dans la chambre bien caché et laisser les appareils qui sont au salon ?

J’écoute ma sœur aînée parler d’une oreille. J’ai dit que ce n’est pas moi, elle peut parler en hébreu même si elle veut. Ce n’est pas moi.

Je suis le dernier d’une fratrie de cinq enfants. L’unique garçon. Donc le chouchou de ma mère, la prunelle de ses yeux. Celui qui a tous les pouvoirs, à qui il ne faut jamais rien dire.

Cette famille a eu une heure glorieuse. Beaucoup s’en souviennent encore. Ma sœur aînée était tombée sur le jackpot. Un politicien qui nous a tous mis en haut. Si mes deuxième et troisième sœurs travaillent aujourd’hui et surtout avec un million de salaire de base, c’est grace à lui. A l’époque tout son ministère, du vigile aux Directeurs, tous étaient ses proches.

Comme je le disais, on a eu de l’argent. Vous m’auriez vu à l’époque, comment je m’habillais. J’étais le chouchou de ses dames, l’ami à absolument avoir. Mes grandes sœurs ne me refusaient absolument rien. Pire encore lorsque nous sommes allés vivre chez ma sœur aînée.

A l’époque quand ma mère était au sommet de sa gloire, tout son travail était de jouer la « maman gentille » dans les bars du quartier. Quand elle arrive quelque part, elle offre deux à trois tournées de boissons. Ceux qui buvaient les bières locales en profitaient pour goûter à celles étrangères. Quand sa fille a entendu ça, elle l’a prise avec elle. Et comme j’étais le sac à main de ma mère, je l’ai suivie.

Dans cette maison, j’ai vu tellement d’argent. Je connaissais la combinaison du coffre fort. Mon beau-frère me l’avait donné un soir qu’il était bien ivre. A l’école j’étais la star. Une soirée sans moi était une soirée ratée. Les filles se battaient pour moi. En une soirée je pouvais te dépenser cinq millions sans problème. J’avais des téléphones que même le Président n’avait pas.

Mais la sorcellerie. Ma grande sœur a commencé à se fâcher parce que je volais l’argent de son mari. Argent que lui-même volait au peuple gabonais. Au final nous sommes allés chez ma troisième sœur. Elle au moins ne se mêle pas de la vie des gens. Elle te dit ce qu’elle pense et basta. Tu écoutes c’est bien, tu n’écoutes pas c’est aussi ton problème. Mais quand tu te casses les dents ne l’appelle pas non plus.

J’ai vécu ma jeunesse pleinement. J’ai couché des filles que beaucoup ne peuvent même pas avoir en rêve. Les voitures, j’ai roulé n’importe quel voiture. Je louais une voiture différente chaque vendredi. Les libanais ont bien mangé mon argent.

Puis mon beau-frère a été assassiné. L’année où je passais le bac. On a levé la tête et seules ma première et troisième sœurs avaient investi. L’une avait acheté un immeuble et l’autre un bar. Retour dans la pauvreté. La première devait maintenir son train de vie et celui de ses enfants, elle ne faisait que le minimum pour nous.

Quand j’ai eu le bac, mes sœurs m’ont demandé de rester au Gabon et m’inscrire dans une école supérieure privée. Pourtant à trois (celle avant moi était déjà en France), elles pouvaient me faire sortir du pays, mais le mauvais cœur. Je ne pouvais pas apprendre au Gabon, jamais. Moi le Big Hearly ? Pour les obliger à me faire partir, j’ai décidé de m’asseoir à la maison. Je mettais la pression à maman pour qu’elle parle à ses filles. Elle a parlé, crié, menacé de se suicider, chantage affectif, le cœur noir de ses filles n’a pas flanché. Bien au contraire, la troisième nous a foutus à la porte. C’est ainsi que je me suis arrêté au bac. Mais si ma deuxième est cadre supérieur avec un niveau Première, alors moi aussi je peux le faire.

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